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La schizophrénie d’Europe Ecologie-Les Verts : peut-on voter non au traité budgétaire européen tout en restant au gouvernement ?
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Vertes gamineries

Le conseil fédéral d'Europe écologie - Les Verts a été animé ce week-end. Au programme, le traité budgétaire européen, auquel s'opposent à l'unanimité les écologistes. De lourdes dissensions voient le jour sur la conduite à tenir lors du vote à l'Assemblée nationale.

Erwan Le Noan

Erwan Le Noan

Erwan Le Noan est consultant en stratégie et président d’une association qui prépare les lycéens de ZEP aux concours des grandes écoles et à l’entrée dans l’enseignement supérieur.

Avocat de formation, spécialisé en droit de la concurrence, il a été rapporteur de groupes de travail économiques et collabore à plusieurs think tanks. Il enseigne le droit et la macro-économie à Sciences Po (IEP Paris).

Il écrit sur www.toujourspluslibre.com

Twitter : @erwanlenoan

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Les Verts sacrifient l’Europe à leurs bisbilles politicardes : ils devraient quitter le Gouvernement ! Daniel Cohn-Bendit a (au moins) un mérite : il confronte les Verts (EELV) en particulier et la Gauche en général à leurs contradictions, notamment européennes. En déclarant qu’ « on ne peut pas voter non (au traité européen) et rester au gouvernement », l’éternel trublion a mis les pieds dans le plat d’une crise bien plus grave qu’il n’y paraît.

En profond désaccord sur la vision de la France et de l’Europe, les Verts doivent partir !

Cette semaine, c’est la question européenne qui revient en force : une partie des Verts hésite à voter « non » au traité « TSCG ». Le problème, c’est qu’il ne s’agit pas d’un texte anodin : au contraire, le traité porte sur des points fondamentaux de la politique gouvernementale. D’abord, il affecte la souveraineté de la France : il poursuit en effet dans la voie de la construction européenne engagée il y a un demi-siècle, qui organise progressivement (et sans le dire vraiment) une fédéralisation de l’Union européenne. Ensuite, le texte constitue un point d’accord économique sur la vision de la croissance entre les pays de l’Union. Les Verts peuvent évidemment ne pas partager ces orientations. Ce qui complique leur position, c’est qu’ils appartiennent à un gouvernement qui, lui, les soutient ! Pire, alors que Jean-Vincent Placé et François de Rugy (les "leaders" d’EELV au Parlement) reprochent au texte d’encourager « l’austérité », leur homologue socialiste à l’Assemblée explique lui que, grâce au Président Hollande, « l’austérité n’est plus l’horizon indépassable des peuples européens ». On fait difficilement plus incompatible !

La crise de la Gauche et de l’Europe

Cette tension sur le TSCG révèle en réalité une crise bien plus profonde et grave du rapport de la Gauche à l’Europe. Par convictions, une partie de l’actuelle majorité et de ses alliés pensent que la construction communautaire, qui repose sur le libre marché et la démocratie qui lui est consubstantielle, n’est pas appropriée. Ils rêvent d’une « autre » Europe. Par tactique interne, certains des leaders de Gauche s’étaient opposés à la ratification de la Constitution européenne. Depuis 2005, ce dénigrement de l’Europe s’est poursuivi, s’inscrivant dans la stratégie anti-Sarkozy. Puisque le précédent Président faisait de l’UE son cheval de bataille, il fallait la décrédibiliser. Après presque une décennie de ce discours, il en ressort sans surprise que les électeurs de gauche sont très sceptiques sur l’Union européenne. Assez paradoxalement, ils le sont même devenus bien plus que les électeurs UMP !

L’Europe sacrifiée sur l’autel des ambitions d’EELV

Admettons, pour le jeu, l’hypothèse que les Verts et Gauche anti-européenne ont peut-être raison. Quand on entend leur discours économique et politique, c’est très improbable ; si l’Europe est en crise politique profonde, si les élites administratives et politiques françaises se détournent de l’Union européenne, si les citoyens ne comprennent plus rien à Bruxelles (ce que personne ne semble prendre en compte)… ce n’est certainement pas dans les cris altermondialistes ni l’économie verte que se trouvent les solutions. Mais la question n’est pas là : celle qui se pose, c’est celle de la cohérence de l’action gouvernementale. D’un parti qui apportait une nouvelle préoccupation dans l’agenda public (l’écologie), les Verts sont devenus un groupuscule obsédé par les tractations et les jeux politiciens pour assurer des postes gouvernementaux et électoraux à des personnalités qui n’en auraient jamais eus autrement. A tel point que les membres EELV de la majorité n’en sont plus à une compromission ou contradiction près. A tel point qu’ils sont prêts à sacrifier l’Europe à leurs bisbilles et à la satisfaction de leurs égos.

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