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Le coronavirus plombe les croissances chinoise et mondiale
©STR / AFP

Le point de vue de Dov Zerah

Dov Zerah, ancien directeur général de l'Agence française de développement, commente l'actualité pour Atlantico, tous les mardi. Aujourd'hui : un point sur l'épidémie de coronavirus et la liste de ses nombreux effets négatifs qui ne cesse de s'allonger.

Dov Zerah

Dov Zerah

Ancien élève de l’École nationale d’administration (ENA), Dov ZERAH a été directeur des Monnaies et médailles. Ancien directeur général de l'Agence française de développement (AFD), il a également été président de Proparco, filiale de l’AFD spécialisée dans le financement du secteur privé et censeur d'OSEO.

Auteur de sept livres et de très nombreux articles, Dov ZERAH a enseigné à l’Institut d’études politiques de Paris (Sciences Po), à l’ENA, ainsi qu’à l’École des hautes études commerciales de Paris (HEC). Conseiller municipal de Neuilly-sur-Seine de 2008 à 2014, et à nouveau depuis 2020. Administrateur du Consistoire de Paris de 1998 à 2006 et de 2010 à 2018, il en a été le président en 2010.

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La liste des effets de l’épidémie du virus « 2019-nCoV », également dénommé Coronavirus, ne cesse de s’allonger : cinémas des grandes villes fermés d’office, hôtels et restaurants à moitié vides ou fermés en pleine fête du nouvel an, suspension des voyages aériens en Chine et vers l’étranger, limitation des déplacements en Chine, villes de plus en plus désertes, évacuation des étrangers, certaines compagnies aériennes ont purement et simplement arrêté tous leurs vols vers l’Empire du milieu…

La frontière de Hong Kong avec la Chine est quasiment fermée, ce qui va accentuer la récession de la presqu’île apparue avec la crise politique.

D’effet en conséquence, la Chine est de plus en plus arrêtée, de plus en plus isolée…L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a décrété l’urgence mondiale. La Chine est en quarantaine.

Le virus frappe la Chine au moment où les perspectives de la croissance chinoise ont été revues à la baisse par les dernières prévisions du FMI, présentées au forum de Davos, de 6,1 % en 2019 à 6 % en 2020 et à 5,8 % en 2021.

La signature de l’accord commercial avec les États-Unis devait renforcer l’activité économique, mais c’était sans compter avec les effets catastrophiques du virus.

Les économistes ont déjà estimé que la croissance baisserait de 0,5 à 1,2 %, mais ces premières estimations paraissent en deçà de la réalité, ne serait-ce que parce que l’épidémie de SRAS de 2003 avait entrainé une baisse de 2 % du PIB chinois. Il faudrait actualiser l’estimation faite par la Banque mondiale en 2008 selon laquelle une épidémie grave pourrait amputer jusqu’à 5 % du PIB mondial.

Au début du millénaire, les principales composantes économiques chinoises étaient l’investissement et l’exportation. Aujourd’hui, l’économie chinoise s’appuie plus sur la consommation et les services. Aussi, Le Coronavirus va avoir plus d’impact que le SRAS sur l’économie chinoise.

Le virus a créé une contagion sur les marchés financiers et ceux des devises, et accru la volatilité. L’indice de la peur a fait un bond, et fait chuter les bourses européennes et américaines. Lundi 2 février, à la réouverture des marchés après les vacances du nouvel an, les Bourses chinoises ont dévissé de 9 %. Au cours des deux dernières semaines, la devise chinoise a perdu près de 2 % vis-à-vis du billet vert. Parallèlement, de nombreuses devises, le bath thaïlandais, le rand sud-africain, le peso chilien, le réal brésilien…ont perdu de 3 à 5 %.

Les autorités chinoises prennent très au sérieux les conséquences de l’épidémie. Il y a une semaine, la banque du Hubei a baissé les taux de 0,5 % pour toutes les entreprises de la province du même nom, dont la capitale est Wuhan, ville d’où est partie l’épidémie. De son côté, la banque centrale a décidé d’injecter 156 Md€ de liquidités dans le circuit économique pour amortir le choc.

Le poids de l’économie chinoise dans celle mondiale a quadruplé depuis 2003 et le SRAS. En une quinzaine d’années, la Chine est devenue la seconde économie au Monde, voire la première en s’appuyant sur le PIB en termes de pouvoir d’achat. Le PIB chinois est passé de 4 à 16 % du PIB mondial.

Le FMI prévoyait une hausse de la croissance mondiale de 2,9 % en 2019 à 3,5 % en 2020 et à 3,4 % en 2021. Cette évolution recouvrait :

  • Une hausse de la croissance indienne de 5,8 % en 2020 à 6,5 % en 2021

  • Une baisse de la croissance américaine 2,3 % en 2019 à 2 % en 2020 et à 1,7 % en 2021

  • Les prévisions de croissance du Royaume-Uni ont été revues cette semaine à la baisse par la Banque centrale, car depuis le vote sur le BREXIT, l’activité était soutenue grâce à la constitution de stocks.

Ces chiffres vont très vite être revus à la baisse à cause du Coronavirus, et nous pourrions avoir au niveau mondial une crise boursière avec une récession économique plus ou moins grave selon que la crise proche orientale fasse ou non repartir le pétrole à la hausse. L’or devient de plus en plus une valeur refuge.

L’effet sur l’économie française n’a pas encore été quantifié, mais il ne sera pas négligeable, ne serait-ce que parce que Wuhan a été choisi par Peugeot, rejoint après par Renault, et une centaine d’entreprises tricolores. Cela fait de cette ville un hub français qui a conduit, en 2012, Air France à inaugurer une liaison directe avec Paris.

Aujourd’hui peuplée de 11 millions d’habitants, cette ville a une place particulière dans l’histoire de la Chine. Point de départ en 1911 du mouvement lancé par Sun Yat-Sen, et qui a conduit à la chute de l’Empereur ; elle a même été un temps la capitale de la Chine. C’est une ville industrielle marquée par l’acier et l’automobile.

Tant par la propagation du virus que la globalisation des effets, cette épidémie est une des nombreuses manifestations de la mondialisation. Elle peut être annonciatrice d’une crise d’une intensité inégalée, tant dans sa dimension sanitaire qu’économique. Pour l’enrayer, une coordination internationale s’impose.

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