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Le coup de coeur de la semaine : "Coexister", le rire plus fort que tout
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Associer un prêtre, un rabbin et un imam dans une comédie déjantée mais non dénuée de bon sens, il fallait oser. Ce "Coexister" est une réussite sur presque toute la ligne.

Dominique Poncet pour Culture-Tops

Dominique Poncet pour Culture-Tops

Dominique Poncet est chroniqueuse pour Culture-Tops.

Culture-Tops est un site de chroniques couvrant l'ensemble de l'activité culturelle (théâtre, One Man Shows, opéras, ballets, spectacles divers, cinéma, expos, livres, etc.).
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CINEMA
« COEXISTER » 

DE FABRICE ÉBOUÉ

AVEC AUDREY LAMY, RAMZY BEDIA, JONATHAN COHEN, GUILLAUME DE TONQUEDEC, ETC…

RECOMMANDATION : EXCELLENT

 THEME

 C’est l’histoire d’un producteur de musique à la dérive (Fabrice Eboué) qui, sous peine d’être licencié, va être sommé par sa méchante patronne  (Mathilde Seigner)  de renouer avec le succès. Un jour, il a une idée presque « insensée », celle de monter un nouveau groupe composé d’un prêtre (Guillaume de Tonquedec),  d’un rabbin ( Jonathan Cohen)et d’un imam (Ramzy Bédia). Mais ces trois là, censés chanter le « bien vivre  ensemble »  vont se révéler loin d’être des saints... 

POINTS FORTS

- En cette époque de crispations de tous ordres, quelle belle, riche et réjouissante idée, d’avoir osé écrire un film sur le vivre ensemble. Et surtout, de l’avoir fait sur le mode de la comédie. Beaucoup auraient pensé qu’il était impossible, aujourd’hui, de faire cohabiter sur un même écran, et sans que cela provoque des tollés, un prêtre, un imam et un rabbin. Pour rester dans une terminologie religieuse, il faut rendre grâce à Fabrice Eboué d’avoir eu le culot de ce scénario, et d’avoir réussi à l’imposer.

- Même s’ils poussent loin le bouchon du rire, ses dialogues évitent ces écueils redoutables que sont la provocation, le cynisme et la vulgarité. Fabrice Eboué dit que chaque vanne a été calibrée. C’est vrai. Le résultat est que, même placés dans les situations les plus « abracadabrantesques », les trois religieux du film ne sont jamais sujets à « scandale ».

- Dans l’ensemble, la distribution est plus que parfaite. Ramzy, en faux imam ripailleur amateur de porc et d’alcool, Guillaume de Tonquédec, en curé faux-cul reluquant les belles  filles,  et Jonathan Cohen, en rabbin pinailleur shooté à la coke… Tous les trois sont désopilants, ensemble ou séparément. 

Parcours sans faute aussi pour Audrey Lamy  et Mathilde Seigner, impeccables dans leurs rôles secondaires. La première campe avec une irrésistible précision une assistante gaffeuse et indécise ; la seconde s’amuse sérieusement à jouer les  intraitables working girls.

POINTS FAIBLES

- On comprend que Fabrice Eboué, qui connaît bien le milieu de la musique n’ait pas résisté à l'idée d'interpréter lui même, le rôle du producteur. Mais là où certains acteurs réalisateurs  passent haut la main cette charge d’être à la fois derrière et devant la caméra, lui, paraît comme  bridé dans son jeu. C’est dommage quand on connaît la force de propulsion comique  de ce comédien.

 - Autre péché véniel : on aurait aimé que  ce Coexister se termine, comme il s’est déroulé, par un rire à grand éclat. Sa fin (qu’on ne dévoilera pas)  nous  laisse  malheureusement un peu sur notre… faim.

 EN DEUX MOTS

Le hasard fait parfois bien les choses. Fabrice Eboué raconte que c’est en tombant  (sans le chercher) sur un clip des Trois prêtres,  ces  représentants de l’Eglise devenus chanteurs,  qu’il a eu l’idée d’en élargir le concept  aux autres religions monothéistes et de  l’utiliser comme matrice de son futur film..

Le sujet était délicat, explosif même. Il fallait trouver les bonnes tonalités, celles de l’impertinence et de la parodie. Epaulé par un trio d’acteurs au top de sa forme,  le cinéaste les a trouvées, et mieux même. Son Coexister se regarde dans un grand éclat de rire… C’est sans aucun doute, une des meilleures comédies de cet automne.

 Le rire, pour faire tomber les clivages, on n’a jamais fait mieux.

UN EXTRAIT

« Je suis de culture catholique…Mais je me suis dit que la culture chrétienne ne parlerait sans doute pas à tout le monde. Comme, en France,  on entretient un débat permanent entre les trois grandes religions monothéistes, je me suis dit : pourquoi ne pas écrire une histoire autour d’un prêtre, d’un imam et d’un rabbin ? J’ai ensuite rattaché ces personnages à l’univers de la musique que je connais bien ». ( Fabrice Eboué, réalisateur).

LE RÉALISATEUR

Né le 7 juin 1977 à Maisons-Alfort d’un père médecin d’origine camerounaise  et d’une mère, normande, professeur agrégée d’Histoire, Fabrice Eboué commence, ado, par se lancer dans le rap.  Au début des années 2000, son bac en poche, il file à Paris, se tourne vers le one-man show et joue ses propres textes dans des cafés théâtres et cabarets parisiens. Remarqué pour son humour décapant, il intègre le Jamel Comedy Club  qui le fait connaître du grand public. En dehors de la scène, il se produit régulièrement dans des émissions de télé ( T’empêches tout le monde de dormir) et de radio (On va s’gêner, les Grosses Têtes, etc..) .

C’est en 2010 qu’il intègre le monde du cinéma, avec, d’abord un second rôle dans Fatal, de Michaël Youn, puis en coréalisant, avec Thomas N’Gijol,  Case départ, son premier long- métrage. En 2014,  c’est avec Lionel Steketee  qu’il codirige Le crocodile du Botswanga.

Conforté par les succès public de ces deux films, il s’est lancé dans la réalisation en solo, avec ce Coexister, dont il a aussi écrit le scénario et dans lequel il s’est réservé un rôle.

Présenté en séance spéciale au dernier festival d’Angoulême, Coexister avait battu des records à l’applaudimètre. Il semble que le même phénomène se soit reproduit à chacune de ses avant- premières.

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