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Le plan de Nicolas Sarkozy pour reprendre la main chez les Républicains face à une déferlante de mauvais sondages
©Reuters

Sous cape

Le président des Républicains recevra aujourd'hui ses nouveaux adhérents et prononcera son premier discours de l'année après une longue trêve. Fin janvier, à l'issue des élections internes, il recommencera les déplacements en vue de sa déclaration de candidature en septembre.

Christelle Bertrand

Christelle Bertrand

Christelle Bertrand, journaliste politique à Atlantico, suit la vie politique française depuis 1999 pour le quotidien France-Soir, puis pour le magazine VSD, participant à de nombreux déplacements avec Nicolas Sarkozy, Alain Juppé, François Hollande, François Bayrou ou encore Ségolène Royal.

Son dernier livre, Chronique d'une revanche annoncéeraconte de quelle manière Nicolas Sarkozy prépare son retour depuis 2012 (Editions Du Moment, 2014).

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A ceux qui le croyait muet pas obligation, étouffé par le pas de deux de François Hollande et Alain Juppé autour de la déchéance de nationalité, Nicolas Sarkozy a répondu dans son message du 24 décembre d'un ton amusé: "Noël, c'est l'occasion de se ressourcer, c'est un moment plus calme, on peut réfléchir". Nicolas Sarkozy choisit de se taire et c'est en soit un évènement. L'ombre a longtemps été une douleur pour l'ancien président hyperactif, une petite mort, affirmait-il même dans l'un de ses ouvrages. Une telle violence qu'entre 2012 et 2015, alors qu'il était soi-disant retiré de la vie politique, il n'a pu s'empêcher quelques surgissements. Sa traversée du désert a été parsemée de communiqués rageurs, de petites phrases assassines, de photos pas vraiment volées. Surtout ne pas se faire oublier, garder le contact. Mais cette fois, depuis les régionales, rien ou presque. Alors qu'Alain Juppé saturait les ondes, que Bruno Le Maire et François Fillon tentaient, tant bien que mal, d'exister, le président des Républicains restait coi et c'était un choix. Il le jure.  "Noël puis les commémorations imposaient une forme de retenue, explique un intime qui ajoute: c'était une séquence très lourde, les gens n'avaient pas envie d'entendre parler de politique politicienne ou même de politique".

De la retenue donc et aussi un peu de stratégie car évidement, Nicolas Sarkozy n'a guère aimé l'idée d'avoir dû donner raison à François Hollande sur la déchéance de nationalité, c'est pourtant ce qu'il a été contraint de faire car, a-t-il expliqué: "Voter la déchéance c'est mettre le bordel à gauche ; ne pas la voter c'est mettre le bordel à droite". Donner raison donc, puisque il le faut, mais en silence, par voie de communiqué. Rien de plus. Même s'il se réjouit intérieurement, "est-ce que Mozart aurait été en colère d'avoir été pillé? Quand c'est bon, on se fait piller c'est normal, sourit un proche qui file la métaphore: ses idées ne sont pas encore tombées dans le domaine public car pour ça il faut que leur auteur meurt, or Nicolas Sarkozy n'est pas mort et loin de là". Et sa diète vocale s'achève ce matin rue de Vaugirard.

Nicolas Sarkozy reçoit aujourd'hui ses nouveaux adhérents, l'occasion pour lui de prononcer son premier discours de l'année et d'adresser ses vœux à ses soutiens. Un moment symbolique car l'heure n'est pas encore venue de penser à sa propre candidature et la vie du parti va l'occuper durant tout le mois de janvier. Se profilent, en effet, les élections internes qui renouvelleront une grande partie des instances du parti locales et nationales: le Conseil National, la commission exécutive, les comités départementaux, les délégués de circonscription…  Une échéance hautement importante car ces nouveaux élus auront pour mission d'organiser, localement, la primaire. Ce sont eux qui en seront les relais, qui s'en feront l'écho, eux donc qui seront en capacité de donner l'avantage à l'un ou à l'autre des candidats. Nicolas Sarkozy sait que cet outil sera essentiel voire déterminant le moment venu, et que son statut de président du parti lui donne un net avantage sur ses concurrents pour placer à ces postes stratégiques des hommes et des femmes qui lui sont favorables. Il va donc, durant tout le mois de janvier, s'occuper du parti pour mieux préparer sa candidature. Une nouvelle ère commencera à partir du mois de février. "Les élections internes seront l'articulation qui permettra d'aller vers autre chose", confirme un proche. Vers une déclaration de candidature.

L'ancien chef de l'Etat reprendra alors la route "comme il l'a fait en 1996 et en 2006: du terrain, du terrain, du terrain, révèle un conseiller. En 2012, il n'en a pas fait ça car il était Président de la République et d'un point de vue logistique les déplacements étaient extrêmement compliqués à organiser". Cette fois, les choses seront plus simples et ils sont nombreux à lui conseiller d'aller reparler aux français afin de mieux sentir le pouls du pays, ses attentes. Jusqu'ici l'ancien Chef de l'Etat rechignait à passer une nuit loin de Paris, il l'a fait lors des journées parlementaires à Reims à contre cœur, c'était une première. Mais il ne va pas avoir encore longtemps le choix. Dans un premier temps, il se déplacera en tant que président des LR et  partira à la rencontre des nouveaux élus dans les fédérations. Personne ne pourra ainsi l'accuser d'utiliser le parti pour sa propre campagne mais il ira aussi à la rencontre des français afin de nourrir le corpus idéologique qu'il prépare.

Car c'est le deuxième étage de la fusée: le programme, le sien et celui des autres. Officiellement, Nicolas Sarkozy ne prépare rien pour lui seul. "Sa mission c'était de réussir le rassemblement, ça c'est fait, de doter son parti d'un corpus idéologique, c'est en cours", explique un proche qui se félicite de voir que tout le monde a adopté la ligne définie par Nicolas Sarkozy sur la déchéance de nationalité par exemple. "Ça prouve bien qu'un programme commun à tous les candidats, ça marche", ajoute-t-il. Pour discuter de la ligne du parti, un conseil national a été dans un premier temps annoncé pour début février, il pourrait être décalé au mois de mars, " ce CN ça n'est pas l'alfa et l'oméga du travail, d'ici là il y aura des journées de réflexion sur les questions culturelles, l'aménagement du territoire. Le travail sur le programme devrai être bouclé en juin à partir de là, commencera le temps de la campagne", explique-t-on dans l'entourage de l'ancien chef de l'Etat.

Ira, n'ira pas? "Il sera candidat, j'en suis persuadé", affirme ce très proche qui sourit: "il n'est pas revenu à la tête des Républicains pour inaugurer les chrysanthèmes". Ceux qui lisent les enquêtes d'opinion et pensent que l'ancien Président renoncera s'il est trop bas peuvent se rassurer, Nicolas Sarkozy, qui a longtemps été addict aux sondages, ne les regarde plus. "Ils se sont trompés sur tout, les élections en France, les élections à l'étranger. Il n'y a plus d'échantillons fiables, les catégories sociaux professionnelles n'existent plus, les gens peuvent passer de la gauche au FN", analyse l'un de ses conseillers, qui ajoute "et puis si les français votaient pour celui qui va les faire gagner, ils ne voteraient pas pour Marine Le Pen".

Ce ne sont donc pas quelques mauvais chiffres qui vont faire reculer l'ancien locataire de l'Elysée. Pas question non plus de s'affoler, d'aller plus vite que la musique et de lâcher le parti plus tôt que prévu pour déclarer sans candidature avant l'heure. Surtout garder son sang-froid, se servir de l'outil jusqu'au bout comme d'un tremplin. La déclaration de candidature ce sera pour septembre, affirment ses plus proches conseillers. Nicolas Sarkozy, c'est son côté chiraquien, a toujours aimé les campagnes en forme de Blitzkrieg. Celle-ci en sera une d'un genre nouveau mais comme en 2007, la priorité sera à nouveau le travail.

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