La France aux Français? Non, le Mirail aux Miraillais<!-- --> | Atlantico.fr
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Quartier du Mirail à Toulouse.
Quartier du Mirail à Toulouse.
©Wikipédia commons

Au feu !

Le Mirail est un quartier de Toulouse. Comme naguère à la Samaritaine, il s’y passe tous les jours quelque chose. Et c’est ainsi que tout le monde connaît cet endroit qui gagnerait à ne pas être connu…

Benoît Rayski

Benoît Rayski

Benoît Rayski est historien, écrivain et journaliste. Il vient de publier Le gauchisme, maladie sénile du communisme avec Atlantico Editions et Eyrolles E-books.

Il est également l'auteur de Là où vont les cigognes (Ramsay), L'affiche rouge (Denoël), ou encore de L'homme que vous aimez haïr (Grasset) qui dénonce l' "anti-sarkozysme primaire" ambiant.

Il a travaillé comme journaliste pour France Soir, L'Événement du jeudi, Le Matin de Paris ou Globe.

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Dans les années 30, les ligues d’extrême droite défilaient en scandant : « La France aux Français ! » et : « À bas les métèques ! » (juifs, polaks, moldo-valaques, etc.). Ce n’était pas très beau, mais il y avait quand même dans ces manifestations des gens cultivés. La preuve : le jeune François Mitterrand en était. Au Mirail, pas de défilés. Mais on y crie d’une certaine façon : « Le Mirail aux Miraillais ! » Interdiction à tout étranger d’y pénétrer. Les étrangers, ce sont les flics, les chauffeurs de bus, les pompiers…

Ces derniers, étant bêtement intervenus pour une femme âgée prise d’un malaise et pour une femme en train d’accoucher, se sont fait, comme d’habitude, caillasser et frapper. Deux blessés dans leurs rangs. Une journée ordinaire, pas plus agitée qu’une autre, dans la vie du Mirail. Tous les jours, ou presque, ce quartier tient la vedette dans l’actualité française. Et en dépit de cela, aucun guide touristique n’a daigné faire figurer son nom dans ses pages.

Pour parler du quotidien de ce lieu et de ses spécificités, la presse de gauche évoque un « quartier sensible » et la presse de droite un « quartier dangereux ». Ne voulant pas prendre parti, nous dirons simplement le Mirail. Concernant les autochtones, la presse de gauche les appelle « des jeunes » et la presse de droite « des voyous ». Toujours dans le même souci de neutralité, nous dirons les Miraillais. Ces derniers, en mal d’identité et de reconnaissance, ont trouvé un héros : Mohammed Merah, un pote du quartier. Ils ont été près d’une centaine à accompagner sa dépouille au carré musulman du cimetière local. Et vous, vous accompagnez souvent un tueur d’enfants jusqu’à sa dernière demeure ?

Au Mirail, la misère est grande. Misère morale. Misère affective. Misère sexuelle. Misère sociale. Un taux de chômage record chez les jeunes. Record ? Pas tout à fait. Dans une localité peu connue, et dont la presse ne parle jamais, La Grand-Combe, les chômeurs jeunes sont aussi nombreux qu’au Mirail. Une ancienne ville minière du bassin d’Alès que la fermeture des Charbonnages de France a laissée pour morte. C’est une région de tradition protestante, et la ville, contre vents et marées, continue à voter communiste.

Il ne se passe jamais rien à La Grand-Combe, oubliée de tous et qui se sent ainsi abandonnée. Mais peut-être que ça changerait si on s’y mettait à caillasser les pompiers et à frapper les policiers ? Mais là-bas, ça ne se fait pas. Sans doute parce qu’on y écoute toujours - nostalgie, nostalgie - les chansons de Jean Ferrat, un gars du coin. Et ils écoutent quoi, au Mirail ?

A lire du même auteur : Le gauchisme, maladie sénile du communisme, Benoît Rayski, (Eyrolles éditions), 2013. Vous pouvez acheter ce livre sur Atlantico Editions.

vous pouvez achetez Pourquoi vous vous trompez tout le temps (et comment arrêter) Partie 1 & Partie 2, sur Atlantico Editions.
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