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Attentat "homophobe" ? Quand la presse oublie de préciser qui était le tueur d'Orlando...
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La vérité qui ne passe pas

L'orientation religieuse d'Omar Mateen est pourtant connue. Mais le journalisme français oscille entre le politiquement correct et la paresse.

Benoît Rayski

Benoît Rayski

Benoît Rayski est historien, écrivain et journaliste. Il vient de publier Le gauchisme, maladie sénile du communisme avec Atlantico Editions et Eyrolles E-books.

Il est également l'auteur de Là où vont les cigognes (Ramsay), L'affiche rouge (Denoël), ou encore de L'homme que vous aimez haïr (Grasset) qui dénonce l' "anti-sarkozysme primaire" ambiant.

Il a travaillé comme journaliste pour France Soir, L'Événement du jeudi, Le Matin de Paris ou Globe.

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L'assassin ne sera pas entièrement nommé. Certes on donnera son nom : Omar Mateen. Mais on évitera autant que faire se peut d'écrire qu'il était musulman. On dira – comment faire autrement ? – qu'il était djihadiste. On s'interdira d'annoncer que c'était un terroriste islamiste. C'est la routine. Habituelle, monotone, et lassante. Et si vous insistez pour que les choses soient dites et nommées, on vous répondra sur un ton arrogant et supérieur de celui qui sait : "c'est plus compliqué que ça".

Même aux États-Unis, Barack Obama, dont on connaît les blocages pathologiques concernant certains mots, a refusé de désigner l'idéologie qui a inspiré le tueur. C'est plutôt lamentable et ça donnerait presque envie de voter pour un déjanté nommé Trump. Heureusement que la presse américaine, toutes tendances confondues, est libre. Libre de dire la vérité. Elle n'a rien caché des orientations religieuses (l'expression s'impose puisqu'on a bien parlé des orientations sexuelles des victimes) d'Omar Mateen. Et comme elle fait son travail, elle a réussi à éclairer une part, peu évidente au départ, de la personnalité du tueur : il était lui aussi gay.

Les détails abondent. Il a été vu un nombre incalculable de fois au Pulse, le bar gay où a eu lieu la tuerie. Bourré le plus souvent. Il était accro à un site de drague homosexuelle sur Internet. Les gays qui l'ont rencontré le décrivent comme un être bizarre. Un de ses compagnons de rencontre dit s'être éloigné de lui après qu'il a sorti un couteau suite à une plaisanterie sur sa religion. Son ex-petite amie affirme qu'il était, ou qu'il est devenu, gay. Seul son père dit le contraire. Mais comme il se prétend président de l'Afghanistan, personne n'accorde beaucoup de crédit à ses propos…

S'il y a une chose sur laquelle tout le monde s'accorde en revanche, y compris dans la presse française, c'est que les victimes étaient bien homosexuelles, elles. Ça dégouline et ça déborde. Homophobie, homophobie, homophobie ! Ça permet, c'est facile et ça ne mange pas de pain, de rattacher le drame d'Orlando à ce qu'il se passe en France. Aux abominables homophobes de la Manif pour tous. À tous ceux, encartés bien sûr à droite, qui chez nous persécutent et stigmatisent les gays, à défaut de les tuer.

Mais essayez donc de dire que l'assassin était un musulman radicalisé. On vous sommera aussitôt d'arrêter ces simplifications stigmatisantes ! Vous vous risquez à énoncer qu'en terre d'Islam l'homophobie est institutionnalisée, que l'homosexualité est punie de mort dans une dizaine de pays musulmans, que Daesh exécute les homosexuels quand c'est en son pouvoir ? D'un air suspicieux on vous demandera sur quel site "américano-sionniste" vous avez lu ça ! Vous affirmez qu'Omar Mateen était gay ? On vous rétorquera que "c'est certainement plus compliqué que ça".

L'affaire est  entendue et jugée. Sans débat. Sans discussion. C'est la force, la seule force de ceux qui dès qu'il y a du sang ne veulent pas entendre le mot "Islam". Ils ne veulent pas, surtout pas, entendre la vérité sur Omar Mateen, sans quoi il leur faudrait s'incliner devant une vérité pas si compliquée que ça : un musulman fanatisé a tué 50 jeunes Américains…

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