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Le cirque continue a l'élysée.
Le cirque continue a l'élysée.
©Reuters

L'Édito de Jean-Marc Sylvestre

Entre un François Hollande qui fait plier Pierre Gattaz et un Premier ministre qui traite royalement les patrons étrangers à Matignon hier soir, entre la réunion "d’un Conseil stratégique de l’attractivité" et "le Comité des contreparties", sans parler du "Haut conseil de la dépense publique"... On va-t-on ?

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre a été en charge de l'information économique sur TF1 et LCI jusqu'en 2010 puis sur i>TÉLÉ.

Aujourd'hui éditorialiste sur Atlantico.fr, il présente également une émission sur la chaîne BFM Business.

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Tout ce qui s’est passé ce week-end, préfigure, en fait, le cirque de la communication politique qui vise à poursuivre l’évolution social-libérale sans pour autant perdre ce qui reste de l'électorat de gauche pour François Hollande.Depuis son voyage aux États-Unis, le président de la République n’en finit pas de faire le grand écart.

Acte 1 : Il part en Amérique comme un prédicateur monte en chaire, le dimanche à la grand’messe, bien décidé à convaincre son petit monde, qu’il a changé , que la France a changé et que l’ensemble du pays s’est engagé sur une logique libérale. La France s’est ouverte à la concurrence, les entreprises auront les moyens de l’assumer.  A la maison, en revanche, on digère mal cette mutation, mais on est bien obligé de l’accepter. Il n’y a pas d’autres solutions.

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Acte 2 : Toujours  en Amérique, Pierre Gattaz, invité du président, consent à dire que les engagements pris en contrepartie des baisses de charges sont du pipeau. Pierre Gattaz ne dit pas cela pour faire le malin (encore que) ou pour le plaisir de trahir le président. Il dit cela pour rassurer ses troupes qui le soupçonne de s’être engagé un peu loin.

Acte 3 : La gauche française profite de l’occasion pour dire qu'’elle avait raison : le patronat français ne peut pas être loyal. "On vous l’avait bien dit, Monsieur le Président". Jean-Luc Mélenchon pourfendeur devant l’éternel de toutes les idées libérales s’en donne lui aussi à cœur joie.

Acte 4 : François Hollande rééquilibre le jeu en déroulant le tapis rouge aux investisseurs étrangers. A Matignon, au dîner de gala offert par Jean-Marc Ayrault, le discours officiel était : "Ne vous inquiétez pas de ce que raconte les hommes politiques et la presse qui exagèrent toujours, la France a conservé toutes son attractivité". Il y a là 30 patrons  d’entreprises internationales qui représentent 100 000 emplois dans l’hexagone et qui,  tous les matins doivent donner  à leur bord américain ou allemand de bonnes raisons pour rester en France.

Acte 5 : François Hollande va donner ce lundi toutes les assurances possibles et imaginables pour que les chefs d’entreprises abandonnent leurs projets d’exil fiscal et pour que les investisseurs étrangers renouvellent  leur bail d’installation en France. Le  président de la République va le dire officiellement : tous les moyens seront mis en œuvre pour que les investissements étrangers se développent en France. Moyens sociaux, d’équipement et de … fiscalité.

Un coup à droite dans les faits, un coup à gauche dans les discours pour ne désespérer si la CFDT, ni la CGT ; un effort significatif pour améliorer la compétitivité des entreprises et une promesse de contreparties en emplois  pour ne vexer personne ; un gros plan sur les résultats d’entreprise ; une contreplongée sur les rémunérations de fonctionnaires…

François Hollande peut-il faire ce type de grand écart encore très longtemps ? Le souffle donné  par la conférence de presse qui détaillait les ambitions est un peu tombé. Plus grave actuellement, il n’a pas de majorité pour faire voter les dispositions fiscales du pacte de responsabilité. Mais il peut les imposer par ordonnances.

Son pari c’est de passer les élections  municipales sans drame ni explosion sociale. Après les élections, les cadres de la gauche auront pris une telle claque qu’ils n’auront pas d’autres solutions que de s’accrocher à un François Hollande. Et ils accepteront à peu près tout ce que le président mettra en scène. Sans ces conditions, et après les élections, François Hollande peut remanier le gouvernement et changer de premier ministre.

Il peut comme beaucoup de patrons lui suggèrent de faire, constituer une équipe resserrée et formée de cadres techno avec une vague coloration de gauche, mais surtout très pragmatiques. Les candidats possibles sont Louis Gallois, Pascal Lamy, ou encore Jean Peyrelevade.

Mais il peut aussi, plus probablement choisir des politiques convaincus de la nécessité d’une ligne social-libérale, comme Laurent Fabius, Manuel Valls, Jean-Yves Le Drian, ou Michel Sapin.

Mais avec François Hollande, rien ne presse. Demain c’est loin. 

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