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Le déficit commercial de la France a baissé... mais pour de mauvaises raisons
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Effet d'optique

Le déficit commercial de la France s'est établie à 67 milliards de déficit en 2012 au lieu de 74 milliards en 2011. Sommes-nous plus compétitifs que nous le disons ?

Jean-Michel Boussemart

Jean-Michel Boussemart

Jean-Michel Boussemart est Délégué Général et économiste chez Coe-rexecode.

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Atlantico : Le déficit commercial de la France s'est établi à 67 milliards en 2012 au lieu de 74 milliards en 2011. Comment expliquer ces chiffres ?

Jean-Michel Boussemart : La baisse du déficit commercial provient avant tout d'une stagnation - une très faible hausse des importations - qui s'explique par le ralentissement de l'économie française plutôt que par une amélioration de nos exportations.

Si l'on regarde le profil intra-annuel, la balance commerciale française se réduit depuis la fin du printemps dernier au cours duquel le déficit est légèrement moins prononcé que la moyenne annuelle. Mais lorsque l'on regarde les importations sur les quatre derniers mois mesurés, celles-ci se tassent, voire reculent. Autrement dit, la demande intérieure française s’affaisse là où les exportations s'effritent et n'augmentent plus.

Le déficit commercial français à donc diminué, mais pour de mauvaises raisons. C'est une sortie par le bas.

Le déficit hors énergie a quant à lui nettement baissé à 15 milliards d'euros contre 29 milliards en 2011. Faut-il croire que la France est plus compétitive que prévu ?

Le détail par poste laisse apercevoir une rotation du déficit énergétique qui passe de 63 milliards d'euros de déficit à 69 milliards. L'énergie voit donc son déficit se creuser. Certes, la balance hors énergie a fortement diminué. Mais là encore, cette "amélioration" s'explique par des exportations qui peinent à monter dans la première partie de l'année et qui continuent de se tasser dans la seconde moitié plutôt que par des performances à l'exportation. Nous ne pouvons donc pas dire que la France ait gagné en compétitivité.

Les exportations françaises, relativement à celles de ses partenaires, confirment que nous avons cessé de sous-performer vis-à-vis de l'Allemagne par rapport à la moyenne européenne. Nos ratios d'exportations comparés à ceux de l'Allemagne et de nos partenaires européens ont cessé de baisser depuis un an et demi mais ne se redressent pas. Nos exportations vis-à-vis de Berlin sont stabilisées à 40%. Rappelons que nous étions à 55% en 2000.

Jamais l'écart avec l'Allemagne n'a été aussi important : la France, c'est 67 milliards de déficit commercial là où l'Allemagne réalise entre 150 et 160 milliards d'euros... d'excédent ! Nous ne jouons plus dans la même catégorie.

A quoi pouvons-nous nous attendre par rapport en 2013 ?

Nos exportations souffrent aussi des contractions des importations espagnoles et italiennes, deux pays fortement touchés par la crise. Le déficit commercial français pourrait continuer de diminuer en 2013 tout simplement parce que l'hexagone est entré en récession.

Le PIB est en quasi stagnation, si ce n'est déjà en baisse depuis le quatrième trimestre 2012. Il faut donc s'attendre à une plus forte pression fiscale en 2013, ce qui inéluctablement pèsera sur la consommation des ménages et atténuera nos importations. Au passage, n'oublions pas que les seuls ventes d'Aibus rapportent 2 milliards d'euros d'exportations par mois.

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