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L'union de la gauche est un combat... et le bras de fer Hamon Mélenchon fait rage
©AFP

Mélange des genres

A gauche, l'idée d'une alliance semble séduire quelques sympathisants et s’avérerait statistiquement intéressante pour permettre une qualification au second tour. Reste à savoir qui laisserait sa place, et quels sont les risques.

Maud Guillaumin

Maud Guillaumin

Journaliste à Europe 1, BFM, ITélé, Maud Guillaumin suit pour le service politique de France-Soir la campagne présidentielle de 2007. Chroniqueuse politique sur France 5 dans l’émission Revu et Corrigé de Paul Amar, puis présentatrice du JT sur LCP, elle réalise également des documentaires : « Les Docs du Dimanche », « Les hommes de l’Élysée » sur les grands conseillers de la Ve République et « C’était la Génération Mitterrand » transposé de son livre Les Enfants de Mitterrand (Editions Denoël, janvier 2010). Elle écrit également dans la revue littéraire Schnock. Elle est l'auteur de "Le Vicomte" aux éditions du Moment (2015).

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Atlantico : En cas d'alliance entre Benoit Hamon et Jean-Luc Mélenchon, qui serait le plus susceptible de renoncer à sa candidature ?

Maud Guillaumin : Sachant que Benoit Hamon est le gagnant de la primaire de la gauche avec de très nombreux électeurs, que c'est le fruit de longues tractations, qu'il a réussi à s'entendre avec les Aubristes, certains de chez Valls et du côté d'Arnaud Montebourg, je ne vois pas comment il pourrait dire, "je me désiste derrière Jean-Luc Mélenchon". Ce n'est pas possible.  Il ne faut pas oublier que pour la gauche Jean-Luc Mélenchon est celui qui a quitté et dénigre le parti. Si Benoit Hamon tend la main au candidat de la France Insoumise ce sera derrière le PS leader. 

Quant à Jean-Luc Mélenchon, on a récemment pu voir que, selon lui, Benoit Hamon le singeait Il a récemment déclaré : "Il y a beaucoup de posture dans tout ça. Ça, ça sent quand même la combine". Je ne pense pas qu'il soit prêt à se retirer. D'ailleurs je pense que ni l'un ni l'autre ne se retirera malgré la demande de Yannick Jadot. Qu'il y ait des accords sur une éventualité de gouvernement commun au second tour en revanche je pense que c'est possible. 

Statistiquement parlent on peut aussi se demander si cette alliance ne serait pas la seule chance de la gauche d'accéder au second tour des élections. Les regrets de 2002 retentissent encore aujourd'hui. Mais cette alliance ne sauverait pas la gauche pour autant. Il est encore trop tôt pour le dire. Nous vivons une présidentielle très atypique. 

Quelles conséquences pour la gauche si une telle alliance venait à se créer? 

Maud Guillaumin : Cela signifierait une gauche encore plus à gauche qu'elle ne l'est actuellement. Et est-ce ce que veulent vraiment les militants PS et ceux qui ont voté à la primaire ? Je ne crois pas. Certes ils ont élu Benoit Hamon, plus à gauche que ses concurrents, mais de là à franchir le pas et rejoindre Jean-Luc Mélenchon, plus virulent dans ses propos j'en doute. C'est un premier risque. 

L'autre risque c'est que beaucoup de gens au sein du Parti Socialiste se disent que Benoit Hamon est déjà trop à gauche (Benoit Cazeneuve par exemple a accepté de le soutenir parce qu'il était l'élu de la primaire) donc aller plus loin c'est improbable. Ça pourrait être des voix et des ralliements supplémentaires à Emmanuel Macron. 

Jean Luc Mélenchon se mettrait en grand danger s'il acceptait cette alliance. Le PS représente tout ce qu'il a critiqué pendant cinq ans ! Il y perdrait beaucoup. Je serai très étonnée qu'il s'allie à cette gauche qu'il juge trop libérale. Même si Benoit Hamon a certes un programme plus proche du sien, il reste un ancien ministre de François Hollande et ça le candidat de la France insoumise ne l'oublie pas. 

Quels effets auraient une telle alliance sur la candidature globale ? Quelles sont les déperditions probables avec une fusion ?  L'addition des candidats permet-elle vraiment une addition des électeurs ? 

Tout dépend de l'alliance.  S'il s'agit d'un ralliement de Mélenchon à  Benoit Hamon, cela permettrait au PS d'engranger beaucoup plus de vote puisqu'ils auraient les voix du Front de Gauche en plus.

Si jamais au contraire c'était Benoit Hamon qui se joignait à Jean-Luc Mélenchon, ce qui parait peu probable, il y aurait plus de déperditions de voix estimant que Mélenchon n'est pas leur candidat. Il faut bien comprendre que le Parti Socialiste est comme une famille, il y a une idéologie très forte. Le départ de Mélenchon a été perçu comme une trahison. Oui on peut revenir dans une famille, mais dans ce cas-là ce sera à lui de le faire et non à Benoit Hamon. Donc une bonne partie des électeurs du Parti Socialiste partiraient, dépités certes, chez Emmanuel Macron. 

Quant à l'attitude des électeurs de la France Insoumise en revanche c'est plus délicat. Ils seront incapables de voter pour Emmanuel Macron. Il s'agit de deux visions totalement différentes du monde de l'économie et de ce que la France doit être demain. Je pense qu'ils s'orienteraient vers la candidate de Lutte Ouvrière Nathalie Arthaud ou vers le Front National. Car il ne faut pas oublier que la force de Mélenchon aujourd'hui, et il le dit lui-même, c'est qu'il est le seul rempart au Front National. Il retient à bout de bras des électeurs susceptibles d'aller vers Marine Le Pen. Il y a beaucoup de points communs dans leur programme (au niveau de l'économie, de la défense des travailleurs). Beaucoup des anciens électeurs du Parti Communiste votent Front National aujourd'hui. 

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