Le PS face au cas Thévenoud : ces questions pourtant simples auxquelles le parti ne veut pas répondre <!-- --> | Atlantico.fr
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De nombreuses questions restent sans réponse au Parti Socialiste.
De nombreuses questions restent sans réponse au Parti Socialiste.
©Pixabay.com

Éditorial

Faut-il que l'éphémère secrétaire d’Etat au Commerce extérieur, et contribuable intermittent, Thomas Thévenoud démissionne de son mandat de député ? Les réponses des socialistes démontrent une imagination sémantique débordante.

Pierre Guyot

Pierre Guyot

Pierre Guyot est journaliste, producteur et réalisateur de documentaires. Il est l’un des fondateurs et actionnaires d’Atlantico.

 

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Au Parti Socialiste, il y a questions et questions.

Les premières sont shakespeariennes et méritent donc que militants et camarades s’y attardent. Etre ou ne pas être social-libéral, voilà une réflexion qui vaut bien d’y consacrer tout un week-end d’Université d’été. C’était à La Rochelle, il y a une dizaine de jours.

Peu importe qu’on vienne alors d’apprendre que le nombre de chômeurs a encore explosé avec un bond de plus de 26.000 demandeurs d’emploi supplémentaires en juillet, l’important est de s’interroger sur la capacité de Manuel Valls d’être soluble dans le Parti socialiste (ou l’inverse…). Quelle idée saugrenue de s’intéresser à la façon dont le gouvernement pourrait bien financer ce satané budget 2015 qui s’annonce cauchemardesque à boucler, alors qu’il est tellement plus important de savoir si le nouveau ministre de l’Economie Emmanuel Macron est digne d’appartenir à la grande famille de la rue de Solférino !

Les secondes questions sont beaucoup plus terre à terre. Il est donc beaucoup moins urgent d’y répondre. Faut-il par exemple que Thomas Thévenoud, très éphémère secrétaire d’Etat au Commerce extérieur, ancien membre de la commission parlementaire sur l’affaire Cahuzac et grand pourfendeur de la fraude fiscale, démissionne de son mandat de député maintenant qu’il a avoué n’avoir pas ou mal déclaré ses revenus pendant plusieurs années d’affilée ?

Ils ne sont pas nombreux au PS à se prononcer clairement. De la braderie de Lille, Martine Aubry a rapidement affirmé que oui, si fort et si vite qu’il est difficile de savoir laquelle des motivations était la plus forte entre une aspiration irrépressible à un peu de morale en cette période de turpitudes politiques et le réflexe instinctif de donner un coup de griffe au chef du gouvernement au sein duquel elle ne siège pas. Le président de l’Assemblée nationale, Claude Bartolone, a pour sa part donné une leçon d’ambiguïté sémantique en expliquant que Thomas Thévenoud "saura prendre une décision qui à la fois le protège lui, mais nous protège collectivement". La formule est idéale pour ne froisser définitivement personne : partisans comme opposants à la démission de Thévenoud sont susceptibles d’y retrouver leurs petits.

Quant à Bruno Le Roux, ce dernier explique qu’il n’a rien à dire sur le sujet. Aucun commentaire, le président du groupe socialiste à l’Assemblée, quand il s’agit de la légitimité d’un député du Parti (enfin, du Parti jusqu’à hier soir…) et de la crédibilité de l’ensemble de la classe parlementaire ? Ce silence embarrassé s’explique par l’importance stratégique du siège de Thomas Thévenoud quand la majorité absolue du PS dans l’hémicycle n’est que d’une voix et qu’il n’y a guère de chance pour la gauche de conserver sa circonscription en cas de législative partielle.

C’est la seule lueur d’espoir dans cette affaire : le Parti socialiste nous prouve ici qu’il parvient encore de temps en temps à être pragmatique.

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