Jeûne de la dopamine : dernière lubie à la mode ou idée salutaire ?<!-- --> | Atlantico.fr
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Une femme utilise son smartphone pour consulter des vidéos sur TikTok.
Une femme utilise son smartphone pour consulter des vidéos sur TikTok.
©Manjunath Kiran / AFP

Addiction aux nouvelles technologies

La dopamine est le neurotransmetteur de la motivation et de la récompense. Il s’agit de la cible préférée des réseaux sociaux et des applications, spécialement conçus pour activer le système de récompense de nos cerveaux. Le « dopamine fasting » est très populaire chez les élites de la Silicon Valley qui tentent de se couper d’Internet et des smartphones.

Aurore Malet-Karas

Aurore Malet-Karas

Aurore Malet-Karas est docteure en neurosciences et sexologue. Passionnée par l'étude des mécanismes reliant à la fois le corps et l'esprit, elle a poursuivi un double cursus en biologie et en psychologie, qui ont abouti à des recherches en Neurosciences Cognitives sur les mécanismes de la mémoire, des émotions (et en particulier sexuelles), du plaisir et de la récompense (et par extension des addictions).

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Atlantico : Depuis plusieurs années, la tendance du « jeûne de la dopamine » a le vent en poupe. De quoi parle-t-on exactement ? 

Aurore Malet : Il convient de noter que ce terme est trompeur. Il n’est pas possible de faire un « jeûne » de la dopamine, qui est une molécule produite en continu par nos neurones. Cette molécule est impliquée dans le système de la récompense et peut être libérée suite à un rapport sexuel, un bon repas, la consommation de substances, un manque quelconque… Il n’est donc pas souhaitable et tout simplement pas possible de se passer de dopamine. 

En réalité, la tendance du « jeûne de la dopamine » correspond à une pause, un arrêt de tous les stimulis en rapport avec les nouvelles technologies. 

Cet effet de mode a été décrit par une psychiatre qui explique que les plaisirs et les récompenses rapides liés par exemple à l’usage de nos smartphones ne rendent pas forcément les gens plus heureux. Répondre trop rapidement aux messages ou aux mails, mais aussi jouer à des jeux peut provoquer un repli sur soi ou des troubles anxieux. À partir de ce constat, de nombreux individus se demandent si le fait de se couper de ces technologies serait bénéfique pour leur bien-être. 

En réalité, le concept de restreindre nos plaisirs date de la nuit des temps. Ce serait par exemple l’histoire de Bouddha, qui était un prince vivant dans un très grand confort avant de changer de mode de vie pour se contenter du strict nécessaire. Pourtant, il n’est jamais bon d’aller dans les extrêmes comme le font certains individus en refusant de bons repas ou en se privant de soirées entre amis.

Quels sont les véritables intérêts mais aussi les limites de cette pratique ? 

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Dans une certaine mesure, il peut être nécessaire de se couper des réseaux sociaux ou de son téléphone de temps en temps car les nouvelles technologies peuvent être très intrusives. Auparavant, le téléphone était fixe et il n’y avait pas toutes ces applications. On ne pouvait être partout à la fois. Aujourd’hui, les textos, les mails et les notifications créent une fatigue cognitive qui n’est pas saine. Le cerveau est incapable d’être multi-tache. Si on se coupe de ces technologies, on a plus de temps pour soi, pour sa famille, pour faire du sport … Il peut donc y avoir une forme de bénéfice mais il ne faut pas tomber dans l’excès. 

Pendant des millions d’années, l’homme a évolué et s’est rendu compte que certains comportements lui faisaient du bien. Il ne faut pas refouler ses besoins. Le but est donc de faire des coupures quand on a mieux à faire, par exemple pendant les vacances. Le jeûne est uniquement nécessaire pour les personnes qui présentent des problèmes d’addictions qui ont des conséquences néfastes sur leur vie quotidienne. Dans ces cas-là, il faut surtout se faire aider par un professionnel. 

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