Le mythe de la femme-cougar n'est-il qu'une projection dans le temps du narcissisme soixante-huitard ?<!-- --> | Atlantico.fr
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Le film "20 ans d'écart" traite parle d'une liaison entre une femme de 40 ans et un jeune homme à peine sorti de l'adolescence.
Le film "20 ans d'écart" traite parle d'une liaison entre une femme de 40 ans et un jeune homme à peine sorti de l'adolescence.
©Allociné

Croqueuse d'hommes

La génération du baby-boom se caractérise par un invraisemblable narcissisme, et leur mantra "Moi d'abord" se retrouve chez les jeunes femmes des années soixante, qui sont les couguars d'aujourd'hui.

Christian Combaz

Christian Combaz

Christian Combaz, romancier, longtemps éditorialiste au Figaro, présente un billet vidéo quotidien sur TVLibertés sous le titre "La France de Campagnol" en écho à la publication en 2012 de Gens de campagnol (Flammarion)Il est aussi l'auteur de nombreux ouvrages dont Eloge de l'âge (4 éditions). En avril 2017 au moment de signer le service de presse de son dernier livre "Portrait de Marianne avec un poignard dans le dos", son éditeur lui rend les droits, lui laisse l'à-valoir, et le livre se retrouve meilleure vente pendant trois semaines sur Amazon en édition numérique. Il reparaît en version papier, augmentée de plusieurs chapitres, en juin aux Editions Le Retour aux Sources.

Retrouvez les écrits de Christian Combaz sur son site: http://christiancombaz.com

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Le mythe des "couguars" (le mot s'orthographie cougars en anglais, mais bien couguars en français) que nous devons aux béni-oui-oui américanophiles après Halloween et la Saint Valentin mérite à peine un intérêt documentaire, sauf si l'on consent à recourir au filtre de la morale. Si l'on corrige en effet les mensonges de l'industrie cosmétique selon laquelle toutes les femmes mûres " valent bien" les soins qu'on leur prodigue, si l'on oublie la machine à vendre qu'est devenue leur sexualité, on voit surgir, de l'analyse des cinquante dernières années, comme sur une photo en infra-rouge, une masse dense et colorée qui représente l'égo monstrueux d'une génération.

Déjà, quand on a eu vingt ans en 1975, c'est à dire trop tard pour mai 68, quand on a été élevé dans un univers moral traditionnel, on s'aperçoit que tous les idéaux de sacrifice, de discrétion, de renoncement que s'imposaient les femmes dans le roman et le cinéma d'avant-guerre sont ignorés, dévalués et tournés en dérision sous Giscard et Mitterrand, sous le prétexte qu'il n'y a pas de raison.

Il n'y a pas de raison de rester mariée quand l'époux est volage, d'être cloitrée à la maison quand il travaille, d'élever seule les enfants, d'être chaste, discrète, économe, vouée aux soins de ses parents âgés. Un roman de femme publié à l'époque, résume, par son seul titre, l'esprit de cette population devenue majoritaire, et majoritairement pénible surtout pour ses enfants mâles : Moi d'abord. Dans les années 60 les jeunes femmes prétendaient s'affranchir des préceptes de la génération précédente, qu'elles jugeaient incapable par nature de connaître la vraie vie, de pratiquer la modernité, c'était une affaire de cellules, entre cinquante et soixante ans personne n'avait plus le feu sacré, l'élan vital, et dans les films "Nouvelle vague" on appelait croulants les parents et grand-parents. Ils n'avaient d'ailleurs plus aucun rapport au corps, à la sexualité, à la séduction. Le simple fait d'évoquer tout cela à leur propos passait pour dégoûtant.

Or quarante ans plus tard ce sont précisément les femmes aux cheveux gris qu'on nous présente comme de vraies philosophes de la relation amoureuse, elles connaissent le sexe mieux que personne, elles sont à l'affût de toutes les tendances et elles commandent leurs godemichets sur Amazon. D'où vient donc cette mise à l'honneur des mamies qui étaient naguère honnies par la jeunesse, au point qu'on ne voulait même pas les voir en maillot de bain ?

De ce que la génération du baby-boom se caractérise  par un invraisemblable narcissisme. Le moi d'abord, qu'elle a appliqué dès le berceau, qu'elle a infligé à autrui quand elle avait trente ans, elle le transfère aujourd'hui sur la vieillesse, qui devient un âge formidable, puisque c'est le sien. Elle nous a déjà fait le coup avec le communisme qui était une erreur tolérable puisqu'elle l'avait commise, et avec le mépris de l'argent, qui était une naïveté, elle en convient aujourd'hui puisqu'elle a des stock options, un fils à Harvard et une villa à Noirmoutier. Alors on peut prédire sans trop se tromper de quoi les prochaines modes seront faites chez les femmes progressistes qui ont aujourd'hui soixante ans puisque la tendance leur sert principalement à justifier leurs reniements. A soixante dix, elles vont enterrer leur dernier parent survivant et renoncer comme beaucoup, à la sexualité faute d'envie, pour nous dire que finalement, elles ont fait le choix de la chasteté . Nous allons voir fleurir des centaines d'articles dans les magazines sur "la redécouverte de la chasteté". A soixante quinze, elles vont choisir un gourou, un prêtre,  un yogi, et leurs magazines vont nous parler des "nouvelles spiritualités".  Enfin, quand elles auront quatre-vingts ans, les magazines vont faire des dossiers spéciaux sur les "nouvelles tendances dans le Funéraire", et le corps social, se souvenant du temps où elles s'écriaient "moi d'abord", leur répondra en ricanant "après vous!".

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