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Jean-Luc Mélenchon : "Le pape François nous aide beaucoup. Il est un peu 'mélenchoniste' !"
©Osservatore Romano / Reuters

Bonnes feuilles

Les Français n'ont plus confiance en la politique. Mais leur fascination demeure pour ces grands fauves qui chassent dans les avenues de la Ve République. Les Français veulent en savoir plus sur l'histoire et les convictions profondes de ceux qui sont engagés dans cette course. Dans ce livre, les candidats se livrent sans filet à un Proust existentiel. Leur enfance, leurs racines familiales, leurs échecs, leur rapport à l'islam ou à la religion catholique... Extrait de "2017, les candidats à confesse" de Samuel Pruvot, aux Editions du Rocher (2/2).

Samuel Pruvot

Samuel Pruvot

Diplômé de l’IEP Paris, rédacteur en chef au magazine Famille Chrétienne, Samuel Pruvot a publié "2017, Les candidats à confesse", aux éditions du Rocher. 

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VOUS ESTIMEZ LE PAPE FRANÇOIS ET CE QU’IL REPRÉSENTE ?

Je suis le seul homme politique français de gauche qui lise toutes les encycliques ! Quand le pape François a été élu, j’étais très critique à son égard à cause de son attitude pendant la dictature en Argentine. Mais tous mes amis latinos m’ont dit : « Il faut arrêter avec ça car le pape François nous aide. » Je ne voulais pas passer tout le pontificat à dire que son passé n’était pas clair. Mais j’étais à cran sur le sujet. Je connais personnellement une femme qui a été témoin de l’arrestation de deux religieuses françaises… Elles seront torturées et assassinées en 1977. Il n’y a pas d’amnistie possible dans mon esprit !

QU’EST-CE QUI VOUS A POUSSÉ À CHANGER D’AVIS SUR CE PAPE ?

Ce pape nous intéresse du point de vue de la géopolitique. Il a invité Bernie Sanders au Vatican ! Qu’est-ce qu’on pouvait faire de plus quand on est pape pour aider un candidat ? ! Il ne pouvait rien faire de plus sinon participer à un meeting avec lui ! Le pape nous a aidés sur Cuba en essayant de briser l’encerclement. On se rapproche aussi sur son analyse du terrorisme islamiste. Il a expliqué que le fondamentalisme n’était pas le propre d’une religion. C’était audacieux de sa part. Bref, ce pape nous aide beaucoup. Il est un peu « mélenchoniste » ! Bien entendu, je plaisante.

VOUS NE PLAISANTEZ PAS SUR CERTAINS SUJETS COMME L’AVORTEMENT…

Je ne comprends pas la position de l’Église. Qu’une femme chrétienne se l’interdise, pourquoi pas ? Mais pourquoi l’interdire aux autres ? Je conçois que des gens pensent différemment de moi. Chacun peut aller à la rencontre de Dieu, être touché par la grâce. Mais ça ne peut pas être une obligation inscrite dans la loi ! Je n’admets pas qu’on m’impose un comportement moral. Moi je ne suis pas pour l’avortement. Je suis pour le droit à l’avortement, ce n’est pas pareil.

VOUS REVENDIQUEZ VOTRE « MATÉRIALISME ». POURQUOI ?

Je suis matérialiste au sens de la philosophie. C’est une méthode de pensée qui substitue la question du comment au pourquoi. Je ne suis pas matérialiste au sens « consumériste », attaché aux biens matériels ! Quand j’ai lu « L’idéologie allemande » de Marx et Engels, ce fut un éblouissement. Mon chemin de Damas.

EST-CE À DIRE QUE VOUS N’AVEZ PAS PEUR DE LA MORT ?

La mort, cela restera l’énigme absolue pour l’être humain ! Pour un matérialiste comme moi c’est une limite commune pour tout le monde. Elle concerne notre cerveau qui est une machine à produire de l’interprétation. C’est le cerveau qui fabrique le futur ! Il y a des exercices pour exclure le futur comme dans le bouddhisme. Supprimer la souffrance. Mais cela n’a pas d’intérêt pour moi. Nos contemporains ont l’air de trouver ça sublime. Mais ce n’est pas sublime de vouloir échapper à la condition humaine ! Ce qui nous intéresse, c’est justement d’être capable de vivre avec nos plaies et nos bosses.

ÊTES-VOUS UN ANTICLÉRICAL COMME CERTAINS LE REVENDIQUENT ENCORE À GAUCHE ?

Mes rapports avec l’Église catholique ont changé. L’Église était devenue la figure de l’ennemi. Celle qui oppresse et qui refuse le suffrage universel jusqu’en 1906. Je la considérais à l’époque comme un appareil idéologique de l’adversaire. Je suis revenu à un point d’équilibre aujourd’hui après ce que j’ai vu des croyants en Amérique latine. On ne peut plus se moquer des curés quand votre camarade, curé de son état, s’est fait flinguer à la sortie de son église par l’extrême droite ! Je ne pouvais plus voir l’Église comme un appareil monolithique. Il fallait toute une vie pour arriver au point où je me trouve vis-à-vis de l’Église. Ce point n’est pas un moyen terme. J’ai éprouvé les limites de mes certitudes. Je n’ai plus de rancœur. On peut dialoguer. Juste pour le plaisir de l’esprit. 

Extrait de "2017, les candidats à confesse" de Samuel Pruvot, aux Editions du Rocher. Pour acheter ce livre, cliquez ici.

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