L’équation qui permet de comprendre que le remboursement de la dette grecque n’a aucune rationalité économique (mais une vraie utilité politique pour certains)<!-- --> | Atlantico.fr
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Le remboursement de la dette grecque n’a aucune rationalité économique.
Le remboursement de la dette grecque n’a aucune rationalité économique.
©Reuters

Mise sous tutelle

Remboursement ou pas remboursement, la question de la dette grecque reste le plus souvent abordée sous un angle purement comptable. Pourtant, l’enjeu repose bien plus sur la recherche du pouvoir que sur une simple question financière.

Nicolas Goetzmann

Nicolas Goetzmann

 

Nicolas Goetzmann est journaliste économique senior chez Atlantico.

Il est l'auteur chez Atlantico Editions de l'ouvrage :

 

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Le sujet de la renégociation de la dette grecque est véritablement intarissable. Entre valeurs morales et calculs financiers, les implications sont multiples et divertissantes mais oublient généralement la réalité de la situation actuelle. La dette grecque n’est pas un problème financier, il s’agit d’une question politique. Car depuis la renégociation de sa dette, la Grèce a été factuellement mise sous tutelle, et c’est précisément cette situation qui est aujourd’hui attaquée par le mouvement Syriza.

En effet, les conditions mises en place "pour sauver" la Grèce en 2010 par la Troïka (FMI, Banque centrale et Commission européenne) n’ont pas eu pour objectif de permettre au pays de se retrouver dans une position favorable, lui permettant de rembourser les montants qui avaient été empruntés. Non. Au lieu de cela, la Troïka a tout simplement mis en place un système financier de contrôle politique dans un pays qui est jugé "irresponsable". Ce qui n’est pas la même chose.

Ainsi, au cours de l’année 2014, la Grèce a été en capacité de présenter un excédent primaire sur son budget. Ce qui signifie, en premier lieu, que les revenus perçus par l’Etat grec suffisent à en payer les dépenses et ce, sans aucun recours à une aide extérieure. Mais avant de considérer le paiement de la dette et de ses intérêts.

Ce qui, en second lieu, signifie que la seule raison pour laquelle la Grèce est aujourd’hui obligée de recourir à un endettement supplémentaire est qu’elle doit payer ses dettes. Donc, en réalité, la Grèce n’a besoin d’emprunter que pour rembourser. Et, plus précisément, elle emprunte à "l’Europe" pour rembourser l’Europe. Ce qui n’a bien entendu aucun sens pour celui qui cherche effectivement à être remboursé. La situation serait finalement identique si la Grèce ne payait pas d’intérêts sur cette dette. Sauf que.

Sauf que si la Grèce ne payait pas d’intérêts, elle aurait alors le loisir de procéder aux réformes de son choix et n’aurait alors pas besoin de se conformer aux exigences de la Troïka. Mais cette liberté est abolie par les conditions actuelles du programme.

Etant donné que l’Etat grec doit continuer de rembourser sa dette selon des échéances fixes et régulières, il se doit de continuellement présenter ses avancées en termes de réformes à ses créanciers, pour respecter le "programme". Si le pays réussit l’examen, il lui est alors permis de s’endetter un peu plus …pour pouvoir rembourser la dette antérieure. La mise en place par la Troïka, d’un calendrier contraignant pour la Grèce, permet de tenir le pays.

Pour les autres européens, cela n’a financièrement aucun sens, puisque de nouvelles dettes sont contractées pour rembourser les premières. Ici, il n’est donc pas du tout question de "retrouver ses billes". Par contre, c’est politiquement que le sens devient très clair. La Grèce ne dispose plus de son autonomie politique, elle doit se conformer aux exigences de ses créanciers. C’est-à-dire aux règles édictées par la Troïka.

Comme l’indique Dan Davies, "dans le jargon bancaire, cela s’appelle "garder l’emprunteur en laisse courte", et cela n’a pas d’autre objectif que de prendre le contrôle de la situation".  Il ne s’agit de rien d’autre que de ça. La Troïka agit comme une police économique ayant comme objectif de rééduquer les élèves dissipés de la zone euro. La question de la dette grecque n’a dès lors plus rien à voir avec un quelconque remboursement. Il ne s’agit que de pouvoir et d’influence.

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