Le FMI abaisse notre prévision de croissance et aggrave celle du déficit mais trouve “ambitieuse” la stratégie française de redressement économique…<!-- --> | Atlantico.fr
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Le FMI de Christine Lagarde juge optimiste la prévision de 1% de croissance faite par Michel Sapin...
Le FMI de Christine Lagarde juge optimiste la prévision de 1% de croissance faite par Michel Sapin...
©REUTERS/Jonathan Ernst

Sur le papier

Le chiffre de 1% de croissance pour 2014 a été martelé par Michel Sapin, ministre des Finances, depuis le début du mois de juin. Une estimation que le Fonds Monétaire International juge pour sa part très optimiste, l'organisation préférant tabler sur 0.7%. Le déficit devrait quant à lui atteindre 4% au lieu des 3.8% annoncé par l'exécutif.

Nicolas Goetzmann

Nicolas Goetzmann

 

Nicolas Goetzmann est journaliste économique senior chez Atlantico.

Il est l'auteur chez Atlantico Editions de l'ouvrage :

 

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Le 11 juin dernier, le ministre des Finances Michel Sapin confirmait ses prévisions de croissance pour 2014 ; ce sera 1%. Une réaffirmation sans doute nécessaire suite aux doutes formulés par le haut conseil des finances publiques qui tablait plutôt sur le chiffre de 0.7%. Malheureusement pour le ministre, c’est au tour du FMI de mettre son grain de sel en proposant, lui aussi, le chiffre de 0.7% pour 2014.

La bataille de chiffres n’est pas sans conséquence, car le budget de l’Etat a été construit sur cette prévision. Tout échec du gouvernement sur la croissance revient donc à mettre en cause les chiffres du déficit et de la dette, ce qui mettrait, encore une fois, la France en difficulté par rapport à ses engagements européens. Et ça, le ministre des finances préfèrerait l’éviter.

Le FMI poursuit donc sur sa voie en révisant naturellement ses prévisions du déficit français, et celui-ci atteindra le chiffre rondelet de 4%pour cette année. Michel Sapin avait déjà du mal à justifier un déficit de 3.8% auprès de Bruxelles, il pourra en rajouter un peu.

Côté chômage, évidemment, ce n’est pas mieux. De 10.3% aujourd’hui, le taux ne devrait baisser que durant l’année 2015, ou il pourrait atteindre le seuil de 10.2%, puis 10% en 2016 et enfin 9.7% en 2017. Mais malgré un ton à priori pessimiste, le FMI se veut encourageant. La France serait sur la bonne voie, la voie des réformes structurelles « ambitieuses ».

« Le programme de stabilité du gouvernement et les réformes nationale forment un agenda ambitieux incluant une baisse de dépenses publiques de 50 milliards d’euros pour 2015-2017, ce qui est la clé pour réduire les déficits et donner une possibilité de baisser les impôts. Le FMI réclame la mise en place de ces plans, recommande d’élargir la concurrence dans les services et de rendre le marché de l’emploi plus flexible pour améliorer la productivité et la création d’emplois ».

Le message est clair. Même si les mesures ne vont pas encore assez loin, le FMI adresse un message d’encouragements au gouvernement de Manuel Valls. Le pacte de responsabilité adossé sur un plan de financement lui-même axé sur la baisse des dépenses serait une bonne mesure. De quoi rendre perplexe un lecteur qui se serait attardé sur un autre rapport publié par deux économistes du FMI, Raphael Espinoza et Esther Pérez Ruiz et publié le 1 juillet 2014. Il y a 3 jours.

Selon ce rapport, le pacte de responsabilité, c’est-à-dire la baisse de charges sur le travail, permettrait de créer 200 000 emplois sur le court terme, c’est-à-dire en 5 ans, et 600 000 sur le long terme, soit entre 10 et 15 ans. Mais les auteurs font remarquer que le financement de cette mesure par un plan de réduction des dépenses publiques aurait également des effets.

“La réduction de l’emploi public est plus lourde pour la croissance et l’effet général du couple baisse des charges / baisse des dépenses devient négative aussi bien pour la croissance que pour l’emploi.”

Une vision qui semble confirmer les calculs effectués par Bercy et publiés par Valerie Rabault, rapporteure du budget, qui indiquaient que la mise en place du pacte de responsabilité dans sa globalité aurait pour effet de détruire 60 000 emplois. Une estimation que Michel Sapin qualifiait de « calculs de chambre ». Apparemment, il n’y a pas que Bercy qui s’adonne aux calculs de chambre, le FMI semble également s’y mettre.

Un autre problème est pointé par les deux économistes. Car les résultats positifs des baisses de charge ont été estimés sur une hypothèse de croissance potentielle. C’est-à-dire le cas où l’économie française avancerait à un rythme conforme à son plein potentiel. Ce qui n’est pas exactement le cas aujourd’hui. A en croire le premier rapport évoqué plus haut, le retour à ce plein potentiel n’interviendra d’ailleurs qu’en 2019.

Finalement, en plus de réviser les estimations de croissance à la baisse et les anticipations de déficits à la hausse, le FMI est venu féliciter un gouvernement pour la mise en place de mesures qui auront un effet récessif sur l’économie et destructeur d‘emplois. Si le but du FMI était de féliciter politiquement le gouvernement, il est probable que le résultat ne soit pas conforme  aux intentions.

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