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J-3 avant la probable mise sous tutelle de la France par l’Europe
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Editorial

Bruxelles va demander à Paris de rédiger un nouveau programme de réformes détaillées et échelonnées, tandis qu’une surveillance sérieuse sera mise en place.

Michel Garibal

Michel Garibal

Michel Garibal , journaliste, a fait une grande partie de sa carrière à la radio, sur France Inter, et dans la presse écrite, aux Échos et au Figaro Magazine.

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Une lourde épreuve attend François Hollande à Bruxelles lundi prochain. A force de finasser, il croyait avoir surmonté tous les écueils lui permettant d’échapper aux foudres brandies à plusieurs reprises par la Commission pour ramener la France dans le droit chemin d’une politique économique orthodoxe. C’était compter sans la lassitude qui s’est emparée de la plupart de nos partenaires avec une mise en garde sévère lancée vendredi dans les Echos par le commissaire allemand à l’économie numérique, Günther Oettinger, dont la plume reflète en réalité le point de vue d’Angela Merkel.

Il ne peut être question d’accorder à notre pays un nouveau blanc-seing, alors que les promesses réitérées chaque fois n’ont conduit à aucune amélioration. D’autant que les progrès dans le redressement des comptes annoncés par la France ne sont guère crédibles aux yeux du commissaire, qui voit plutôt une aggravation au cours des deux prochaines années, avec un déficit qui atteindrait 4,4% du PIB en 2015 et s’alourdirait même à 4,5% en 2016, en raison de la faiblesse de l’activité. La France est le seul pays de la communauté qui ne respecte par le seuil des trois pour cent depuis si longtemps. L’Europe ne peut continuer d’accepter le laxisme de Paris, sans de graves conséquences pour l’ensemble européen dont la reprise risque d’être compromise, car le vieux continent a besoin d’une France solide.

Il faut donc agir vite, selon Günther Oettinger, en exigeant du partenaire "récidiviste" des contreparties concrètes et précises, face au handicap qu’il fait peser sur tous. La menace est jugée suffisamment réelle pour qu’une intense négociation ait été engagée en coulisses depuis quelques jours avec les autres capitales, tandis que Michel Sapin a été dépêché en Espagne et au Portugal, deux partenaires qui ont mis en route des plans d’austérité sévères, pour les inciter à s’associer à une offensive générale de relance de la croissance en Europe, qui autoriserait aux yeux de Paris le maintien d’un déficit élevé dans l’hexagone.

Mais, après les 3,6 milliards d’économies supplémentaires que le gouvernement avait sorti de son chapeau in extremis au moment de boucler le budget et qui étaient très vite apparus comme de la poudre aux yeux, la marge de patience des Européens parait désormais épuisée. Bruxelles va donc demander à Paris de rédiger un nouveau programme de réformes détaillées et échelonnées, tandis qu’une surveillance sérieuse serait mise en place. Théoriquement, la France pourrait même être condamnée à une amende de 0,2% du PIB, soit quatre milliards d’euros, pour non-respect de ses engagements. Certes, on n’en viendra pas encore à cette extrémité, car ce qui est en  jeu, c’est le risque de voir pour les deux dernières années du quinquennat, le pouvoir être transféré progressivement à Bruxelles. Pour tenter d’échapper une fois de plus aux foudres qui nous menacent, Paris ferait valoir que ce serait aussi le  meilleur moyen de renforcer les partis hostiles à l’Europe et donner en particulier plus de crédit au Front National. Mais, on ne voit pas se profiler, ni au sein du Parlement, à fortiori du gouvernement, englués dans le fameux pacte de responsabilité complexe à mettre en oeuvre en raison de son caractère bureaucratique, une vraie tentative pour s’attaquer aux réformes indispensables alors que l’horizon économique offre aujourd’hui pourtant des lueurs d’espoir avec la baisse de l’euro et la chute des cours du pétrole, qui sont autant d’atouts pour un retour de la croissance.

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