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La voiture a-t-elle perdu son pouvoir d'attraction ?
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Vrouuuum

Posséder une voiture coûte cher. Selon un sondage CSA, les Français n'auraient plus les moyens de posséder une voiture et se tourneraient de plus en plus vers des solutions alternatives.

Christophe Bourroux

Christophe Bourroux

Christophe Bourroux est le spécialiste de l'automobile de RTL.

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Atlantico : Selon un sondage CSA paru jeudi 4 avril, il apparait que posséder une voiture est devenu un luxe pour 50% des français et qu'ils seraient beaucoup moins accrocs. Dans le même temps, l'attention se focalise sur le salon de l'automobile de Shanghaï. Y a-t-il un désamour de l'automobile?

Christophe Bourroux : Ce désamour n'est pas réel, c’est une vision très « bobo parisien ». Le nombre de voitures circulation est phénoménal. Idem pour les ventes qui sont proches des deux millions par an, ce qui reste beaucoup en temps de crise comparé à d’autres pays comme l’Espagne, le Portugal et la Grèce.  En France, il y a plutôt une forme d’attentisme par rapport à la voiture qui est dû à ce que déclare le gouvernement. Un jour il parle de taxer le diesel, le lendemain,  c’est l’électrique : bref, les gens attendent. Le deuxième facteur,  c’est que les  voitures sont plus solides et fiables qu’avant. Du coup, on les garde plus longtemps. Mais quand on pose la question aux gens de ce qu’ils achèteront en premier s’ils gagnent une grosse somme d’argent, ils vous répondront une voiture. C’est un objet de rêve. Ce qui change c’est le contexte et cette crainte en l’avenir.  Les frais des ménages sont multipliés entre Internet, les portables et autres : on retarde du coup le moment où on va s’acheter une voiture.

Le sondage révèle également que le budget annuel consacré à la voiture a flambé en 5 ans : pourquoi conduire coûte-t-il aussi cher

Globalement, on oublie avant tout de dire qu’une voiture neuve coûte moins cher aujourd’hui qu’à l’époque. On disait avant qu’une 2CV, c’était deux ans de salaire. Ce n’est plus le cas aujourd’hui.  Il y a de plus en plus d’offres intéressantes avec des Fiat à 8000 euros. Ce n’est même pas le prix d’un scooter 125! Après ce qui est évident, c’est que le marché automobile subit les mêmes fluctuations que tous les marchés.  Mais au final, c’est un marché qui fonctionne.  Les entrées de gamme ou le très haut de gamme cartonnent. C’est seulement la voiture moyenne, la berline classique, qui est en perte de vitesse.  Ce qu’il est important de noter également, c’est que les gens roulent peu, 11.800 kilomètres par an en moyenne et que finalement, le prix de l'essence qui augmente n'a que peu d'impact sur leur pouvoir d'achat. Mais conduire a malgré tout un coût entre le coût des réparations qui augmente (les voitures sont de plus en plus sophistiquées donc quand on doit les réparer, ça fait très mal), les péages et le prix des assurances.

Avant la voiture était presque un objet de culte, une démonstration sociale et aujourd’hui un élément de servitude : pourquoi ce shift ?

Je ne crois pas que les choses aient autant changé. La voiture reste un objet de désir. Ca se voit d’ailleurs à la réaction des gens sur les émissions dédiées à l’automobile par exemple. Ils adorent en parler,  demander des conseils. Il n’y a pas le même engouement autour des téléviseurs et des frigos et pourtant, les gens en achètent.  Plutôt qu’un shift, je dirai qu’il y a un facteur d’énervement. En effet, tout l’attention  se porte sur l’automobile : le prix des PV, les radars, le prix des autoroutes, l’essence. Dès qu’il y a des mesures fiscales, elles sont pour l’automobile. Il y a un ras-le-bol sur le côté systématique des automobilistes qui trinquent.  Quand on parle pollution, on s’en prend tout de suite aux voitures. Certes, elles polluent mais il y a d’autres sources dont on ne parle jamais. En fait, les automobilistes se sentent coupables. Et ne pas oublier, que si un parisien sur deux n’a pas de voiture,  les gens de la campagne en ont clairement besoin.

Ce changement de mentalité va-t-il faire les beaux jours de la location de voiture ? Des sites d’auto-partage : bref en un mot, quel est l'avenir de la voiture ?

La location de voiture reste un peu cher et puis demande une réelle organisation : il faut aller la cherche le vendredi, la ramener le lundi. Bref, peu pratique.  L’auto-partage, en revanche, a vraiment de l’avenir, ça va se développer.

En fait, on  va aller de plus en plus vers une voiture qui nous ressemble. On va la personnaliser de plus en plus. On veut désormais une voiture qui se différencie.  On mise plus sur l’équipement.  La motorisation n’est plus aussi importante car la vitesse fait moins rêver (et peut coûter cher avec les radars). Et en termes de service, les gens vont attendre plus de choses : de la réparation à domicile par exemple.

Une chose est certaine : il y aura toujours cette volonté d’acheter une voiture. L’acte d’achat reste un moment fort. Les gens viennent en famille voir le produit en concession. C’est un achat utile et plaisir. En fait, les gens attendent des solutions.  Aujourd’hui, ils ne savent plus quoi acheter comme voiture : diesel ou pas ? Hybride ou électrique ? Quel modèle sera taxé ? Il y a un climat d’incertitude donc du coup, les gens attendent. A ça se greffe bien entendu la crise mais elle ne casse pas le mythe de la voiture.

Pour résumer, les Français ne sont pas moins accrocs à la voiture, c’est juste qu’on leur met de plus en plus de bâtons dans les roues. Mais elle garde sa place symbolique. La preuve : chaque mois, on donne le nombre d’immatriculations. Ces chiffres sont la preuve qu’elle est un objet de référence, un objet suprasensible et qui intéresse beaucoup de monde.

Propos recueillis par Valérie Meret

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