Le plan de l'Iran pour se passer d'Internet d'ici l'année prochaine<!-- --> | Atlantico.fr
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L'Iran devrait couper Internet d'ici 2013, dans dix-huit mois exactement, pour le remplacer par un système intranet.
L'Iran devrait couper Internet d'ici 2013, dans dix-huit mois exactement, pour le remplacer par un système intranet.
©Reuters

Pare-feu

Le ministre iranien des Télécommunications a annoncé que l'Iran allait se doter d'un système intranet, pour se protéger des cyber-attaques, mais aussi museler les dissidents.

La fin d'Internet en Iran ? C'est en tout cas ce vers quoi se dirige le pays. Début août, le ministre iranien des Télécommunications Reza Taghipour explique lors d'une conférence donnée à l'Université Amir Kabir à Téhéran que l'Iran devrait couper Internet d'ici 2013, dans dix-huit mois exactement, pour le remplacer par un "réseau national d'information", un système intranet. Premiers pas : que tous les ministères et les corps de l'Etat soient offline dès septembre 2012. Le reste suivra.

L'objectif assumé est de se protéger des cyber-attaques. "La mise en place du réseau national de renseignement permettra de créer une situation dans laquelle les précieux renseignements du pays ne seront plus accessibles à ces une ou deux puissances" qui contrôlent l'Internet mondial.

En ligne de mire du ministre iranien : les Etats-Unis et Israël. Avant d'être fuité sur Internet et d'apparaître dans les systèmes informatiques de plusieurs autres pays, un virus, surnommé Stuxnet par les spécialistes, avait infecté l'usine d'uranium iranienne de Natanz dès 2010. Or ce virus a été identifié comme un élément du programme secret "Olympic Games" impulsé par le prédécesseur du Président américain Barack Obama. Et le monde de découvrir alors que les Etats-Unis et Israël ont développé ensemble un ver informatique pour s'attaquer à des systèmes iraniens.

Des programmateurs de l'agence de sécurité nationale américaine ont en effet collaboré avec une unité spéciale de guerre électronique de Tsahal pour mettre au point Stuxnet, un virus décrit comme une cyber arme censée détruire une cible industrielle déterminée. Le fait que Stuxnet soit une réussite – le virus ayant provoqué l'autodestruction d'un cinquième des centrifugeuses iranienne, entraînant donc un retard compris entre 18 et 24 mois pour le programme d'enrichissement d'uranium – explique que l'Iran veuille se protéger des cyber-attaques.

Mais en partie seulement. En se dotant d'un intranet, la république islamique cherche également à rendre plus facile le contrôle des dissidents à l'intérieur du pays. Ces derniers ne pourront en effet plus se servir d'Internet pour dénoncer les agissements du gouvernement, et seront forcés de passer par ce réseau fermé contrôlé par l'Etat pour communiquer avec le monde extérieur. Et voilà comment on bâillonne l'opposition...

Reza Taghipour ne s'est d'ailleurs pas caché de ces objectifs. Cité par l'agence iranienne FARS, il a en effet expliqué que l'Internet était un réseau sur lequel on ne pouvait se fier, et plus particulièrement en temps de crise, se référant très probablement au rôle des réseaux sociaux lors du printemps arabe. En 2009, l'Iran avait coupé l'accès à Facebook dans le pays, suite au rôle qu'avait joué le site fondé par Mark Zuckerberg dans les manifestations lors de l'élection présidentielle.

Mais se débarrasser d'Internet pourrait s'avérer plus compliqué que prévu. Le système intranet envisagé ressemble à une version du pare-feu mis en place par la Chine, avec toutefois moins de points de pénétration. Le problème pour le gouvernement iranien est que les réseaux intranet ne sont pas des barrières hermétiques et peuvent être piratés, en particuliers si les "cyber-guerriers" se trouvent à l'intérieur du pays.

Un spécialiste iranien de la cyber-sécurité interviewé par The Telegraph, Nima Rashedan, affirme par ailleurs que le réseau domestique envisagé par l'Iran ne sera probablement pas efficace. "En ce qui concerne la cyber-sécurité, l'Iran est l'un des pays les moins avancés que je connais. En raison des dysfonctionnements du gouvernement, je ne pense pas qu'ils seront capable de mettre au point le réseau intranet qu'ils souhaitent" a-t-il ainsi déclaré.

Mais l'Iran pourrait s'inspirer de la Corée du Nord qui a lancé dès 2000 son propre système intranet, baptisé Kwangmyong, qui n'autorise qu'une poignée d'individus à utiliser Internet.

Si l'Iran a déjà commencé à bloquer les sites qui utilisent la sécurité SSL et a interdit l'usage de Gmail, le leader suprême iranien Ali Khamenei a déjà publié plusieurs photos sur son compte Twitter via Instagram. Il y en a un à qui Internet risque de manquer...

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