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Qui doit avoir le plus peur 
de Jean-Louis Borloo ?
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Présidentielle 2012

"O comme Oxygène", l'association destinée à soutenir Jean-Louis Borloo, est lancée ce mardi. La candidature du centriste se met donc en place. Mais qui est son premier adversaire : Nicolas Sarkozy ou François Bayrou ?

David Valence

David Valence

David Valence enseigne l'histoire contemporaine à Sciences-Po Paris depuis 2005. 
Ses recherches portent sur l'histoire de la France depuis 1945, en particulier sous l'angle des rapports entre haute fonction publique et pouvoir politique. 
Témoin engagé de la vie politique de notre pays, il travaille régulièrement avec la Fondation pour l'innovation politique (Fondapol) et a notamment créé, en 2011, le blog Trop Libre, avec l'historien Christophe de Voogd.

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Les signes d’une candidature de Jean-Louis Borloo à la prochaine élection présidentielle se multiplient. L’intéressé a enchaîné les déplacements aux quatre coins de France cet été. Des groupes de réflexion se mettent en place, des équipes se constituent autour de lui. Un site internet « Borloo 2012 » existe depuis quelques semaines. Et ce mardi, c’est O comme Oxygène qui est lancée : une association dont ses initiateurs disent pudiquement qu’elle est « destinée à soutenir la démarche de Jean-Louis Borloo ».

Or, il est deux façons de considérer la possible candidature de Jean-Louis Borloo. Soit on ne voit pas plus loin que le scrutin présidentiel de 2012 et on insiste sur les risques que l’éparpillement des voix modérées peut faire courir à Nicolas Sarkozy. Soit on se concentre sur l’après-2012 et on regarde la candidature de Borloo comme une étape dans la reconstitution d’un grand mouvement de centre droit à côté de l’UMP. Dans le premier cas, la focale est mise sur le match Sarkozy-Borloo ; dans le second, sur le match Bayrou-Borloo.

Pour réussir sa future campagne présidentielle, Jean-Louis Borloo doit d’abord convaincre qu’il rassemble mieux les centristes que François Bayrou. Il a déjà réussi à mettre sur pied une « Alliance républicaine, écologiste et sociale » qui regroupe les radicaux, le Nouveau Centre et la Gauche moderne. Cette Alliance à l’acronyme guerrier (ARES) est pour le moment une coquille vide. Les responsables locaux de l’Alliance n’ont pas encore été désignés et l’ARES n’a même pas de site Internet ! Cette structure fragile peut toutefois fournir le squelette d’une nouvelle confédération des modérés, sur le modèle de feue l’UDF. Sur ce terrain, Borloo enfonce donc Bayrou. Le Béarnais suscite en effet des poussées d’urticaire chez ses anciens amis du Nouveau Centre et chez d’autres. Il ne pourrait que difficilement rassembler à nouveau le personnel politique du centre et du centre droit autour de lui.

Dans les sondages en revanche, Borloo et Bayrou sont au touche-touche. Cela tient notamment à ce que Jean-Louis Borloo n’est pas identifié par l’opinion comme un centriste, mais comme une figure marginale, et donc séduisante, de la droite. Pour séduire l’électorat centriste traditionnel de l’Ouest de la France, du Sud du Massif central ou des Savoies par exemple, l’ancien maire de Valenciennes a tout intérêt à mettre l’Europe, la réduction des dépenses publiques et la décentralisation au cœur de son discours dans les semaines qui viennent.

L’enjeu est, pour lui, de distancer significativement au 1er tour un François Bayrou que l’exécutif (et l’UMP) ménage désormais. L’ARES de Jean-Louis Borloo pourrait ensuite, après 2012, attirer à elle l’essentiel du Modem… et se poser durablement en allié exigeant de l’UMP. Jean-Louis Borloo a donc l’opportunité de devenir le grand homme du centre dans les mois qui viennent. Mais est-ce bien de ce destin-là, de reconstructeur d’une machine partisane, qu’il a envie ?

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