Le coup de coeur de la semaine - "Vous n'aurez pas ma haine" : ils ne tueront pas l'humanisme, le talent et la beauté.<!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
Culture
Le coup de coeur de la semaine - "Vous n'aurez pas ma haine" : ils ne tueront pas l'humanisme, le talent et la beauté.
©

Atlanti Culture

En perpétrant les crimes du 13 novembre, les obsédés de la haine ne pouvaient pas se douter que leur forfait donnerait un jour naissance à un spectacle de théâtre superbe. Si vous pouvez y aller, ne le manquez pas.

Véronique Smée

Véronique Smée

Véronique Smée est chroniqueuse pour Culture-Tops.

Culture-Tops est un site de chroniques couvrant l'ensemble de l'activité culturelle (théâtre, One Man Shows, opéras, ballets, spectacles divers, cinéma, expos, livres, etc.).

Voir la bio »

THEATRE

D’après le récit d'Antoine Leiris. Mise en scène de Benjamin Guillard. Avec Raphaël Personnaz et au piano Lucrèce Sassella en alternance avec Donia Berriri.

INFOS & RESERVATIONS
Théâtre du Rond-Point
2 bis avenue Franklin D. Roosevelt
75008 Paris

Jusqu' au 10 décembre à 18h30, du mardi au dimanche.  
Réservations: 01 44 95 98 00 

www.theatredurondpoint.fr

RECOMMANDATION

EN PRIORITE

THEME

Antoine Leiris, alors journaliste à France Info, a perdu sa femme au Bataclan le soir des attentats du 13 novembre 2015. Trois jours après, il poste une lettre sur Facebook qui deviendra un livre publié en 2016 chez Fayard, dans lequel il raconte les douze premiers jours de cette nouvelle vie avec son fils de 17 mois.  Une expérience intime devenue un récit collectif avec cette phrase désormais connue dans le monde entier : « vous n'aurez pas ma haine ».

POINTS FORTS 

- Ce texte très personnel et intime est transmis par Raphaël Personnaz avec autant d’élégance que de pudeur. Seul sur scène, accompagné d’une pianiste que l’on devine derrière un voile blanc, et dans une mise en scène épurée, l’acteur porte le récit de cette tragédie avec une justesse et un tact exceptionnels.

- Les émotions insoutenables qui frappent son personnage sont restituées avec intensité sans jamais se départir de la sobriété qui caractérise ce texte.Il est rare qu’un spectacle donne à ce point le premier rôle aux mots, et qu’un texte aussi poignant parvienne  à nous faire également rire par moments.

- La précision du récit, jour par jour et heure par heure, des événements, loin d’une chronologie clinique, bouleverse au contraire par l’irruption soudaine de l’horreur dans un quotidien serein et heureux… Alors que sa femme assiste au concert du Bataclan arrivent les premiers textos qui lui demandent « tout va bien ? vous êtes en sécurité ? », suivis par la stupeur et les faits, les premières informations qui défilent sur l’écran et les commentaires des chaînes d’info sur le carnage du Bataclan…puis le téléphone qui sonne dans le vide, la nuit à courir les hôpitaux et les rues à la recherche du moindre indice qu’il ne trouvera pas. Enfin, le retour à 7h du matin pour le biberon de son fils et l’appel de sa belle-sœur, qui lui délivrera la terrible nouvelle.

POINTS FAIBLES

Je n’en vois pas.

EN DEUX MOTS

 Le spectacle est d’autant plus bouleversant qu’il révèle à quel point ces événements restent inscrits dans nos mémoires et nos inconscients. Il suffit de quelques secondes pour revivre cette soirée tragique et être touché par les mots simples et intelligents d’Antoine Leiris. On est frappé par la force avec laquelle il accepte cette terrible vérité : sa vie et celle de son enfant doivent reprendre leurs cours, inexorablement, avec eux et malgré eux.

Ce texte est un rempart contre la souffrance, et l’humanité qu’il dégage crée un lien immédiat qui ne se discute pas. Tacitement, le spectacle vient nous rappeler que nous poursuivons collectivement, à travers la culture, ce but supérieur qui s’appelle la civilisation et que nous ne renoncerons pas.

UN EXTRAIT

Ou plutôt deux:

-« Je n’oublie rien, je ne pardonne rien, je ne passe sur rien ».

-« Nous sommes deux, mon fils et moi, mais nous sommes plus forts que toutes les armées du monde (..) Il a 17 mois à peine, il va manger son goûter comme tous les jours, puis nous allons jouer comme tous les jours et toute sa vie ce petit garçon vous fera l’affront d’être heureux et libre. Car non, vous n’aurez pas sa haine non plus. »

L’AUTEUR

Né en 1981, chroniqueur culturel à France Info et France Bleu, Antoine Leiris a quitté ses activités de journaliste pour écrire ce premier livre, "Vous n’aurez pas ma haine", publié en mars 2016 chez Fayard et récompensé par le prix littéraire du Rotary d’expression française. 

Le 13 novembre 2016, un an après les attentats, France 5 diffuse son documentaire également intitulé "Vous n’aurez pas ma haine", dans lequel il interroge des victimes du 13 novembre ainsi que le psychiatre Boris Cyrulnik, le philosophe Abdenour Bidar, ainsi qu’une victime de l'attentat de la rue de Rennes commis en 1986.

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !