Le pari bergsonien de François-Xavier Bellamy<!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
Politique
Le pari bergsonien de François-Xavier Bellamy
©CHRISTOPHE ARCHAMBAULT / AFP

Premiers pas médias réussis

Avec Bellamy, Wauquiez fait le choix d'un homme de pensée et d'action pour les Européennes.

Samuel Pruvot

Samuel Pruvot

Diplômé de l’IEP Paris, rédacteur en chef au magazine Famille Chrétienne, Samuel Pruvot a publié "2017, Les candidats à confesse", aux éditions du Rocher. 

Voir la bio »

Atlantico: Pour vous, que penser des premiers pas de François Xavier Bellamy depuis sa nomination en tant que tête de liste pour les élections européennes par Laurent Wauquiez ? (son discours sur LCI)


Samuel Pruvot: N’en déplaise aux prophètes de malheur de sa famille politique, François-Xavier n’est pas un bleu. Certains brossaient le portrait d’un jeune premier inexpérimenté et gauche approchant les élections européennes avec la logique d’Aristote dans une main et la somme théologique de saint Thomas d’Aquin dans l’autre. Vraiment ? Rappelons que le philosophe est aussi élu municipal à Versailles. Il s’est frotté aux combats homériques de la Manif pour tous à l’époque de François Hollande. Bref ses premiers pas ne sont pas ceux d’un bébé en politique même si ses « amis » - comme Gérard Larcher ou Eric Woerth – se sont évertués à lui mettre des bâtons dans les roues.

D'une manière plus globale, que penser du choix de Laurent Wauquiez ? Quel est le pari qu'incarne François-Xavier Bellamy ? 

Face à la déroute promise à LR aux européennes, Laurent Wauquiez a fait le pari d’un électrochoc. Pour réveiller et capter le noyau dur de son électorat et plus si affinités. Le parti peine à monter sur la troisième marche du podium crédité à ce jour d’environ 12% des voix. Maigre pour un parti de gouvernement qui se voyait à nouveau aux affaires en 2017 avant la chute brutale d’un certain Fillon. Mais quelle est la nature de cet électrochoc ? Le profil de François-Xavier Bellamy correspond aux prises de position de Wauquiez depuis son arrivée à la tête des Républicains. Un conservatisme (même si le mot est piégé) assumé qui prétend tirer la droite de ses ornières libérales et libertaires. Ce choix a le mérite de la clarté. Mais il risque de révéler au grand jour les contradictions de LR. Sur l’Europe, la doctrine n’est pas claire et le tangage est extrême entre les fédéralistes et les souverainistes. Sans doute François-Xavier Bellamy va chercher une troisième voie comme il a commencé à le faire sur LCI : « "Aujourd'hui l'Europe est une institution qu'on subit, parce qu'elle se construit loin des peuples. Mais nous avons besoin de l'Europe sur des éléments très concrets, pour maîtriser notre destin dans la mondialisation : sur l'immigration, la guerre commerciale..." #LaMatinaleLCI »

Un homme qui sait allier la pensée aux actes mais qui en plus a un côté technocrate. Cela pourrait-il être un avantage pour les élections européennes quand on sait à quel point ce côté technocrate a été reproché à Emmanuel Macron ?


Lors de son dernier entretien avec Famille Chrétienne, le philosophe se désolait en aparté du divorce entre deux mondes, celui de l’action et celui de la pensée. Lui avait l’ambition d’incarner la belle maxime de Bergson : « Il faut agir en homme de pensée et penser en homme d’action. » Le futur candidat théorisait déjà le fait que les intellectuels devaient se « confronter au réel » et devenir des « acteurs de terrain ». Et vice versa. Il appelait de ses vœux une nouvelle génération de politiques : des « hommes de pensée » et de « vie intérieure ».

Bellamy est-il un techno ? Il ne faut pas trop se fier à son look de premier communiant ni à ses yeux azur. Un techno ne cite pas Héraclite ni Hobbes ! Il y a chez lui une vraie ambition intellectuelle. Il veut en finir avec cette « inconstance absolue » qui transforme les hommes politiques en girouettes. Il ne supporte plus de les voir « varier d’opinion sur la nature même de l’homme » en fonction du calendrier électoral.

Au final est-ce une question d'équilibre ?

L’équilibre, pour Bellamy, consistera à passer du monde des idées au plancher des vaches. Au niveau des ronds points que bloquent les Gilets jaunes et de la vie quotidienne des Français angoissés par le déclassement engendré par la mondialisation. Il a en tête cette maxime de Péguy qui disait que la mystique est charnelle. Cela est vrai aussi en politique.

Retrouvez le livre de Samuel Pruvot : Les Candidats à Confesse, aux éditions du Rocher

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !