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Le risque de récession mondiale va faire beaucoup de perdants. Mais la crise va aussi faire des gagnants
©ludovic MARIN / AFP / POOL

Atlantico Business

Si l’épidémie du coronavirus a contaminé le système économique mondial, le blocage général des transports et des productions a ouvert la porte à quelques activités qui trouvent dans la crise une opportunité de développement. La crise fait beaucoup de perdants, mais elle fait aussi quelques gagnants.

Aude Kersulec

Aude Kersulec

Aude Kersulec est diplômée de l' ESSEC, spécialiste de la banque et des questions monétaires. Elle est chroniqueuse économique sur BFMTV Business.

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Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre a été en charge de l'information économique sur TF1 et LCI jusqu'en 2010 puis sur i>TÉLÉ.

Aujourd'hui éditorialiste sur Atlantico.fr, il présente également une émission sur la chaîne BFM Business.

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La crise sanitaire a déjà fait beaucoup de perdants. En paralysant des populations entières pour freiner la propagation du virus, on a stoppé la plupart des appareils de production. La totalité du secteur des transports aériens et longue distance, le tourisme, l’hôtellerie, le luxe… La locomotive chinoise est complètement à l'arrêt mais au-delà la plupart des productions industrielles sont handicapées par la défaillance des fournisseurs délocalisés ou des sous-traitants non approvisionnés. Bref, ce qui casse la croissance c’est que la structure d’offre est à l’arrêt ou presque. Mais du côté de la demande de consommation, les perspectives ne sont pas beaucoup meilleures. Quant aux projets d’investissement, ils sont tous ou presque reportés ou annulés.

Il y a donc beaucoup de perdants, à commencer par les malades ou ceux qui ont été contaminés, mais il y a aussi quelques gagnants. Ne parlons pas de ceux qui profitent du malheur des autres. Des spéculateurs qui s’enrichissent sur la rareté artificielle de biens indispensables. Il y a toujours eu en période de guerre ou de crise mondiale, des profiteurs sans foi, ni loi. Ils ont passé la frontière de la morale et pour beaucoup, celle de la légalité. Mais en dehors de ces cas extrêmes, « La crise rend intelligent » dit-on. Le mot crise en Chinois s’écrit opportunité. Ça veut dire que cette crise a ouvert la porte à des activités qui étaient marginales ou en sommeil. C’est pour se rassurer mais c’est aussi par pragmatisme que certains plans B peuvent constituer des solutions innovantes.

1er point : l’explosion du télétravail. La nécessité du confinement et la difficulté de se déplacer a développé de fait tout le travail à distance. Le secteur « online » peut compenser la paralysie de l’offline. Les réunions et les prises de décisions peuvent continuer. Certaines activités ont trouvé dans le digital des voies de secours pour maintenir les flux d’échange. Donc les conditions de travail vont évidemment évoluer.

2e point : le confinement va changer les modes de consommation, et surtout d’approvisionnement. On l’avait déjà perçu au moment des grèves quand les besoins de mobilité urbaine ont été perturbés par la fermeture des transports en commun. Cela a permis l’essor du vélo ou de la trottinette.

Avec le coronavirus, on confine les populations ou au mieux, on évite qu’elles se rencontrent et qu’elles se mélangent. Ce qui change certaines habitudes.

Malgré les mesures de confinement, il faut bien continuer à se nourrir.  Il va donc falloir se faire livrer. C’était déjà courant avant l’épidémie, mais dorénavant l’achat en ligne de nourriture va s’étendre aux produits frais. Les grandes surfaces sont en train de s’équiper pour répondre à cette nouvelle demande.

Pendant l’épidémie, des entreprises chinoises ont même testé leurs robots-livreurs dans les rues de Shanghai. En 2003 déjà, lors de la crise de l’épidémie du SRAS qui avait paralysé une partie d’Asie du Sud-Est, la plateforme de vente en ligne Taobao créé par Jack Ma le fondateur d’Alibaba avait initié les chinois au shopping en ligne. Cette habitude s’était à ce moment-là ancrée dans la vie quotidienne.

3e point. L’éducation en ligne et toutes les plateformes qui proposent de suivre des cours à distance.  Il faut évidemment offrir un service pour compenser les fermetures d’école. En Italie comme ailleurs. Difficile pour les parents et les enfants d’imaginer se couper du programme scolaire en pleine année aussi longtemps. Il sera peut-être difficile de réunir des centaines d’enfants en même temps derrière des webcams, mais il y a des applications à contenu pédagogique qui vont forcément naître de ce désagrément.

En Chine, l’école est au cœur de la vie des enfants et les Chinois sont en train de se rendre compte qu’avec l’éducation en ligne, ils peuvent même économiser le temps de déplacement et que ce temps peut être réutilisé pour apprendre.

Ce sera le même raisonnement pour les logiciels de travail à domicile qui vont faire émerger un nouveau modèle de « bureau en ligne ».

4e point. La gravité de l’épidémie va obliger la médecine à modifier son mode de travail. Les services hospitaliers étant au bord de la saturation, il va falloir réveiller la médecine de ville en développant la consultation à distance. La jeune licorne française Doctolib qui a déjà révolutionné les prises de rendez-vous et la gestion administrative des médecins libéraux, va bénéficier d’un coup de fouet et engranger moult abonnements en offrant à tous les médecins de France l’usage d’un service de téléconsultation. Doctolib a commencé l’installation des logiciels et la formation des médecins et les patients seront remboursés de la téléconsultation comme une consultation ordinaire chez le médecin.

Les applications pour diagnostiquer et gérer l’état de santé vont se généraliser. Sans tomber dans l’excès chinois qui géolocalise les personnes infectées, le smartphone va devenir un outil de prévention, qui indique les bonnes pratiques et permet un suivi des principaux indicateurs de santé.

5e point : Cette crise mondiale va aussi engendrer des mutations structurelles qui développeront de nouvelles activités . En dehors des applications digitales, il est évident que beaucoup de secteurs traditionnels peuvent trouver dans la crise des leviers de croissance. Le monde entier, par exemple, a vu les images de centaines de tracteurs s’activer jour et nuit pour construire deux hôpitaux de 1000 lits dans la région de Wuhan. La Chine n’a certes pas brillé par ses conditions sanitaires, mais là, c’est le secteur de la construction qui va en profiter. Les entreprises chinoises ont respecté des délais très courts, ce qui peut à l’avenir inspirer les donneurs d’ordre au niveau mondial qui pourront faire appel à l’avenir à ces entreprises chinoises, capables d’agir en délais serrés.

Cela dit cette crise sanitaire a aussi révélé au monde entier que les pays émergents avaient un effort considérable à consentir pour améliorer les conditions d’hygiène et de santé. Seul moyen d’empêcher l’émergence de nouveaux virus. Ça passera par le développement de système de traitement et d’assainissement des eaux.

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