L’imbroglio SFR, épisode 72 : coup de gueule contre le capitalisme français<!-- --> | Atlantico.fr
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Les multiples rebondissements du rachat de SFR n'en finissent pas d'alimenter un certain ras-le-bol des pratiques du monde des affaires en France.
Les multiples rebondissements du rachat de SFR n'en finissent pas d'alimenter un certain ras-le-bol des pratiques du monde des affaires en France.
©Reuters

Assez !

Les multiples rebondissements du rachat de SFR n'en finissent pas d'alimenter un certain ras-le-bol des pratiques du monde des affaires en France.

Sophie de Menthon

Sophie de Menthon

Sophie de Menthon est présidente du Mouvement ETHIC (Entreprises de taille Humaine Indépendantes et de Croissance) et chef d’entreprise (SDME).

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Atlantico : Entre la pression du gouvernement sur les épaules de Numericable et les révélations du site Mediapart sur Jean-René Fourtou, président du conseil de surveillance de Vivendi, qui aurait soutenu la candidature de Numericable pour des convenances personnelles, quelle vision cela donne-t-il du capitalisme français ?

Sophie de Menthon : Je crains que cela ne donne l’impression aux étrangers que la France a des pratiques dignes d’une république bananière. Premier dysfonctionnement : l'ingérence d'un ministre en exercice qui donne le résultat d’un appel d’offre d’ordre privé et se mêle des négociations puis un deuxième ministre vient à la rescousse pour en rajouter annonçant celui qui a remporté l’appel d’offres devrait subir un contrôle fiscal et prendre la nationalité française…

Deuxième rebondissement, Mediapart fait des révélations très préoccupantes  qui ne semblent intéresser personne ! C'est soit faux, soit scandaleux !  Dans les deux cas qu'on le dise et vite, on attend encore la réaction de Vivendi s'indignant contre ce qui serait diffamatoire si c'est inexact ? En dehors de Colette Neuville (présidente de l’Association de défense des actionnaires minoritaires) qui a posé quelques questions au nom des petits actionnaires, questions "light " qui n'expliquent pas vraiment ce dont il s'agit... qui réagit ? Or ,on a clairement affirmé  que Numericable aurait acheté le vote du Conseil d’administration avec des promesses d'actions à la hauteur de 135 000 000 d'euros, notamment au profit de M. Fourtou pour qu'il emporte le choix de Numericable . Que fait l'Autorité de Régulation des Marchés, elle ne lit pas Mediapart ? Que font les organismes surveillant le bon déroulement des opérations ? Un membre du Conseil d’administration de Vivendi que j’ai appelé moi-même était stupéfait d'apprendre les révélations de Mediapart, il n’était pas au courant, doit-on comprendre qu’au sein même du conseil de Vivendi les administrateurs n'avaient pas le même traitement?

Troisième élément du feuilleton : l’entrée en jeu de la Caisse des dépôts, le bras armé économique du gouvernement, poussé à se positionner. Et n'y a t il pas conflit d'intérêt car la caisse est actionnaire d'Orange et donc valorisé ainsi son portefeuille ?  L’Elysée se défend d’avoir mobilisé son "bras exécutant", mais après l’intervention des  différents ministres on en doute fortement. Pourquoi la Caisse des dépôts ne s’est elle pas prononcée avant la décision ? Quid de l'indépendance des marchés ,du respect des petits actionnaires ?de la  probité mise en doute publiquement des membres du conseil d'administration ? Le comité éthique du  Medef ne devrait il pas avoir un rôle de vigie, et le fameux comité des sages ?

Que Bouygues ait décidé de proposer une nouvelle offre, alors même que la décision en faveur de Numericable a déjà été prise, est-ce normal ?

Quand on est un véritable entrepreneur et le patron de Bouygues en est un, iĺ est légitime de tout actionner pour sa survie, ce n'est pas lui qu'il convient de critiquer... le problème est celui de l’intervention de l’Etat alors qu'il n'y a aucun plan social et celui de l enchaînement des anomalies dans  l'indifférence générale .

Qu’est-ce que cela dénote de la situation du climat des affaires en France ?

Le climat du monde économique ressemble de plus en plus au climat politique. Nous perdons confiance à juste titre dans la Justice, dans les instances de régulation, dans les mécanismes économiques, dans le secret de l’instruction, dans le secret des négociations...Mediapart fait office de juge d'instruction dans tous les domaines, c'est invraisemblable ! Et si je suis un investisseur étranger je ne vois qu’un imbroglio de magouilles, l'exception culturelle française? En qui peut-on avoir confiance  si l'on veut investir en France ? Certes toute l'actualité récente n'a rien a voir avec cette affaire mais le climat délétère se propage : personne n'est a sa place, nos élites ne sont plus ni respectables ni respectées, la confiance s'érode, l'image de la France s'en ressent gravement et la presse étrangère dénonce des dysfonctionnement que notre presse ne signale même pas !

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