Le conflit israélo-palestinien ré-expliqué en 5 FAITS à l’attention des excités en tout genre<!-- --> | Atlantico.fr
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Les bombardements sur la bande de Gaza se poursuivent
Les bombardements sur la bande de Gaza se poursuivent
©REUTERS/Ronen Zvulun

Pour mémoire

Crimes de guerre, attaques abusives, influence de Téhéran dans le déclenchement des hostilités... Le conflit actuel entre Tsahal et le Hamas donne lieu à toutes les théories et exagérations possibles, que ce soit chez les pro-palestiniens ou les pro-israéliens. Petite analyse à froid de ce qui se passe réellement.

Frédéric Encel

Frédéric Encel

Frédéric Encel est Docteur HDR en géopolitique, maître de conférences à Sciences-Po Paris, Grand prix de la Société de Géographie et membre du Comité de rédaction d'Hérodote. Il a fondé et anime chaque année les Rencontres internationales géopolitiques de Trouville-sur-Mer. Frédéric Encel est l'auteur des Voies de la puissance chez Odile Jacob pour lequel il reçoit le prix du livre géopolitique 2022 et le Prix Histoire-Géographie de l’Académie des Sciences morales et politiques en 2023.

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La rédaction d'Atlantico a rassemblé 5 faits relatifs au conflit actuel entre l'armée israélienne et le Hamas dans la bande de Gaza, susceptibles de générer des polémiques. Cette liste a été soumise à l'apprécation du géopolitologue Frédéric Encel, pour tenter de démêler le vrai du faux.

L’enchaînement d’événements avant l’affrontement actuel

Frédéric Encel : On aurait tort de croire que l'assassinat des trois ados israéliens fin juin, ou celui de l'ado palestinien quelques jours après, a enclenché le conflit. En réalité, depuis début 2014, plusieurs dizaines de roquettes étaient tombées sur Israël. A chaque fois, Tsahal ripostait, en l'occurrence en abattant un chef militaire de l'organisation islamiste (juin). D'où contre-riposte du Hamas, etc, etc. La grave décision d'intervenir au sol n'est intervenue qu'une semaine après le déclenchement du vrai duel missiles/bombardements, lorsque le Hamas a refusé le cessez-le feu proposé par l'Egypte. Au fond, la lutte Israël-Hamas n'a jamais tout à fait cessé depuis la création en 1988 de ce dernier.

L’attitude d’Israël au cours de l’affrontement, ayant donné lieu à des accusations de crime de guerre

Pour qu'un crime de guerre soit établi, il ne "suffit" pas que des civils meurent durant un conflit, il faut qu'il y ait eu intentionnalité de les tuer. Du côté israélien, ce sera très difficile de le démonter ; d'abord parce que l'Etat juif avertit presque systématiquement par sms, tracts ou médias radio et tv de l'imminence de frappes - ce qui, du reste, ne protège pas nécessairement -, ensuite parce que le Hamas utilise tout aussi systématiquement les civils palestiniens comme boucliers, notamment dans les écoles et les hôpitaux, ce qui s'appelle en droit de la guerre un... crime de guerre. En outre, les missiles et roquettes visent les villes et villages d'Israël et non ses bases. Bref : comme à l'époque du rapport Goldstone en 2009, si le Conseil des Droits de l'homme stigmatise Israël - ce qui est parfaitement possible - il devra en faire de même pour son adversaire. Sans quoi il paraîtra déséquilibré et sera unanimement rejeté par le Conseil de sécurité. Car à la fin des fins, il y a certes disproportion quantitative dans l'emploi des armes et en nombre de victimes en faveur du "fort", Israël, mais qualitativement, ce sont tout de même aussi des civils que le "faible" tente prioritairement de frapper.

Les organes d’information de la région, et le nombre réel de morts

Vous savez, l'objectivité, surtout en temps de guerre... Les ONG humanitaires présentes sur le terrain, ainsi que les reporters pour la plupart, sont tout à fait dignes de foi et de crédit. Les Israéliens, eux, ne peuvent pas connaître précisément le nombre de Palestiniens tués, sauf approximativement celui des combattants, et s'abstiennent d'ailleurs de présenter des chiffres. Leurs drones filment beaucoup, mais Israël fournit-il toutes les données récupérées ? Sans doute pas. Quant au Hamas, il n'a aucune crédibilité. Au terme du conflit, il reviendra à l'ONU d'établir précisément ce qui s'est passé au jour le jour. 

L’utilisation par Israël de bombes à fléchettes inadaptées au combat en zone urbaine

Si c'était le cas, il s'agirait d'une première, et de mauvais augure. Car Tsahal n'a pas besoin d'employer des armes prohibées par les conventions de Genève, tant sa puissance conventionnelle est redoutable. L'armée israélienne possède deux fers de lance : ses aéronefs (avions, hélicoptères, drones) et ses blindés lourds, les Markava. En revanche, ses capacités balistiques sont assez réduites, excepté bien entendu le nucléaire. Dans une géographie urbaine extrêmement dense comme celle de Gaza, et sur un sol aussi sablonneux, Tsahal rencontre le piège classique des armées puissantes opposées aux guérillas urbaines déterminées. Sachant que cette fois, la quantité et la modernité des tunnels creusés depuis Gaza jusqu'aux villages israéliens voisins a surpris l'armée et le gouvernement, un peu comme en 2006 au Liban avec le Hezbollah. Cela explique entre autres la virulence sans précédent à Gaza de l'offensive israélienne. Sans doute les services de renseignement auront-ils à s'expliquer sur cette sous-évaluation des tunnels, face auxquels toute la puissance de feu de Tsahal ne peut pas grand chose ; c'est aux fantassins et au génie d'y aller...

L’influence de l’Iran sur la décision du Hamas de tirer des Roquettes      

Faible. L'Iran ne prédomine plus à Gaza depuis plusieurs années, le Qatar pourvoyant à présent à l'approvisionnement du Hamas en argent frais. Par ailleurs, on semble s'acheminer entre les Occidentaux et Téhéran vers un apaisement sur le dossier nucléaire ; si tel était le cas, les risques de guerre entre Israël et la République islamique se réduiraient à néant.

Propos recueillis par Gilles Boutin

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