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Emmanuel Macron et Gérald Darmanin lors d'un déplacement officiel sur le thème de la sécurité.
Emmanuel Macron et Gérald Darmanin lors d'un déplacement officiel sur le thème de la sécurité.
©ludovic MARIN / POOL / AFP

Politique du gouvernement

Personne ne pourra prétendre vouloir instaurer un régime de justice respectueux des individus s’il ne respecte pas absolument l’intégrité des personnes et des biens, quelles que soient les personnes et quelles que soient leurs idées politiques ou religieuses.

Nathalie MP Meyer

Nathalie MP Meyer

Nathalie MP Meyer est née en 1962. Elle est diplômée de l’ESSEC et a travaillé dans le secteur de la banque et l’assurance. Depuis 2015, elle tient Le Blog de Nathalie MP avec l’objectif de faire connaître le libéralisme et d’expliquer en quoi il constituerait une réponse adaptée aux problèmes actuels de la France aussi bien sur le plan des libertés individuelles que sur celui de la prospérité économique générale.
 
https://leblogdenathaliemp.com/

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On sait que le bilan sécuritaire d’Emmanuel Macron n’est pas sensationnel. C’est tellement vrai que lorsque le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin est confronté aux chiffres de ses propres services, il entre dans une transe médiatique haineuse qui brille par sa mauvaise foi. Mais les Français ne sont pas dupes : 62 % d’entre eux estiment que le gouvernement a failli en la matière et 78 % déclarent que les propositions des candidats sur le sujet seront « importantes » dans leur choix présidentiel.

Ô combien ils ont raison : sans la sécurité, sans le respect de la propriété, rien de durable ne peut se développer. La protection des personnes et de leurs biens est au fondement même d’une société respectueuse des droits naturels des individus, à savoir la sécurité, la liberté et la propriété. Laissez proliférer les vols, les escroqueries et les agressions, éventuellement au nom de je ne sais quelle « bienveillance » (terme à la mode) mal placée, et rapidement, ce sera l’égalité et la fraternité que vous piétinerez, ce sera la liberté que vous déformerez. Et finalement, ce sera la justice que vous abolirez. Et l’initiative individuelle que vous tuerez. 

Si la vaste majorité des Français en est bien convaincue, il est hélas beaucoup trop fréquent de voir des colères souvent qualifiées de « citoyennes » tomber dans la violence et les dégradations à l’encontre de qui n’agit pas ou ne pense pas comme il faudrait – ces éruptions suscitant plus ou moins d’indignation selon le côté politique où l’on se place.

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À ce titre, la révolte des Gilets jaunes avait rapidement dégénéré dans une pseudo révolution de barricades qui ne s’était pas trop embarrassée de respecter quoi que ce soit, et certainement pas la propriété ou le droit de circuler d’autrui. Dès les premiers samedis de contestation, on avait vu des manifestants saccager une Porsche au nom de la haine du « riche », démonter de lourdes grilles aux Tuileries, faisant un blessé grave parmi eux, exiger des automobilistes retenus à leurs barrages de porter un gilet jaune pour avoir le droit de passer, etc. 

Quelques épisodes plus tard, bien loin de la révolte fiscale des débuts, les débordements, voire la mise en danger d’autrui, étaient devenues action légitime :

« C’est génial que ça casse, parce que la bourgeoisie est tellement à l’abri dans sa bulle, qu’il faut qu’elle ait peur physiquement, pour sa sécurité, pour qu’ils lâchent. » Ana, 33 ans, factrice venue de Toulouse, acte 18, 16 mars 2020.

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Le mois dernier, à Nantes, c’était les « antifas » qui nous donnaient un aperçu de leur proverbiale tolérance pour les biens et les opinions d’autrui. Ces militants de l’ultra-gauche qui se flattent de lutter sans relâche contre la peste brune qui menace de répandre terreur et destruction dans les chaumières de France, nous ont offert, une fois de plus, l’affligeant spectacle de leurs propres violences et destructions.

Une manifestation qui entendait dénoncer « le fascisme, le capitalisme et l’autoritarisme » s’est déroulée aux cris de« À mort l’État, les flics et les fachos » et s’est achevée dans le saccage de plusieurs vitrines de magasins, des coups et blessures devant « un bar réputé pour accueillir des militants d’extrême-droite » et des envois de projectiles sur les forces de l’ordre.

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Qui voudrait voir advenir un régime politique né sous de tels auspices ? Qui pourrait avoir confiance dans la justice selon les « antifas » ou dans la justice selon des manifestants qui appellent la violence à leur rescousse ? Une violence aveugle, qui cible des catégories, les riches, les bourgeois, les fachos etc., donc des personnes innocentes, et qui, viserait-elle une personne en particulier, se passe largement des subtilités d’un procès à charge et à décharge avec respect des droits de la défense. 

Je pensais à tout cela en lisant hier dans la presse qu’un certain Bernard Denis, maire Modem de la petite commune de Saint-Côme-du-Mont (Manche), 500 habitants, avait été la cible de menaces de mort et de dégradations de ses biens à trois reprises depuis décembre dernier. Sa faute : apporter son soutien et son parrainage à Emmanuel Macron.

De la part d’un maire Modem, rien de bien extraordinaire. Mais cette prise de position semble irriter au plus haut point l’un ou plusieurs de ses administrés qui ont pour leur part d’autres idées politiques (révélées par un tag « Zemour Président », faute d’orthographe comprise).

Ceux-ci pouvaient éventuellement lui faire savoir, arguments à l’appui, combien ils trouvaient ce soutien peu opportun compte tenu du bilan somme toute très léger du quinquennat Macron, ils pouvaient lui envoyer un courrier signé, lui demander un rendez-vous, éventuellement organiser une manifestation pacifique ou encore créer une section locale de soutien à leur candidat favori. Ils pouvaient même présenter une liste lors des dernières élections municipales – et essayer de se faire élire, ce qui est une tout autre affaire que le coup de force

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Mais non, l’action anonyme et violente a prévalu. En décembre, l’élu fut donc victime d’un incendie volontaire dans son garage (trois voitures appartenant aux membres de sa famille furent brûlées) ainsi que de tags avec menace de mort inscrits sur le mur de sa propriété (photo de couverture) : « Le maire soutien Macron À mort ». Peu après, lettre anonyme du même tabac : « Le maire a vendu la commune, soutien à Macron, dehors ou la mort »Et la semaine dernière, nouvelle lettre : « T’as choisi Macron, s’il est élu, tu vas mourir d’une balle dans la tête. »

Un deux poids deux mesures particulièrement délétère est à l’œuvre dans tous ces exemples. Il est assez facile de se dire victime d’une oppression. Dans certains cas, c’est exact ; on pense par exemple aux non-vaccinés qui, du fait du pass vaccinal toujours en vigueur sans raison sanitaire fondée, sont empêchés de fréquenter certains lieux tels que cinémas, restaurants et TGV. 

Mais dans d’autres cas, l’oppression mise en avant ressemble plus à un noble prétexte pour se livrer à sa propre petite oppression sur les autres. Pourquoi un maire régulièrement élu ne pourrait-il pas apporter son parrainage(*) à Emmanuel Macron ? Et comment justifier de s’y opposer par une atteinte à ses biens et des menaces de mort ? L’opprimé, surtout quand il s’auto-proclame tel, se transforme assez vite en petit tyran quand il y voit l’occasion de gagner une bribe de pouvoir, trahissant ainsi non pas son aspiration à la liberté, mais son autoritarisme réel.

Personne ne pourra prétendre vouloir instaurer un régime de justice respectueux des individus s’il ne respecte pas absolument l’intégrité des personnes et des biens, quelles que soient les personnes et quelles que soient leurs idées politiques ou religieuses. Si l’on dit que la justice est aveugle, c’est justement pour cela.

Ma remarque, essentielle je pense, si l’on veut vivre dans une société tolérante et ouverte aux débats, je l’adresse aux gouvernements, à commencer par celui d’Emmanuel Macron, afin qu’il fasse respecter la loi sans faiblesse ni préférences politiques. Et je l’adresse aussi à tous ceux qui, se considérant floués – à tort ou à raison par le gouvernement actuel, ne rechigneraient pas à un peu d’illusion lyrique sur fond de lutte finale ou nationale. 

Cet article a été initialement publié sur le site de Nathalie MP : cliquez ICI


(*) Sur le système des parrainages lui-même voir l’article Parrainages : Et si l’on s’en passait ? (10 janvier 2022)

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