Jackie Kennedy : l'instant tragique où la Première dame voit la dernière expression sur le visage de JFK<!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
Histoire
Jackie Kennedy : l'instant tragique où la Première dame voit la dernière expression sur le visage de JFK
©Reuters

Bonnes feuilles

Dallas, vendredi 22 novembre 1963, 12h30 : le monde de Jackie Kennedy s'effondre. A ses côtés dans la voiture présidentielle, le président vient d'être abattu. Vers 14 heures, un suspect, Lee Harvey Oswald, 24 ans, est arrêté dans une salle de cinéma. A 14 h 38, Lyndon B Johnson prête serment à bord de l'avion Air Force one, juste avant qu'il décolle. Jackie aurait pu être laminée. Au lieu de cela, elle tient bon, avec un objectif : faire entrer son mari dans la légende. Mais le temps est compté. Jusqu'aux funérailles, elle n'a que quatre jours pour tout orchestrer et donner au monde une leçon de dignité. Si le deuil sied à la First Lady, c'est que, tout à la fois, elle lutte contre son chagrin, console ses enfants et tente de garder foi en l'Homme. Rédigé à partir notamment d'interviews qu'elle a données, ce portrait est celui d'une femme qui se bat. Une épreuve dont Jackie conservera néanmoins des séquelles à vie. (Extrait de "Jackie, les 4 jours qui ont changé sa vie", de Maud Guillaumin, publié aux éditions de l’Archipel, 2/2)

Maud Guillaumin

Maud Guillaumin

Journaliste à Europe 1, BFM, ITélé, Maud Guillaumin suit pour le service politique de France-Soir la campagne présidentielle de 2007. Chroniqueuse politique sur France 5 dans l’émission Revu et Corrigé de Paul Amar, puis présentatrice du JT sur LCP, elle réalise également des documentaires : « Les Docs du Dimanche », « Les hommes de l’Élysée » sur les grands conseillers de la Ve République et « C’était la Génération Mitterrand » transposé de son livre Les Enfants de Mitterrand (Editions Denoël, janvier 2010). Elle écrit également dans la revue littéraire Schnock. Elle est l'auteur de "Le Vicomte" aux éditions du Moment (2015).

Voir la bio »

Il est 12 h 30. Le cortège roule au pas devant le Texas School Book Depository Building à l’angle de Houston Street et Elm Street. Un bâtiment que Jackie, assise de l’autre côté de la voiture, ne voit pas. Son regard est tourné vers la gauche, légèrement de dos par rapport à John, lorsqu’elle entend soudain des bruits de pétard sur sa droite. À cet instant, la First Lady se tourne machinalement vers l’intérieur de la voiture.

Elle aperçoit le gouverneur Connally attraper violemment son bras, le visage contracté par la douleur, et l’entend crier : — No, no, no-no-no. Dans le même mouvement, son regard brouillé se tourne vers John. Son esprit se focalise sur un immeuble gris-bleu un peu plus loin. Le sourire qui illumine son visage disparaît. Naturellement, elle se penche vers son mari qui vient de porter subitement ses deux mains à son cou, paralysé. — Oh noooo, crie-t-elle horrifiée. Comme Jackie, peu de spectateurs comprennent ce qui vient d’arriver. Comme Jackie, c’est la stupeur qui semble figer les témoins sur place. Seuls les gardes du corps de la Cadillac noire derrière le véhicule des Kennedy prennent immédiatement conscience qu’il se passe quelque chose de grave. Debout sur le marchepied, Clint Hill, le bodyguard de Jackie, bondit au sol et court vers la Lincoln. Pas de doute, il s’agit d’un coup de feu qui vient d’en haut, derrière lui. D’un immeuble où son œil averti vient de se poser, sans rien remarquer d’anormal. Le Texas School Book Depository Building. En sprintant vers la voiture, Hill dirige ses yeux vers le bâtiment et son regard tombe sur le président se tenant la gorge. À ce moment précis, Jackie agrippe de ses mains gantées de blanc le bras gauche de John et sa tête se rapproche de celle de son mari pour tenter de lui parler. Une deuxième détonation retentit. Malgré son expérience, l’agent Hill ne l’entend même pas.

Ahuri, il voit une partie du crâne du président exploser à quelques mètres de lui. En un dixième de seconde, Jackie voit elle aussi ce morceau de crâne s’envoler. Poussé par l’impact de la balle, le visage de JFK se tourne vers Jackie. Les yeux de la première dame, à cet instant tragique, ont juste le temps d’apercevoir la dernière expression du président. Juste le temps de capter cet instant de vie. L’instant d’après, c’est l’instinct de survie qui prend le dessus. Jackie se jette en hurlant à l’arrière de la limousine. Un geste désespéré alors que l’agent Bill Greer, le chauffeur de la Lincoln, appuie sur l’accélérateur pour fuir au plus vite. Sur le bord de la route, les spectateurs réalisent que ce sont des coups de feu. Beaucoup ont vu la tête du président voler en éclats. Instinctivement, ils se jettent au sol sur la pelouse de Dealy Plaza. Certains prennent la fuite. C’est la panique générale. À quatre pattes en équilibre sur le coffre de la voiture, Jackie s’agrippe à la taule blindée pour ramper hors de cet engin de mort, en hurlant. À cet instant précis, Clint Hill parvient à se propulser sur le pare-chocs. — John, que t’ont-ils fait ? crie-t-elle.

Extrait de "Jackie, les 4 jours qui ont changé sa vie", de Maud Guillaumin, publié aux éditions de l’Archipel.

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !