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Le comportement dépressif occupe de plus une place importante de l'activité cérébrale.
Le comportement dépressif occupe de plus une place importante de l'activité cérébrale.
©Reuters

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Une étude publiée récemment dans le magazine scientifique Behavioral Brain Research révèle que les personnes dépressives auraient une mémoire bien moins efficace que des sujets "sains". Une avancée qui ouvre des portes quant au traitement des failles mémorielles.

Michel Dib

Michel Dib

Michel Dib est neurologue à l’hôpital de la Pitié-Salpétrière depuis plus de vingt ans. Membre de la Société Française de Neurologie, il est auteur de plusieurs ouvrages scientifiques et destinés au grand public, notamment Apprivoiser la migraine aux Editions du Huitième Jour.

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Atlantico : Une étude publiée récemment dans le magazine scientifique Behavioral Brain Research révélerait que les personnes dépressives auraient une mémoire bien moins efficace que des sujets "sains". Peut-on affirmer que cette théorie est vérifiée par les faits ?

Michel Dib : Oui, et ce depuis de nombreuses années. On sait que les personnes qualifiées de "déprimées" ont effectivement une mémoire moins efficace que les personnes non-déprimées. Ainsi, lorsqu'un patient affirme qu'il souffre de troubles de la mémoire, la première cause que nous cherchons est justement la dépression, 7 cas de mémoire défaillante sur 10 étant aussi diagnostiqués avec un comportement dépressif. On utilise dans ce cas des anti-dépresseurs pour tenter de contrer les problèmes de mémoire constatés. 

L'étude qui vient d'être réalisée tente ici d'expliquer le lien entre trouble mémoriel et dépression par une éventuelle atrophie de l’hippocampe (structure gérant à la fois la mémoire et les circuits de l'humeur), les auteurs constatant que l'hippocampe des patients dépressifs était souvent moins volumineux 

Comment ce processus peut-il s'expliquer dans le détail ?

La dépression est marquée par un manque des "neuromédiateurs" (dopamine, sérotonine, acéthylcholine...) qui sont chargés de transmettre les messages d'un neurone à un autre. Le comportement dépressif occupe de plus une place importante de l'activité cérébrale, et finit par empiéter sur d'autres circuit neuronaux, en particulier celui de la mémoire. Les troubles de la concentration et de la mémorisation qui sont générés en viennent donc à perturber le fonctionnement mémoriel normal. 

Les médicaments agissant sur la mémoire le font généralement davantage sur l'acéthylcoline que sur les autres agents. Comme je vous le disais plus haut, la taille réduite de l'hippocampe joue clairement un rôle dans le développement de ce type de perturbations, et la prescription de Prozac peut généralement combler cette atrophie au bout de quelques mois, bien qu'elle finisse par revenir après l'arrêt du traitement. 

Cette découverte ouvre-t-elle des débouchés dans la guérison de la dépression ? De quelle manière ?

Cette étude permet de mieux comprendre les liens d'un phénomène que l'on connaissait déjà. Nous n'avons pas énormément de difficultés à traiter les dépressions aujourd'hui, le principal problème étant d'avantage d'empêcher la récidive. Dans ce sens, si l'idée que la dépression est bien due à une atrophie de structure cérébrale, on pourra à l'avenir travailler directement sur ce sujet et tenter d'y effectuer des corrections. L'autre enseignement important réside dans le fait que les médicaments prévus dans le traitement de la dépression fonctionnent aussi sur les failles mémorielles. On a donc un champ d'application très intéressant qui se présente à nous, puisqu'une étude de l'effet des différents anti-dépresseurs sur la mémoire permettrait déjà des avancées intéressantes en la matière. 

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