Le tandem Valls-Macron peut-il finir de convertir les Français au libéralisme ?<!-- --> | Atlantico.fr
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Emmanuel Macron et Manuel Valls.
Emmanuel Macron et Manuel Valls.
©REUTERS/Christian Hartmann

Les entrepreneurs parlent aux Français

Retour définitif des USA. Atterrissage en France. Un son libéral retentit sur le pays. Les Français se mettront-ils aux abris ou comprendront-ils enfin ?

Denis Jacquet

Denis Jacquet

Denis Jacquet est fondateur du Day One Movement. Il a publié Covid: le début de la peur, la fin d'une démocratie aux éditions Eyrolles.  

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Pour un déprimé des USA, qui pensait que le prozac deviendrait son meilleur ami face au désastre français, le retour à Paris a finalement été adouci de façon imprévue. Presque euphorisant ! L’homéopathie politique.

Au moment où je débarquais de mon avion, Montebourg était débarqué de l’avion gouvernemental et reconduit à la frontière. A La Rochelle plus exactement, où l’on entasse les émigrés de la gauche et leurs divers courants, souvent antagonistes, le temps d’un week-end de "réflexion". C’est amusant car j’ignorais que les partis français pensaient encore. A droite comme à gauche. Ils ont pour moi, depuis longtemps, perdu l’usage des 2 lobes ! Lobotomisés car préfèrent être "électoralisés". Mais admettons. En tous cas, La Rochelle, compte, pour une fois, plus d’élus que de vélos en libre service. Pourtant les vélos se révèlent souvent plus utiles au citoyen que tous ces concours de plumage et ramage.

Toujours est-il que je constate un fait non contestable. Le mercredi, il pleuvait et faisait froid. Une fois Macron nommé et Valls pressenti futur patron du Medef ( J ), depuis Jouy-en-Josas, le temps est redevenu clément et les prévisions optimistes. Le libéralisme serait-il la clé de notre été indien ? La garantie d’une économie à plumes ?!

Analyse d’une fin d’été de tous les dangers. Celui des méduses politiques, qui nous piquent et nous entraînent vers le fonds. Chronique d’une France qui pourrait peut être se remettre à espérer. Non au profit des "patrons", comme l’assènent les frondeurs, mais au profit de la France.

Premier constat. Le patron c’est Valls. Qui va jouer son "Valls tout". Face à un président sympathique, sincèrement, mais totalement incapable de décision, donnant toujours la sensation d’être mal à l’aise dans ce costume qui n’avait pas été taillé pour lui, adepte du non cap, taxé de mollesse malgré des capacités tactiques, Valls joue "the Boss", le John Wayne de gauche, qui tire si la cible le nécessite, qui décide, qui fixe les règles, communique le sourcil baissé, auréolé de son passage sarkoziesque à l’Intérieur. Il attaque au lieu d’esquiver, il tranche là où le flou régnait, il cherche la bonne mesure plutôt que le bon mot et fait du pragmatisme sa seule idéologie. Il ne cherche pas d’amis mais des résultats, car il sait que seul les chiffres parlent et peuvent convaincre. Et ainsi bâtir le socle d’un piédestal qu’il pourra enfourcher en 2022. Ou…avant !

Second constat. Il étend son territoire sur celui de la droite. Copé avait joué les répétitions de leurs futures joutes présidentielles, ou ce qu’il pensait que seraient leurs futures joutes, puisque son futur se joue au passé, désormais. Mal lui en a pris. Valls peut non seulement séduire une France de la gauche, la plus modérée. Mais aussi le centre et la droite modérée. Ce qui fait de lui le seul à occuper le terrain au centre. Un centre qui par ailleurs se désagrège sous les querelles de personnes. Mais comme il était pluriel et morcelé, ce ne sont que quelques pièces de puzzle qui vont finalement rejoindre leur boîte, pour finir sous le sapin de Manuel Valls. Et devant le désert des projets à l’UMP et la course à l’échalote entre vielles gloires qui y croient encore (qui voudrait, à l’heure du numérique, un président qui aurait près de 80 ans en 2022, en fin de mandat ??), les anciens Premiers ministres qui n’ont rien fait de ce qu’ils promettent maintenant de faire, en 5 ans de mandat, il a un boulevard devant lui. Et il l’attaque d’un pas ferme.

Troisième constat. Le libéralisme fait son chemin. Pas n’importe lequel. Le vrai libéralisme. Celui qui redonne confiance, parce qu’il réintroduit la valeur du contrat entre les individus, considérés comme responsables. Dignes de confiance. Celui qui permet le dialogue direct entre les acteurs de la société et non son kidnapping par de multiples corps intermédiaires pour qui l’intermédiation est un simple prétexte à étendre leur pouvoir et justifier leur rente administrative. Celui permet la souplesse nécessaire à tous pour s’adapter aux turbulences de l’économie. Mais social, pour ne pas, jamais, aboutir à la mort des plus faibles et des plus démunis. Un libéralisme qui respecte notre pacte républicain, mais redonne à chaque Français l’envie d’être un acteur et non plus une victime passive de ceux à qui il a, bien imprudemment, abandonné le pouvoir, depuis 40 ans, avec le résultat catastrophique que l’on connaît aujourd’hui. Endettant des générations futures pour le paiement de ses impérities constantes depuis ces mêmes 40 années.

Valls a touché juste. A La Rochelle il leur crie, avec force, que de défendre les entreprises ce n’est pas jouer le père noël pour les patrons mais s’assurer qu’elles puissent reprendre le chemin de l’investissement, de l’embauche, de la croissance. Cette croissance qui garantit la reprise de l’emploi, qui reste le rêve quotidien, de presque 4M de Français au chômage. Comment les frondeurs pourraient ils expliquer aux français qu’il faut punir les entreprises et taxer les entrepreneurs à un moment où ils sont la clé de la réussite du pays ? Tuer la seule poule dont les œufs sont attendus de chacun, pour un petit déjeuner enfin offert à tous ?

Il leur explique que parler aux entreprises, comprendre leurs besoins, créer un climat de confiance, promettre la stabilité, les efforts réciproques, ce n’est pas céder au diable, mais permettre aux PME de notre pays, dirigées par des entrepreneurs dont les revenus sont proches ou identiques à ceux de tous les citoyens français (moins de 4000 euros par mois en moyenne), de savoir que le gouvernement, le pays, est derrière eux et que tout sera fait pour que leur réussite soit celle de tous les Français. Quelle honte y aurait-il à communiquer avec ces hommes et femmes, qui ont tout misé pour créer leur entreprise, et rêvent eux aussi de réussir, en y entraînant leurs salariés dans leur sillage ? A aider, ceux qui pour l’immense majorité, on créé et non hérité.

Alors d’où vient ce schisme. Comment pouvons-nous encore dans ce pays, avoir des personnes, entendues au 20H, qui estiment qu’aller aux universités du Medef revient à se vendre aux Jihadistes, à l’enfer, aux malfaisants. Cela devrait nous interpeller. Et que veulent ces frondeurs ?

Tout d’abord la réaction au fait de s’exprimer clairement, de façon libérale, à des "patrons" révèlent la déchéance du dialogue social à la française. Nous avons fait des Français des "hommes de camp". De clichés. Qui refusent le dialogue pour lui préférer l’affrontement. Qui refusent la connaissance de l’autre pour préférer l’ignorance destructrice. Nous avons clivé la société, lui avons fourni gratuitement un langage de haine convenue, c’est pourquoi la plupart récitent leur haine d’un ennemi, qu’au final, de chaque côté, ils ne connaissent pas. Dans cette série de clichés, l’image du Medef est finalement celle qu’elle mérite. Moins avec Pierre Gattaz à sa tête heureusement, car voilà enfin un homme du patronat qui aime les PME. Et les connaît. Mais la structure, elle, ne suit que rarement.

Mais syndicats salariés et patronaux, dans leur schéma actuel, demeurent la plus grande plaie de la France, le pire ennemi de notre rebond. Leur incapacité à innover et se réformer, la lourdeur de leur structure, est aussi dramatique que celle de l’administration française. A l’heure où tout le monde fustige la rente pour privilégier l’investissement et la concurrence, ils se complaisent dans un flot financier gagné sans mérite au détriment des entreprises, qu’elles détroussent sans y trouver aucune contrepartie.

Le Medef est constitué par des PME mais contrôlé par les grandes fédérations et donc les grands groupes. La cause est entendue. Pour les Français, le Medef, c’est la complainte de survie des grands patrons, de ceux qui méritent moins qu’ils ne reçoivent et dialoguer avec eux ou leur faire des concessions, c’est privilégier la rente sur le travail. Le fort face au faible.

La solution est simple. Supprimons les acteurs actuels du dialogue social, donnons la parole directement, et une partie du pouvoir, aux salariés des entreprises, sans ces intermédiaires devenus nuisibles, et la défiance entre les entreprises et leurs collaborateurs se transformera en discussion constructive. Tant que ce ne sera pas fait, ces Français du PS, de gauche, sans parler des fanfarons de l’extrême gauche, qui rêvent d’une France transformée en Cuba sans le soleil, considèrerons les entreprises comme l’ennemi.

Pour le reste, les Frondeurs sont de gentils rêveurs. Il en faut. Cela anime le débat. Amuse la galerie. Au fonds les Frondeurs reprochent au président de ne pas tenir ses promesses de gauche. Quelle naïveté ! Des spécialistes du mensonge qui reprochent à leur numéro 1 de pratiquer le même exercice de démagogie, qui leur vaut leur réélection tous les 5 ans ! On croit rêver.

Mais le plus déprimant, c’est de constater que ce n’est pas tant une critique de l’efficacité potentielle de la politique de Valls qui leur pose un problème. Ils semblent s’en moquer. Ce qu’ils aimeraient c’est "faire comme on a dit". Même si cela ne marche pas. Selon eux, on s’est fait élire en niant la crise, ses effets, en promettant de réduire la finance au sol, en enrichissant les pauvres au détriment des riches, en ne touchant à rien, notamment sur les retraites, le chômage, la dette publique et le social sous toutes ses formes. Et on ne le fait pas. Pourtant le mandat a ainsi commencé. Taxe tout azimut, retraite maintenue, pénibilité, encadrement des loyers, déficits publiques maintenus, augmentation constante des dépenses des collectivités territoriales et un robin des bois fondant, sur son cheval rose, ou rouge, sur chaque industrie menaçant de fermer. Cela n’a aboutit qu’à faire de la France, la seule des 5 puissances mondiales à être privée de croissance ! Pas grave disent-ils, même si cela achève de tuer le pays, le principal c’est de donner aux rêveurs ce à quoi ils ont cru. Et terminer de tuer l’économie afin de garantir l’application de mesures catastrophiques. Donc leur cabale n’est pas dramatique. Si Valls réussit, alors chacun aura l’occasion de se poser les bonnes questions et d’en tirer les bonnes conclusions. La meilleure étant qu’il n’y a pas une politique de droite ou de gauche.

La réussite d’une entreprise, ce n’est pas de la politique. C’est de l’économie. Le travail est le plus beau trésor à offrir aux Français. Ils pourront ainsi le réaliser et comprendre que la réussite de l’entreprise est aussi la leur. Pour cela il faudra aussi que les salariés puissent bénéficier plus largement de la réussite de leurs entreprises. Il y a des solutions. Elles sont nombreuses et sont la condition d’un dialogue direct, d’un rassemblement, d’une convergence d’intérêt, du dialogue et au final, d’une pacification des rapports que les Français, étouffés par une chape corporatiste qui les divise pour mieux les faire perdre, attendent sans le savoir. Comme les frondeurs et leurs soutiens. "Pardonnons-leurs, ils ne savent pas ce qu’ils font". Cette phrase me rappelle quelque-chose ?

Je souhaite que Manuel Valls réussisse. Chaque Français devrait le souhaiter. Il semble y avoir un pilote dans l’avion, et rappelez vous que nous sommes dedans. Il faut mettre toute croyance politique dehors et souhaiter qu’il gagne. Car alors la France gagnera. C’est cela la vision politique de la société civile. Elle ne se complait pas dans la critique, qui tient de programme à l’opposition, quelle qu’elle soit, et ne se réjouit pas de l’échec de l’ennemi. Cette politique qui espère l’échec de l’autre, car il assure la victoire et la reprise du pouvoir, assure également la perte de la France. C’est à nous de montrer l’exemple.

Nous devons soutenir les bons choix, sans nous préoccuper de qui les fait. En matière politique il y a des camps, des ennemis. Pour la France et ses entreprises, il n’y a que le réalisme qui compte et un seul camp. Celui de la réussite. Sans elle, la société toute entière continuera à sombrer. Et le malheur, lui non plus n’a pas de couleur politique. Seulement l’amertume du gâchis annoncé.

Alors, Monsieur le Premier ministre, foncez. Nous suivrons. Si vous nous écoutez. Si vous écoutez, non pas les partenaires habituels, mais tous ceux qui souhaitent, sans calcul, la réussite de ce pays. Venez nous voir. Nous sommes plus de 3 millions et avons tous un KBIS, une adresse, un numéro de téléphone et de belles associations qui nous représentent, si vous n’avez pas le temps de tous nous voir. Faites nous signe, vous serez surpris de l’écho que vous y trouverez. Les paroles sont bonnes, nous vous aiderons à y mettre le contenu et les actions. Car les mots ne sont que le terreau. Mais un terreau indispensable. Mais seule l’action compte. Le chrono est lancé !

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