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Le général italien qui met les pieds dans le plat sur la question des migrants (et assure qu’il serait possible de régler le problème en quelques jours)
©Reuters

Tempète à Rome

Le général Vincenzo Santo a condamné le silence et l'inaction des gouvernements italiens et a appelé à une réponse militaire et efficace à la crise des migrants qui touche durement la péninsule italienne.

Alexandre del Valle

Alexandre del Valle

Alexandre del Valle est un géopolitologue et essayiste franco-italien. Ancien éditorialiste (France SoirIl Liberal, etc.), il intervient dans des institutions patronales et européennes, et est chercheur associé au Cpfa (Center of Foreign and Political Affairs). Il a publié plusieurs essais en France et en Italie sur la faiblesse des démocraties, les guerres balkaniques, l'islamisme, la Turquie, la persécution des chrétiens, la Syrie et le terrorisme. 

Son dernier ouvrage, coécrit avec Jacques Soppelsa, Vers un choc global ? La mondialisation dangereuse, est paru en 2023 aux Editions de l'Artilleur. 

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Atlantico: Qu'est-ce qui explique la réaction de ce général italien ?

Alexandre Del Valle : Rappelons juste pour nos lecteurs la déclaration très claire du général de général de corps d’armée (Air) Vincenzo Santo, qui a d’un seul coup détruit le mythe majeur des lobbies immigrationnistes selon lequel le phénomène des migrations massives et incontrôlées des migrants clandestins serait une fatalité. Dans les colonnes des quotidiens de droite Il Libero et Il Giornale, il a déclaré qu’il suffirait « d’utiliser l’armée pour la mission qui est à l’origine de sa création, celle de défendre nos frontières. Il est tout à fait possible de mettre le holà à cette immigration désordonnée et massive. En quelques jours, l’armée italienne pourrait y mettre fin ». Cet important officier supérieur italien, devenu très populaire, qui fut tout de même le numéro deux de l’OTAN en Afghanistan, n’hésite pas à jeter un pavé dans la marre en affirmant que les Européens et notamment la marine italienne a parfaitement les moyens de « contrôler la côte libyenne sans y poser le pied », d’autant que « la zone à contrôler est très petite (…). Selon lui et d’après nombre d’experts, ceci passe parle simple blocage des navires des différentes ONG étrangères qui aident objectivement les passeurs africains et mafieux. Il s’agit de les empêcher de pénétrer dans les eaux libyennes, pendant que les formes spéciales italiennes et pourquoi pas d’autres pays « captureront les trafiquants et les feront condamner, ce que mêmes les autorités libyennes demandent. Là où ce général choque, c’est lorsqu’il ose dire que l’Italie doit redevenir souveraine et ne plus attendre les autorisations des organismes internationaux (Europe, ONU, etc) et que sa marine ne doit plus respecter la souveraineté nationale de la Libye ou d’un autre pays dès lors que ces pays vilent la souveraineté de pays européens chaque fois qu’un bateau déverse dans les ports italiens des masses de personnes arrivées de façon illégale et dont la très grande majorité sont des immigrés économiques africains subsahariens et pas du tout des réfugiés politiques syriens ou libyens ou même irakiens.  Je reviens d’un long séjour en Italie et je peux vous dire que si un général italien de ce calibre est sorti si brutalement de sa réserve c’est que l’opinion publique italien est à bout. Ce qui pousse ce général courageux et respecté à affirmer des choses qui remettent en question de façon flagrante la compétence et le patriotisme des dirigeants italiens et même des autres pays européens, adeptes du « fatalisme géopolitique » et complices des ONG et lobbies immigrationistes prônant ouvertement la « désobéissance civile », es propos, c'est aussi parce que depuis des semaines, un très grand scandale politique et médiatique a éclaté en Italie, qui a profondément choqué la population, et qui a révélé le fait que l’ex-président du Conseil italien, le « Macron italien », Renzi, aurait conclu un pacte secret avec le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker, en vue de troquer une souplesse budgétaire communautaire envers l’Italie en échange du fait que les ports italiens accueilleraient aux frais de Rome la quasi-totalité des migrants clandestins échoués, acheminés par des passeurs ou secourus par des ONG étrangères. Or on sait que si l’agence européenne Frontex organise dans les eaux libyennes ou italiennes 20 % des secours et l’Etat italien 20 autres pourcents, les ONG immigrationnistes étrangères incontrôlées et agissant de façon non légale et non concertée avec Rome, gèrent près de 40% des « secours ». En fait, ces ONG immigrationnistes souvent liées à des fondations d’extrême-gauche allemandes, hollandaises, anglosaxonnes ou à la galaxie OPEN Society du milliardaire George Soros, sont des alliés objectifs des passeurs criminels qui exploitent les migrants. EN effet, si ces passeurs font payer aux migrants des milliers d’euros pour les faire gagner les côtes italiennes, le fait que ces riches ONG recueillir sur leurs bateaux privés des migrants à peine partis des ports libyens, sans communiquer avec la Marine italienne, constitue un extraordinaire appel d’air migratoire illégal et un formidable encouragement pour les réseaux criminels de passeurs. On doit en effet rappeller que grâce aux systèmes de communication et aux radars très sophistiqués de ces bateaux affrétés par des ONG, les lobbies immigrationnistes qui organisent les secours en mer illégaux à la barbe des autorités italiennes jusqu’aux ports de Sicile ou des Pouilles, communiquent directement avec les passeurs qui leur disent où ils s’apprètent à laisser périr leurs barques surchargées. Ces bateaux des ONG ne demandent pas d’autorisations aux autorités italiennes ou maltaises et ils font ainsi débarquer depuis des années des centaines de milliers de clandestins de façon illégale. En termes clairs, notre courageux général a rappelé que l'Italie a été dirigée ces dernières années par des irresponsables qui ont toléré ce laxisme total et ont fait que les ports italiens sont devenus les réceptacles de tout ce qui est clandestin en Méditerranée, ceci sur demande des autres pays européens et de la Commission européenne qui ne parviennent pas à s’entendre sur une politique migratoire concertée, ferme et sur un partage du cout financier qui repose hélas sur les seuls pays dits de « première arrivée » (Italie, Grèce, principalement). On a même des navires officiels britanniques qui viennent déverser sur les ports italiens les immigrés clandestins qu'ils secourent plus ou moins partout en Méditerranée mais dont ils se débarrassent alors qu’en vertu du droit international, un navire militaire ou officiel d’un pays qui secourt des personnes doit les amener dans son pays puisque le droit qui s’applique à ces derniers dans les eaux non-italiennes est celui du secoureur. La situation actuelle est donc tout à fait inadmissible et intenable, d’un point de vue sécuritaire et politique. D’ailleurs, un autre pays de l’Union européenne, qui ne fait peur à personne et qui n’a presque pas d’armée, Malte, n'accepte plus de migrants illégaux acheminés par des passeurs libyens dans ses ports et il le fait en vertu de ses droits de pays souverain. Aujourd'hui, face à l’impuissance de Rome, au pacte Renzi-Junker et à l’égoïsme des autres pays européens, sachant que l’Italie n’a plus les moyens de recueillir à ses frais ces centaines de milliers de migrants majoritairement arabo-musulmans et surtout africains-subsahariens, qui posent de plus en plus de problème sociaux et sécuritaires, on assiste du Nord au Sud de la péninsule une rébellion larvée des masses qui se sentent trahies par leurs élites et abandonnées par Bruxelles. Cette rébellion favorise bien sûr la remontée des populismes. 

Le général Vincenzo Santo a donc voulu être le porte-parole de beaucoup d'Italiens exaspérés et souvent en grande difficultés économiques. Aujourd'hui, il commence à y avoir des petites révoltes dans des mairies du Sud de l'Italie, notamment dans les Pouilles et en Sicile, dans la province de Messine où des maires ont refusé d’accueillir des migrants. De nombreux maires ont déclarés qu'ils en avaient assez. Les Italiens sont dans une grande difficulté économique. Le chômage est très élevé, et nombre d’Italiens considèrent injuste que l’on accorde 30 et 35 euros à des clandestins arrivés de manière tout à fait illégale, quand on ne peut donner la même chose à des pères de famille italiens qui ont travaillé toute leur vie et qui n'ont souvent qu’entre 400 et 600 euros de retraite... 

Face à ce désordre avec un laxisme d'un côté et la montée des populistes de l'autre - qui disent qu'il faut régler ça avec la manière forte, ce Général affirme que si l'Italie reprend le contrôle des frontières et donne à l'armée italienne la capacité de réguler les flux en méditerranée, les navires étrangers, privés ou publics, ou affrétés par les ONG (la plupart sont allemandes) ne pourront plus encourager l'effet appel d'air. Parce que plus ces organisations viendront sauver les migrants à quelques kilomètres des côtes libyennes, plus les passeurs seront contents parce que leur travail illégal sera de facto assumé par d'autres. Le général demande qu'on respecte la loi, et la loi dit que l'on ne recueille des migrants que dans ses eaux territoriales et dans le respect de la souveraineté de chaque pays qui est le seul à décider qui entre chez lui. Les bateaux ne peuvent pas venir débarquer n'importe qui. En fait, comme le dit l’officier, il suffirait d'octroyer à la Marine italienne la mission de réguler les flux, et plus personne ne pourra plus débarquer sur les côtes italiennes de façon incontrôlée. Certes, le gouvernement actuel, dont M. Minniti, le ministre de l'Intérieur, commence à réagir et à interpeller ses partenaires européens et africains, mais jusqu'à il y a quelques mois, le gouvernement italien était complice de ce laxisme. 

Par ailleurs, le débat sur le Jus soli fait rage en ce moment Outre-Alpes, et oppose plus que jamais droite et gauche : les lobbies immigrationnistes et leurs relais dans les partis de gauche et d’extrême gauche veulent logiquement jouer la carte de l'immigration sans limites tout en prônant le droit du sol, parce que cela rapporterait à terme nombre de voix à la gauche. Ce droit du sol est très nouveau pour les Italiens, mais l’idée est très sismique dans le contexte actuel de crise migratoire. La droite (Forza Italia, Fratelli d’Italia et Lega Nord) et nombre d’Italiens lambda ont peur et voir les immigrés illégaux d’aujourd’hui, majoritairement extra-européens et musulmans, devenir des millions dans quelques années, devenus des nouveaux Italiens de papier mais pas de civilisation

Mais contrôler le robinet italien sur cette zone précise ne risque-t-il pas de créer des fuites ailleurs, dont l'Italie d'ailleurs pourrait être encore la victime ?

Non, parce que les migrants ne peuvent arriver par n'importe où. Et d'ailleurs tous les pays comme l'Italie veulent bloquer l'immigration clandestine. C'est une erreur colportée par certaines ONG, qui veulent faire croire que l'on peut agir autrement. Ce n'est pas vrai : la vérité est différente, mais les lobbies immigrationnistes - qu'ils soient de gauche, d'extrême-gauche ou encore même liés au Vatican et à l’actuel Pape - qui affirme souvent qu'il faut accueillir en masse les migrants – (« i buonisti ») veulent une immigration de masse et dérégulée dans une logique anti-nationaliste et internationaliste. Ce sont donc des idéologues. Mais si on revient au concret, l'Australie nous a donné un exemple très intéressant en la matière. Il y avait beaucoup de morts au large de l'Australie, de migrants en provenance d’Asie. L'Australie a fait une campagne déclarant qu'elle n'accepterait désormais plus personne qui viendrait par les formalités normales (« No Way »). Depuis, l'Australie retient les migrants illégaux et candidats à l’asile politique sur place, de l’autre côte de l’Océan, grâce à une tolérance zéro assurée par la Marine, notamment dans le cadre du refoulement de tout bateau non autorisé, puis à travers d’accords conclus avec les pays d'origine et riverains. L'asile politique est donc fait à la source, dans des zones de transit hors d’Australie, et non pas une fois arrivé sur le sol australien de façon subie. Deuxièmement, on donne une aide économique a des centres dans lesquels on maintient les migrants. L'Australie a choisi une île au large de la Papouasie et de l'Indonésie. Ces camps sont normaux, ils sont aux normes de l'Onu, on nourrit les gens, on les soigne… Car on peut aider les gens à la source, et non pas en Occident. De nombreux fonds internationaux peuvent servir à financer cette situation. Ce que dit le général italien et d'autres avec lui, c'est qu'on peut faire ça. Précisons tout de même que depuis que l'Australie a lancé sa campagne "No Way!" (pas de voie pour vous) il y a quatre ans, avec des campagnes d'affichage et de publicité dans les pays de départ, la situation s'est améliorée. Il n’y a plus d’appel d’air, donc plus de morts en mer, et donc plus de clients pour les réseaux de passeurs criminels trafiquants d’êtres humains. L’australie a réussi à obliger les pays de départ à coopérer pour les papier, les refoulements, car on ne peut pas expulser quelqu'un dont le pays d'origine fait la sourde oreille, ce qui est hélas trop souvent le cas, faute de pressions et de fermeté de la part de nos dirigeants vis-à-vis des pays d’origine. Croyez-moi, si les aides européennes étaient mises dans la balance contre une « coopération migratoire », il est certain que les pays de départ, notamment africains, se mettraient beaucoup plus à nous aider. Mais pour cela, il faut que les pays européens soient unis dans la récupération des citoyens, la coopération et les échanges avec les pays migratoires. Ces Etats ne coopèrent pas parce que nous n'avons pas fait en sorte qu'ils soient obligés de coopérer. On leur a laissé la possibilité de faire ce qu'ils veulent. Et donc ils font la sourde oreille. 

C'est un problème complexe : aujourd'hui on a des ONG qui agissent hors du droit, qui communiquent entre elles avec des radars, qui communiquent avec les passeurs qui leur donnent même des informations. Les passeurs sont ravis : au lieu de payer du carburant pour 200 kilomètres, ils ne le font plus que pour 20 km, voire moins. Et ce pour le même tarif en termes de traversée pour les clandestins. Aujourd'hui, les ONG subversives viennent chercher les migrants jusqu'aux ports libyens. 

Enfin un pays ne peut pas accueillir des gens sans être capable de les loger et de les nourrir correctement. Or l'Italie arrive aujourd'hui au maximum de ce qu'elle peut accepter. Elle est devenue le réceptacle de tous les clandestins venus d'Afrique, car dans les faits il y a très peu de réfugiés syriens de type politique-persécutés. La plupart sont des immigrés économiques qui jouent aux réfugiés politiques. On pourrait très bien rétablir un système d'admission de migrants demandant l'asile politique à partir de pays d'origine. 

L’appel d'air et la violation du droit et de la souveraineté des Etats par les ONG et lobbies immigrationnistes n’est pas acceptable. Les migrants viennent de plus en plus nombreux. Et leur venue financée par l’argent des contribuables européennes eux-mêmes de plus en plus pauvres ne règlera pas le problème de l’Afrique qu’il convient d’aider chez elle. EN outre, en Italie ou en Grèce, les problèmes sont de plus en plus nombreux dans les camps de réfugiés, ce qui remonte de plus en plus les populations autochtones qui se sentent agressées chez elles. Il y a ainsi des centres où on a vu des rebellions violentes de migrants qui se plaignaient que la nourriture ne soit « pas hallal », pas assez bonne, ou parce que voulaient la télévision satellite ou des téléphones portables... D’autres exigent des camps camps dans les centres-villes et non pas en zone rurale, ils sont de plus en plus exigeants, et apostrophent souvent violemment les membres des ONG qui les aident pourtant. On se rappelle de Lampedusa où des milliers de migrants nourris et logés dans un camp et bien traités par la population de l’île avaient saccagé durant deux jours les magasins du centre ville. Ces revendications croissantes couplées aux agressions criminelles de plus en plus fréquentes choquent les populations d’accueil. 

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