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Jean-François Rial - Voyageurs du Monde : "Si nous n'avions pas fait cette mutation vers le service, nous aurions été en baisse"
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L'interview Atlantico Business

Voyageurs du Monde a publié ses résultats cette semaine. Pour le premier semestre, le groupe réduit sa perte nette de 2,8% avec un chiffre d'affaires de 127,6 millions d'euros. Pour Jean-François Rial, le président du groupe spécialisé dans le voyage d'aventure et sur-mesure, la clé du succès est simple : créer une valeur ajoutée avec internet et davantage de services.

Atlantico Business : Vous avez, au premier semestre, réduit votre perte nette. Ce positionnement de niche, est-ce votre remède contre la crise et la baisse globale du marché ?

Jean-François Rial : Oui, c'est une partie du remède mais ce n'est pas tout à fait suffisant. Nous avons des confrères sur ses positionnements de niche qui ont pourtant des résultats plus variés. Je pense qu'il y a trois autres éléments. Tout d'abord le fait d'être en vente directe, c'est-à-dire que l'on maîtrise complètement notre distribution et nous sommes capables de réagir rapidement à des phénomènes de changement de destination. Le deuxième, c'est l'internet. Nous avons énormément investi dans le captage de clients par le web. Si nous n’avions pas faite cette mutation, nous aurions été en baisse. Enfin l'autre élément, c'est la notion de service que l'on peut apporter au voyageur et que l’on va encore multiplier.

C'est-à-dire ?

Nous avons effectué une énorme mutation vers le service. Cela consiste à aller plus loin sur le contenu "particulier" de votre voyage en fonction de vos goûts. Par exemple, vous souhaitez partir au Japon, vous êtes dans la vie un amateur de théâtre, on va se débrouiller pour vous inviter à un spectacle sur place. L'idée, c'est de mettre un maximum de contenu qui correspond à ce que vous êtes. Cela se traduit aussi par des services comme un GPS intégré en cas de voyage itinérant, la possibilité de récompenser votre fidélité par des "miles" Air France, une application smartphone avec votre guide de voyage en version électronique. Pour ce qui est de l'internet, aujourd'hui 42% de notre chiffre d'affaires provient de clients trouvés par le web. Cela ne veut pas dire forcement qu'ils réservent tous par internet mais c'est une porte d'entrée. Si on s'était contenté d'avoir juste internet comme "outil de communication" nous aurions été en baisse.

Comment, avec ces changements, va évoluer le métier de voyagiste ? Les gros tour-operators c'est fini ?

Dans notre métier, il y a deux positionnements. Il y a ceux qui, comme nous, vendent un voyage, la rencontre et la compréhension d'un pays et ceux qui vendent des vacances, du soleil et du repos. Dans les deux cas, avec la multiplication d'internet, il faut avoir une valeur ajoutée qui justifie de passer par vous. Chez nous, ça va être la notion de service, chez Fram ou Club Med ça va se jouer sur des exclusivités d'hôtels par exemple. Ce qui est sûr, c'est que celui qui se contente d'être un assembleur va avoir de grosses difficultés à exister. Je suis un peu sceptique sur l'avenir des agences voyages physiques si elles ne font pas leur révolution culturelle. Désormais, il faut exister sur internet et avoir une vraie valeur ajoutée pour le client.

Vous avez beaucoup développé le voyage dit "d'aventure". Cela veut dire que les gens aiment acheter du risque ?

Pas forcément ! En réalité, ce que l'on appelle le voyage d'aventure avec notre marque "Terres D’Aventure" se résume surtout à du trekking en haute montagne. Donc ce n'est pas une aventure au sens propre du terme mais un accès à des zones difficiles qui n'ont pas les infrastructures classiques. Ceci étant, ce type de voyage prend des parts de marchés en France, il y a donc un intérêt des clients même si l’on reste dans de l'ultra-niche puisque cela représente 4% des voyages à l'étranger aujourd'hui. Cela marche car d’une part, ce sont des destinations où il est plus compliqué de se débrouiller seul et partir de "fleur au fusil" et, d'autre part, parce que nous avons la capacité à fournir en nombre des agences locales.

Quelles sont vos perspectives de développement ?

D'une façon générale, le voyage sur mesure prend le pas sur les voyages en groupe. On va aller de plus en plus dans l'ultra-personnalisation. Mais l'objectif c'est surtout de rester prudent parce que 85% de notre chiffre d'affaires est fait en France dans un contexte économique qui n'est pas bon. Les mesures puis les rétropédalages de ce gouvernement deviennent complètement délirants et pas très rassurants pour les gens qui consomment et investissent. Nous avons besoin d'un minimum de stabilité et de perspective. Ceci étant, nos premières réservations pour 2014 sont en croissance de 15% mais sur des chiffres assez modérés.

En 2014, quelles seront les tendances en termes de destinations ?

Je dirais qu'il y a tout d'abord un phénomène de désaffection pour les pays du monde arabe qui devrait se confirmer en 2014. Cela a créé un appel d'air pour d'autres pays, plus développés, comme le Canada, le Japon, les États-Unis. Des pays tirent leur épingle du jeu et devrait continuer de le faire l'année prochaine. C'est le cas du Brésil, de l'Afrique du Sud, de l'Inde, de la Birmanie. Et puis, il y a des pays qui s'écroulent c'est le cas de la Chine. Les voyageurs considèrent que la Chine n'a pas une bonne image : pollution, industrie, pas de respect des droits de l'homme... C'est un cocktail qui fait de la Chine un pays intéressant mais pas toujours très bien vu aux yeux des touristes.

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