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La poussée des droites va obliger l'Europe à changer de politique économique
©PHILIPPE HUGUEN / AFP

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La montée des droites conservatrices et radicales peut changer en profondeur le fonctionnement de l'Union européenne à condition que toutes ces droites nationales s'entendent, ce qui n'est pas acquis.

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre a été en charge de l'information économique sur TF1 et LCI jusqu'en 2010 puis sur i>TÉLÉ.

Aujourd'hui éditorialiste sur Atlantico.fr, il présente également une émission sur la chaîne BFM Business.

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Pour les milieux d'affaires, la question est de savoir si les droites européennes, qui sont désormais majoritaires, seront capables de mener une politique économique libérale mais protectrice des intérêts européens. C'est possible à condition de s'affranchir des rivalités nationales, car dans chacun des grands pays européens (la France, l'Allemagne et l'Italie qui formeront le noyau dur de l'UE), chacun a une lecture très nationale de ce qu'il faut faire sur le plan économique. La question est de savoir si les grandes familles de droite peuvent s'allier afin de modifier le fonctionnement stratégique de l'Union européenne.

En France, en Allemagne et en Italie, les poussées de la droite sont très spectaculaires, car dans chaque pays, cette modification de la carte électorale va provoquer des changements importants.

- En France, les résultats du RN de Jordan Bardella ont déjà engendré un véritable séisme politique avec la décision très surprenante du président Macron de dissoudre l'Assemblée nationale. Personne n'est capable de dire ce qui résultera des élections législatives, mais tout le monde se doute que l'avenir de la gouvernance française sera différent, car Emmanuel Macron, déjà fragilisé, ne pourra pas en sortir renforcé. 

- En Allemagne, la droite nationaliste et radicale est arrivée en deuxième position derrière le parti conservateur CDU-CSU. L'AfD (Alternative pour l'Allemagne) a récolté 16 % des votes, passant ainsi devant les sociaux-démocrates du SPD. Pour Olaf Scholz, il s'agit du pire score jamais enregistré par ce parti pour ce scrutin. En 2019, il avait déjà essuyé une défaite historique, son pouvoir est donc très fragilisé. 

- En Italie, le parti d'extrême droite de la cheffe du gouvernement italien, Giorgia Meloni, est arrivé en tête des élections européennes avec près de 30 % des suffrages, ce qui la conforte en interne comme au niveau européen.

Cette vague de droite a touché la quasi-totalité des pays de l’Union européenne. Ce qui signifie que le mécontentement touche toutes les populations. 

Ce qui est important, c'est que dans les deux plus grands pays d'Europe, la France et l'Allemagne, les dirigeants sont en situation très compliquée parce que minoritaires. 

Ce qui est important, c'est qu'à Bruxelles, l'équilibre politique n'est pas bouleversé, mais il penche à droite. 

Ce qui est important, c'est de savoir si ces droites européennes vont réussir à s'entendre pour impacter la Commission de Bruxelles et l'obliger à modifier son mode de fonctionnement et à définir une nouvelle stratégie. Cette droite est attendue sur de nombreux dossiers :

- Le premier concerne l'immigration. Ces trois droites peuvent se mettre d'accord pour limiter l'immigration et opter pour une immigration choisie pour des raisons économiques.

- Le deuxième dossier concerne les relations économiques internationales. Les droites allemandes et italiennes sont beaucoup plus favorables au commerce international et au libre-échange que la droite française. Mais les chiffres sont têtus, l'Europe a intérêt au libre-échange à condition que celui-ci soit régulé et négocié. L'exemple qui inspire ces droites européennes est américain avec l'administration actuelle, qui met en place en réalité un plan de protectionnisme sous couvert d'inflation. C'est de ce dossier que dépendent les capacités de l'Union européenne à favoriser la relocalisation industrielle et le développement des industries liées à l'IA.

- Le troisième dossier concerne la politique extérieure et notamment les relations avec l'Ukraine, la Russie et la Chine. Les droites européennes sont loin d'être sur la même longueur d'onde. Tout dépendra de la personnalité élue à la Commission.

- Le quatrième dossier concerne la lutte pour l'environnement, car les écologistes sont les grands perdants de cette élection ; ils ont quasiment disparu. Cela pose la question de ce que deviendra le Green Deal, notamment l'objectif d'arrêter les voitures thermiques en 2035 alors que toute l'industrie sait très bien que les Européens ne seront pas prêts pour assumer une telle révolution.

L'Union européenne ne va pas disparaître après ce raz-de-marée, mais elle va changer profondément dans ses objectifs et son fonctionnement.

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