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La mort de Marceline Loridan-Ivens : la femme qui n'avait pas peur des racailles...
©DOMINIQUE FAGET / AFP

Le courage comme seule vertu

Une belle voix s'est tue. Elle va nous manquer.

Benoît Rayski

Benoît Rayski

Benoît Rayski est historien, écrivain et journaliste. Il vient de publier Le gauchisme, maladie sénile du communisme avec Atlantico Editions et Eyrolles E-books.

Il est également l'auteur de Là où vont les cigognes (Ramsay), L'affiche rouge (Denoël), ou encore de L'homme que vous aimez haïr (Grasset) qui dénonce l' "anti-sarkozysme primaire" ambiant.

Il a travaillé comme journaliste pour France Soir, L'Événement du jeudi, Le Matin de Paris ou Globe.

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Marceline Loridan-Ivens fut, avec Simone Veil, une des plus jeunes déportées d'Auschwitz. Vivre à l'ombre des chambres à gaz crée des liens. Les deux femmes devinrent amies pour toujours. Il est probable que la mort récente de Simone Veil a ôté a Marceline Loridan-Ivens l'envie de vivre plus longtemps.

Quand elle revint des camps de la mort elle plongea dans les années folles et insouciantes de Saint-Germain-des-Prés . Elle vécut, dansa et eut de belles liaisons amoureuses. Puis elle épousa le cinéaste Joris Ivens. Avec lui elle tourna nombre de documentaires.
Apres sa mort, elle commença à tourner, seule, des documentaires sur Auschwitz et la Shoah. Inlassablement elle les présentait dans les écoles. Il y a trois ans Marceline Loridan-Ivens écrivait un très beau livre : "Et tu n es pas revenu". "Tu" c'était son père dont Auschwitz fut le cimetière. 
Pour son livre elle fut invitée a France Inter. Pour parler bien sûr d'Auschwitz et de la Shoah. Mais elle décida de parler de l'antisémitisme d'aujourd'hui. Au grand dam de Patrick Cohen qui l'interviewait.
Elle raconta sans hésiter un instant, et avec une gouaille toute parisienne, ce quelle avait vécu dans un lycée professionnel. Elle y présentait un de ses films. Pendant la projection, alors que la lumière était éteinte, on entendit des ricanements et des sifflets. Les racailles n'aimaient pas qu'on parle trop de la souffrance des Juifs. 
"Des jeunes Maghrébins" expliqua pendant l'interview Marceline Loridan-Ivens. Elle n'avait pas peur des mots... Quand la projection fut terminée elle s'adressa aux élèves : "maintenant que la lumière est revenue pouvez-vous répéter ce que vous avez fait dans le noir ?".
Il y eut un silence lourd et pesant. Alors Marceline Loridan-Ivens leur lança : "Vous êtes des lâches, vous êtes des lâches !". Qui aujourd'hui osera parler comme Marceline Loridan-Ivens.

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