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La pétaudière fiscale socialiste
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Zigzag

Le gouvernement présente ce mercredi un projet de loi de finances (PLF) pour 2014 axé sur un seul objectif, faire des économies : 15 milliards de dépenses en moins et 3 milliards d'impôts en plus sont prévus.

Anita Hausser

Anita Hausser

Anita Hausser, journaliste, est éditorialiste à Atlantico, et offre à ses lecteurs un décryptage des coulisses de la politique française et internationale. Elle a notamment publié Sarkozy, itinéraire d'une ambition (Editions l'Archipel, 2003). Elle a également réalisé les documentaires Femme députée, un homme comme les autres ? (2014) et Bruno Le Maire, l'Affranchi (2015). 

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Assez de gestionnite aigüe, ce «  satané débat » sur les  impôts qui mine le moral des Français, « et qui pourrait devenir notre boulet », parlons plutôt de ce qui va bien : une rentrée scolaire réussie, la reprise économique qui se profile (peut-être) à l’horizon !

Le message de Claude Bartolone, le président de l’Assemblée Nationale aux parlementaires socialistes réunis à Bordeaux, se voulait mobilisateur, mais le discours a fait long feu. Car impossible de couper à ce « satané débat ». Il  va encore durer des semaines puisque, après avoir été adopté en Conseil des ministres ce matin, le budget 2014 va venir devant le Parlement en octobre et novembre. Et le Premier ministre ne l’a pas esquivé, puisque, quelques heures plus tard, à la même tribune, Jean-Marc Ayrault  lançait, bravache : « J’assume d’avoir été obligé d’augmenter les impôts…N’allons pas sur le terrain de la droite et de l’extrême droite. La question, c’est à quoi sert l’impôt .Nous revendiquons que l’impôt, c’est pour financer des priorités ».

Deux postures révélatrices du débat au sommet de l’Etat à propos de la fiscalité proprement dite et aussi de la recherche du discours à tenir aux Français. Ce débat , qui se déroule au grand jour, crée la confusion dans les esprits et donne aux contribuables une fâcheuse impression de « pétaudière », dont les conséquences électorales pourraient s’avérer désastreuses aux prochaines municipales, car il révèle aussi les divergences de vues au sein de la majorité et singulièrement au sein du PS .

Les députés qui retrouvent les bancs de l’Assemblée ont entendu leurs électeurs (et les autres), exprimer leur «  ras le bol fiscal » ; ils ont découvert que de nombreux ménages modestes (plus d’un million) sont désormais imposables, à cause du gel des barèmes (décidé sous Nicolas Sarkozy et maintenu pendant la première année du quinquennat de François Hollande), mais aussi à cause de la re-fiscalisation des heures supplémentaires à laquelle ils avaient applaudi en arrivant au pouvoir.

L’aile gauche du PS considère que le gouvernement est trop généreux avec les entreprises et exige des mesures en faveur du pouvoir d’achat pour les plus modestes, quitte à creuser les déficits ;  ils savent se faire entendre à défaut d’obtenir gain de cause. Les  plus «  libéraux » auraient voulu un geste sur les heures supplémentaires, pour les plus modestes également. Ils se sont déjà vus opposer une fin de non recevoir , car la fiscalisation des heures supplémentaires est un marqueur de la gauche.

Ce n’est là qu’un exemple  de la controverse autour du budget dont le débat s’annonce agité au sein du PS  et sous le feu des attaques de la droite. Celle-ci aura beau jeu de dénoncer les contradictions et les hésitations de la politique économique du gouvernement qui a multiplié  les couacs dans ses annonces depuis la rentrée. Comment s’y retrouver quand on entend successivement le ministre des Finances dire qu’il comprend le « ras le bol fiscal » des Français , que dans la même veine, le président de la République annonce une « pause » , aussitôt démentie par le Premier ministre aux prises avec la réalité des chiffres ? Comment expliquer que l’on veut réduire les déficits publics en faisant des économies sur les dépenses de l’Etat , mais simplement en gelant leur augmentation, soutenir les ménages les plus modestes, tout en encourageant (avec des mesures appropriées) les entreprises à investir et à embaucher ? Comment faire comprendre que l’on va créer de nouvelles taxes, telle la taxe carbone, qui seront indolores, mais qu’en revanche le futur Excédent Brut d’Exploitation pour les entreprises rapportera, lui, 2,5 milliards d’euros aux Caisses de l’Etat ? Comment insuffler la confiance aux Français, les encourager à consommer, afin d’amplifier la reprise économique ? Claude Bartolone a tapé là où ça fait mal en parlant du  « sentiment de zigzag que nous donnons en cette rentrée et qui accrédite la thèse du matraquage fiscal énoncée par la droite ». Mais ce n’est pas en cassant le thermomètre que l’on guérit le malade, mais avec la bonne potion qui, elle, reste à trouver !

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