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La police des polices à portée de clic pour tous les citoyens : avancée démocratique ou usine à gaz dangereuse ?
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Plaintes en ligne

Manuel Valls a annoncé dimanche soir sur M6 qu’à partir du 1er septembre les citoyens pourront se plaindre des dérapages policiers directement à l’Inspection Générale de la Police Nationale (IGPN), la « police des polices », sans autre intermédiaire qu’un site internet.

Atlantico : Manuel Valls a annoncé dimanche soir sur M6 qu’à partir du 1er septembre les citoyens pourront se plaindre des dérapages policiers directement à l’Inspection Générale de la Police Nationale (IGPN), la « police des police », sans autre intermédiaire qu’un site internet. Cette réforme participe de la volonté affichée du Ministre de l’intérieur de renforcer la déontologie policière. Comment cela est-il perçu dans les rangs de la Police ? Peut-on parler d’avancée démocratique ?

Céline Berthon : La Police n’a pas à rougir de sa pratique déontologique. L’ouverture aux citoyens d’un outil permettant de faire connaître des motifs de mécontentement ne nous paraît pas scandaleuse. Jusqu’à présent, il y avait possibilité de venir se plaindre directement à l’Inspection Générale des Services (l'IGS, qui dépend de la Préfecture de Paris, ndlr). L’IGPN, qui sera désormais présente sur tout le territoire, ne l’est pas pour autant dans tous les endroits où il y a des commissariats. C’est pourquoi un système intermédiaire est mis en œuvre de manière centralisée.

Il nous semble intéressant que la Police soit exemplaire dans ce domaine-là. Comme tout phénomène nouveau, il existe un risque de succès important dans un premier temps. Il nous semble important qu’un minimum de suivi soit effectué pour s’assurer que la place ne soit pas donnée à toutes les dénonciations fantaisistes et mensongères.

Si cela marque le point de départ d’enquêtes qui le méritent, cela nous semble parfait. En revanche, si c’est un endroit où l’on vient raconter tout et n’importe quoi sans aucun risque, cela nous convient beaucoup moins.

Comment vous positionnez-vous par rapport à certaines critiques appuyées provenant d’autres syndicats de police ?

Nous pouvons comprendre les positions de certains de nos camarades syndicalistes, si l’on considère qu’il s’agit d’un acte de défiance. Si tel est le cas, alors oui, on peut le condamner. Mais une fois encore, c’est davantage un acte de transparence. Contrairement à ce qu’on essaye de faire croire à droite et à gauche, la Police nationale a un code de déontologie depuis 1986. A cet égard, elle est exemplaire. Cette capacité qu’elle a à s’ouvrir aujourd’hui l'est également. D’autres institutions pourraient probablement s’en inspirer. Mais il ne s’agit ni de jeter le discrédit, ni de laisser la place à des dénonciations calomnieuses. Dans ce dernier cas, nous attendons de notre institution qu’elle protège les policiers.

A partir de l'expérience parisienne, est-on en mesure de prévoir concrètement la suite des événements une fois que le système aura été étendu au niveau national ?

Le système à Paris est légèrement différent, car il faut se présenter au guichet de l’IGS pour se plaindre en cas d’abus policier. Il est difficile de prévoir en termes de masses. Si, une fois que les signalements sont recueillis et que la démarche mise en œuvre par l’Inspection générale aboutit à contacter les gens qui se sont manifesté et à les responsabiliser sur la nature de leur déclaration, nous devrions arriver à nous concentrer sur les faits les plus sérieux.

Cette mesure est-elle de nature à rétablir la confiance ou au contraire à creuser la défiance à l’égard des forces de l’ordre ?

Cette mesure fait la démonstration que la Police n’a pas à pâlir de sa relation de transparence avec la population. La Police n’a pas à avoir peur. C’est la démonstration qu’elle est ouverte à cette relation.

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