Eric Woerth : "La France n’est pas condamnée au chômage de masse et à la croissance à 1%"<!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
Politique
Le député UMP Eric Woerth.
Le député UMP Eric Woerth.
©Reuters

Entretien politique

Alors que l'UMP a été rebaptisé samedi "Les Républicains" et que les barrons du parti appellent à la refondation du groupe politique, la question de l'avenir des Républicains et de ses cadres est plus que jamais d'actualité. Entretien avec Eric Woerth.

Google et Yahoo, internet

Eric Woerth

Né en 1956 dans l’Oise, département dont il est député depuis 2002, Éric Woerth a été secrétaire d’État à la Réforme de l’État sous le gouvernement Raffarin, puis ministre du Budget, des Comptes publics, de la Fonction publique et de la Réforme de l’État de 2007 à mars 2010 et ministre du Travail, de la Solidarité et de la Fonction publique en 2010 au sein des deux premiers gouvernements Fillon. Actuellement, Eric Woerth est Secrétaire général des Républicains. Les éditions de l’Archipel ont publié sa biographie du duc d’Aumale (2006). Depuis 1995, il est maire de Chantilly.

Voir la bio »

Atlantico : Vous avez été accueilli, hier au congrès de l'UMP, comme une rock star. Nicolas Sarkozy, pour sa part, vous a rendu un hommage appuyé. Cela vous touche ?

Eric Woerth : Ça m'a touché, bien sur. Autant de marques d'affection qui s'expriment de la part de tant de personnes, ça ne peut qu’émouvoir. L’accueil a été formidable et chaleureux, j'ai vraiment tenu à remercier les militants pour leur confiance et leur soutien. Quand vous avez traversé des moments difficiles, la reconnaissance, la confiance c’est toujours très important, ce sont des témoignages très sincères.

Une page est-elle vraiment tournée ou bien va-t-il falloir encore du temps pour que votre nom soit dissocié de cette affaire ? Est-ce que vous craignez qu'elle vous colle à la peau ?

Non, je n'ai pas le sentiment que ça me collera à la peau. Néanmoins, c'est une période de ma vie donc il faut le prendre comme tel , 5 ans c'est long mais je l'assume, je ne peux pas les rayer. Je n'ai aucun problème là-dessus comme je n'ai eu aucun problème pendant la durée de l'instruction, j'ai continué la vie politique, je n'ai  jamais fuit mes responsabilités même au moment les plus exposés. Ce serait donc paradoxal de le faire maintenant. Mon souhait est tout simplement de continuer de m’engager dans la vie politique.

Aujourd’hui vous dites « méfiance, n’allons pas plus vite que la justice ».

La présomption d'innocence est quelque chose de fondamental, elle ne doit pas être bafouée

Ce que traverse Jean-François Copé par exemple qui a dû quitter ses fonctions, suite à l'affaire Bygmalion, vous parait-il injuste ?

D'abord j'aime beaucoup Jean François Copé, je n'ai aucun adversaire dans mon propre parti bien au contraire. La vie politique c'est un combat constant et ça ne se mène pas seul. Bien sur, j'ai une empathie pour les difficultés qu'il traverse mais je ne veux pas prendre position sur le fond, ça n'est pas mon rôle. Mais j'imagine quelle doit être sa souffrance personnelle qu'il affronte avec beaucoup de dignité.

Cette journée d'hier marquait votre retour aux affaires politiques de manière visible ? Qu’aimeriez vous faire ?

Je n’ai jamais quitté les affaires politiques, j’ai toujours été impliqué dans la vie du mouvement auquel j'appartiens et je continuerai de la même manière.

Vous sortez mercredi un livre intitulé une crise devenue français, vous aimeriez sans doute avoir votre mot à dire sur le programme économique de l'UMP.

Bien sur mais chez les Républicains, comme dans tous les partis politiques, on trouve un peu ce que l'on y apporte. Ceux qui travaillent y trouveront toujours le droit d'y travailler et donc une reconnaissance pour les idées et l'énergie qu'il y amènent. Ça n'est pas comme dans une entreprise où il y a une certaine hiérarchie. De mon côté, j'essaie de contribuer à la réflexion économique, comme l’a souhaité Nicolas Sarkozy parce que la clé de la future élection présidentielle c'est évidemment la qualité du programme économique que l'on présentera aux français. Il n'y a pas de fatalité, la France n’est pas condamnée au chômage de masse et à la croissance à 1%.

Quelles sont donc les préconisations que vous feriez pour sortir de la crise ?

Je les ferai quand mon livre sortira.

Face à un FN protectionniste et étatiste, le programme de l’UMP a-t-il vocation à être libéral ?

Je ne me reconnais pas dans le terme de libéral parce qu’il est péjoratif en France on adore les libertés mais on n'aime pas le libéralisme. Je pense qu'il faut exacerber la capacité à créer, à oser, à innover. Et ça n'est pas en fermant les frontières, en se protégeant tout le temps que l'on avancera. Le principe même de précaution ou de prudence est un principe extrêmement dangereux pour une nation j'ai d’ailleurs moi-même fait une proposition de loi pour supprimer le principe de précaution et créé un principe d'innovation responsable il y a environ un an. Et ça peut s’appliquer à beaucoup de champs dans le domaine économique et social. Il faut remettre l’entreprise au cœur de nos préoccupations, c’est la molécule de base de la création de richesses.

Hier, François Fillon et Alain Juppé on été hué, êtes vous inquiet pour l'unité de votre famille politique aujourd’hui ?

Je voudrais consolider l'esprit collectif des Républicains et le congrès a quand même été la preuve d'un esprit collectif. Vous avez vu qu'après tout le monde a été applaudi. Mais bon, il faut savoir affronter ça car au bout du compte il y aura une compétition. La démocratie dans un parti politique c'est assumer des différences et le parti, c'est la clé de la réussite, il n'y a pas de démocratie sans parti politique et donc il faut que les partis soient forts et le but des Républicains c'est de devenir un parti politique fort.

Êtes vous d’accord avec Jean-Pierre Raffarin qui disait hier que le bon candidat ne serait pas le plus bagarreur mais le plus rassembleur ?

Personne ne sera rassembleur s'il n'est pas bagarreur, ça va ensemble. Gagner une élection présidentielle c’est une sacrée bagarre. Il faut donc évidement rassembler mais on ne peut pas rassembler sur de l'eau tiède, l'eau tiède ça ne sert à rien. Le rassemblement ne peut se faire que sur des idées fortes et une personnalité forte. Un président de la République qui serait faible ça ressemblerait beaucoup à monsieur Hollande et ça la France n'en veut plus.

Un candidat faible ce serait Alain Juppé  ?

Evidement non, quelle drôle d’idée,  je ne personnalise absolument pas mais je pense qu'il faut être à la fois bagarreur et savoir rassembler.

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !