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Le prix de l’or se réveille et les épargnants redécouvrent sa vertu de valeur refuge pour se protéger de « la folie des peuples »
©Reuters

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L’or a pratiquement regagné 10 % de valeur en un mois, au plus haut depuis 4 ans. A presque 1400 $ dollars l‘once, c’est son prix le plus haut depuis le début de l’année. L'or profite des incertitudes sur la croissance, la guerre commerciale et le durcissement des rapports de force internationaux.

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre a été en charge de l'information économique sur TF1 et LCI jusqu'en 2010 puis sur i>TÉLÉ.

Aujourd'hui éditorialiste sur Atlantico.fr, il présente également une émission sur la chaîne BFM Business.

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L’or, que l’on pensait reléguer définitivement au rang de « relique barbare » tout juste bonne à fabriquer des bijoux, est redevenue depuis le début de cette année une valeur refuge. Une valeur recherchée par les épargnants et les spéculateurs pour se couvrir des aléas de la vie. Le prix de l’or est donc resté un marqueur très fiable de l’inquiétude mondiale. Donc si le prix augmente, c’est que la peur s’accroit.

Concrètement, l’once d’or vaut désormais 1346 dollars l‘once, soit 1234 euros. Une once d’or représente 31,104 grammes. A noter pour information qu’en France, il faut ajouter la TMP, Taxe sur les Métaux Précieux, dont le taux s'élève à 11,0 % et la RDS, la contribution à la Réduction de la Dette Sociale, dont le taux est fixé à 0,5 %.

Toujours pour informations pratiques, le commerce de l'or a su, depuis la nuit des temps, s’adapter à toutes les bourses. En France, on peut en acheter principalement en:

-Lingot de 1KG pour 38 270 euros, le Lingotin de 500 grammes à 19 700 euros (et même en petit lingot de 250g à 9 860 euros);

-Napoléon, pièce de 20 francs qu'on appelle aussi le Louis d’or, est sans doute la forme la plus populaire, à 224 euros.

Au delà, on trouve aussi des Croix suisses, des souverains, des pièces de 10, 20, 30, ou 50 dollars or, et même des demi-Napoléon. Bref, les marchands d’or n’ont pas attendu les techniques de marketing moderne pour répondre à la demande.

Cette demande est historique. Depuis l’Antiquité, les hommes (et les femmes) ont toujours couru après le métal jaune, monnaie d’échange respectée et recherchée par tout le monde, monnaie qui sert aussi à accumuler la richesse, à payer des soldats, et à acheter les signes et les armes du pouvoir.

Pendant tout le 20ème siècle, l’or a été utilisé pour se protéger des variations monétaires et de l’inflation. Particulièrement depuis que les Etats-Unis ont abandonné la convertibilité du dollar en or. Le 15 aout 1971, le président américain Richard Nixon annonce que les Etats- unis cessent de soutenir la parité fixe entre le dollar et l’or. Il ouvre alors la porte à la variation monétaire et à l’inflation comme moyen d’ajustement des fluctuations du commerce international. Le change flottant va ouvrir la voie à la spéculation et l’or va devenir le refuge le plus sûr contre les fluctuations monétaires.

A la fin du 20ème siècle, quand le monde entier se convertit au système de l’économie de marché, quand les pays émergents arrivent dans le jeu de la mondialisation, l’inflation ne va pas disparaître certes, mais va sortir du champ des monnaies. Le prix de l’or va cesser de monter et du coup perdre le soutien des spéculateurs. Au même moment, la plupart des banques centrales cèdent une grande partie de leurs réserves en or. Les garanties monétaires sont ailleurs que dans les coffre-forts.

Le marché de l‘or est principalement animé par la demande industrielle, la bijouterie et l’industrie électronique. Ce qui assure une évolution des prix très régulée et principalement indexée sur la croissance mondiale.

Depuis presque un an, maintenant, le prix de l’or bouge à nouveau davantage avec des poussées de fièvre assez violentes comme celles que vous vivons actuellement.

Pour tous les spécialistes, la raison est évidente, le marché de l’or est directement impacté par les incertitudes qui pèsent sur la croissance mondiale, par l’agitation des marchés financiers et par les craintes des investisseurs.

Les indicateurs internationaux de l’activité piquent du nez, quand le FMI, l’ OCDE, et même le groupe des pays du G20 tirent les sonnettes d’alarme, les vendeurs d’or se frottent les mains. C’est ce qui se passe depuis deux mois.

Donald Trump a beau expliquer que la nouvelle règle du jeu qu’il veut imposer au commerce international n‘aura pas d’effet sur la croissance, personne ne le croit et tout le monde commence à se mettre aux abris.

En fait, les spécialistes de l’or observent avec attention la conjonction entre deux phénomènes.

Le premier, c’est le risque sur la croissance lié aux mesures protectionnistes ;

Le second, c’est l’effort consenti par les banques centrales pour continuer à inonder les pays occidentaux afin d’échapper aux défauts de liquidité. D’où les taux d’intérêt extrêmement bas et durablement bas.

A la question de savoir combien de temps les économies occidentales vont pouvoir tenir en équilibre avec des afflux de monnaie aussi importants, personne n’a véritablement de réponse.

En attendant, ça marche, mais comme les conditions ne correspondent pas aux logiques,  tout le monde s’attend à ce que ça craque un jour prochain. Un peu comme en 2008 avec la crise des subprimes. Mais en 2008, les banques centrales ont su fabriquer de la monnaie pour amortir le choc. Demain, les banques centrales ne pourront plus le faire, sauf à distribuer des liquidités qui n’auront plus aucune valeur.

C’est dans cet univers où tous les acteurs craignent que la monnaie soit complètement dépréciée, qu’ils peuvent se ruer sur l‘or qui reste encore la seule valeur refuge qui a traversé toutes les tempêtes et toutes les guerres de l’histoire.

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