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Le décrochage de l’économie se confirme : la France a raté le cycle de la reprise
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Editorial

La consommation a reculé en avril, l’immobilier est en chute libre et le chômage poursuit inexorablement sa marche en avant, sans que le gouvernement n'envisage de changer de cap.

Michel Garibal

Michel Garibal

Michel Garibal , journaliste, a fait une grande partie de sa carrière à la radio, sur France Inter, et dans la presse écrite, aux Échos et au Figaro Magazine.

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Les périls s’accumulent pour François Hollande : le camouflet de l’élection européenne survenant après le naufrage des socialistes aux municipales assombrit l’horizon politique alors que tous les espoirs placés par le gouvernement dans une reprise de la croissance s’effondrent l’un après l’autre. Les prévisions officielles relayées par des annonces trop optimistes sont jour après jour démenties par les faits. La consommation a reculé en avril et ce n’est pas le mois de mai avec ses multiples ponts qui modifiera la tendance. Le pays s’installe dans la stagnation avec un PIB qui va marquer le pas au deuxième trimestre comme au premier. L’immobilier, qui devrait avoir un rôle leader, est en chute libre, la loi Duflot ayant cadenassé le marché par des réglementations aberrantes, créant ainsi un déficit de construction de 200 000 logements pas an dans un pays qui souffre d’un manque d’au moins un million d’habitations. Dans ce contexte, le chômage poursuit inexorablement sa marche en avant sans que l’Unedic envisage d’amélioration, alors qu’on approche des cinq millions d’individus privés d’activité, en tenant compte de tous les demandeurs d’emploi en fin de droit qui ont été rayés des listes.

Le gouvernement affiche un profond désarroi en commençant à prendre conscience qu’il fait fausse route. Il maintient pourtant officiellement le cap qu’il a annoncé, alors qu’il ne cesse de louvoyer entre des objectifs à moyen terme qui favoriseraient une politique de l’offre par des stimulants en faveur des entreprises et une série de retours en arrière pour soutenir à court terme une demande défaillante, comme on vient de le voir avec les baisses d’impôt concernant près de deux millions de salariés proches du SMIC, ou encore des allègements de charges pour un nombre équivalent de fonctionnaires qui constituent sa clientèle électorale. Il s’apprêterait aussi à rétablir certaines mesures en faveur des particuliers employeurs à domicile pour endiguer la flambée qui caractérise le travail au noir.

Ce faisant, le gouvernement va rouvrir toute grande la porte du déficit qui commençait à ralentir au compte-gouttes, ce qui ne fera qu’accroître les tensions avec Bruxelles. Paradoxalement, ce sont les pays du sud de l’Europe qui s’indignent de voir la France manquer à ses engagements alors qu’ils se sont infligés à eux-mêmes une sévère cure d’austérité dont ils recueillent aujourd’hui les fruits. L’Allemagne affiche pour sa part une plus grande résignation, en considérant que le cas de la France est pratiquement désespéré et qu’il faut seulement tenter d’éviter qu’elle crée des dégâts collatéraux.

Cela dit, en lâchant un peu de lest sur les revenus qui sont au bas de l’échelle, le gouvernement va créer de nouvelles distorsions. Il va maintenir hors d’eau ceux qui gagnent jusqu’à une fois et demi le Smic, alors que ceux qui sont au-delà vont se voir pénalisés. Et ces baisses ciblées d’impôt vont orienter le pays vers une politique de bas salaires, qui nous rapprochera des pays en développement, alors qu’il  faudrait au contraire encourager la production de produits hauts de gamme en favorisant les talents, ce qui permettrait aussi à terme d’améliorer les performances du commerce extérieur.

Au total, c’est l’absence de visibilité qui l’emporte dans le domaine de la politique économique, avec des mesures ponctuelles souvent contradictoires, alors que les grandes réformes restent dans les placards et que la grande ambition du pouvoir avec le pacte de responsabilité n’a toujours pas franchi le cap de la parole et n’est pas entrée dans les faits.

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