L'Édito : La dette française explose et que fait Bercy ? Rien ! <!-- --> | Atlantico.fr
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Chaque matin l'éditorial de Jean-Marc Sylvestre
Chaque matin l'éditorial de Jean-Marc Sylvestre
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L'Édito de Jean-Marc Sylvestre

François Hollande devait pourtant connaitre les chiffres dimanche soir, mais il s’est bien gardé de les sortir. Pour lui, l’économie française est sur une trajectoire de redressement. La courbe du chômage va se renverser. Bref, pour lui tout va bien. Les fonctionnaires de Bercy n’en menaient néanmoins pas très large quand ils ont fait appel au marché pour couvrir une tranche d’emprunt d’État. Les capitaux ont été trouvés facilement à un taux très raisonnable (2, 48% pour une tranche d’emprunt d’État à 10 ans). Sauf que les opérateurs ont fait circuler le montant prévisible de l’endettement français à fin 2014… Le taux d’endettement atteindra 95,1% du PIB soit environ 2000 milliards d’euros, ce qui représentera 30.000 euros par Français. C’est un montant record en Europe si on exclut la Grèce complètement disqualifiée depuis des années. Chaque nouveau-né français viendra au monde en 2014 avec une dette de 30.000 euros dans son berceau. Pas mal comme cadeau de naissance.

Beaucoup d’opérateurs financiers excédés par la désinvolture de la gouvernance française ont pris leur calculette. A partir du déficit actuel, ils ont empilé les déficits publics et sociaux, à venir et prévus dans le projet de loi de finances pour 2014, et sont arrivés à ce montant astronomique. Un montant qui est imputable à la faiblesse des plans de redressement ajoutée à la contribution des Français au plan de solidarité et de sauvetage dans la zone euro. Pour simplement stabiliser et réduire cet endettement de 2% par an, il faudrait fabriquer une croissance économique supérieure à 2% l’an. Avec le montant des dépenses publiques et sociales actuelles c’est complètement utopique.

Ce qui est étonnant c’est l’indifférence de la classe politique. La gauche comme la droite ne s’en préoccupent absolument pas. Les responsables politiques ne sont pas loin de penser que la dette publique n’est pas dangereuse et que, de toute façon, l’État français ne peut pas tomber en faillite. Les marchés financiers font d’ailleurs actuellement le même raisonnement puisqu'ils offrent des taux d’intérêt très bas.

En fait, ils considèrent qu'il n’y a pas de risques dans l’immédiat pour trois raisons :
-parce que l’Europe est encore solidaire.
-parce que la France est encore très riche, elle a la possibilité de lever des impôts pour rembourser, c’est ce que le gouvernement n’a pas cessé de faire depuis deux ans.
-parce que tout cela peut se terminer par un abandon de certaines dettes contractées auprès de certaines personnes âgées. En clair, on pourrait très bien taper dans les assurances vie mais personne ne le dit sinon ce serait la panique.

Donc la dette explose mais on fait comme s’il n y avait aucun risque d’incendie. « Tout va bien, on vous dit ! » lance-t-on dans les salons du pouvoir. On ajoute même que « la bourse des valeurs », celle qui mesure la santé de l’économie et des entreprise était « très bien orientée au lendemain de la communication du Président ». Et c’est vrai, le jour-même ou des hauts fonctionnaires faisaient fuiter la prévision d’endettement, la bourse de Paris a battu un nouveau record à la hausse. Le CAC 40, l’indicateur-roi était en hausse de près de 1% dans la journée, une progression de 15% depuis le début de l’été.

Mais ne rêvons pas. Tous ceux qui, du côté de la rue de Solferino, voit dans la hausse de la bourse de Paris un marqueur de reprise de l’économie française se bercent d’illusions. Il y a bien longtemps que le CAC 40 est déconnecté de l’économie franco-française. La bourse de Paris monte comme tous les marchés occidentaux, Londres, Francfort, et surtout New-York : l’économie mondiale sort progressivement de la crise. La bourse de Paris se compose des grandes entreprises complètement immergées dans l’économie mondiale. Curieux que le Président ne parle pas de ce phénomène et que son entourage récupère à son actif la hausse des marchés alors qu’ils n’y sont strictement pour rien. Au contraire. La bourse de Paris monterait beaucoup plus s’ils avaient fait le Job des réformes.

Ajoutons à cela que depuis 24 heures, le monde entier sait que M. Lary Summers ne sera pas le prochain président de la Fed. Le candidat quasi-officiel de la maison blanche a jeté l’éponge devant l’hostilité des représentants et sénateurs du parti démocrate. Les démocrates l’ont refusé à Barack Obama parce qu'ils considèrent que l’Amérique a besoin d’un vrai professionnel à la tête de la banque centrale comme l’aura été Ben Bernanke, dont on peut penser que l’habileté monétaires aura permis à l’Amérique d’éviter la récession. Paris s’est enflammé, tout comme New-York hier soir. Rien à voir avec l’économie française et la politique économique française. Au contraire, ce qui vient de se passer lundi à la bourse pourrait servir de leçon à tous les européens et surtout à beaucoup de Français qui ont l’arrogance de penser, qu’ils pourraient imposer un Président de banque centrale à leur gout. Les représentants du peuple américains donné au monde entier un marqueur d’indépendance du pouvoir monétaire. Ils ont fait savoir que dans une institution aussi importante qu'une banque centrale, il valait mieux n’importe qui pourvu qu'il ne soit ni amateur, ni militant.

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