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Un conflit Israël/Iran pourrait être une étape vers la 3e Guerre mondiale
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Scénario catastrophe

De la réaction du Hamas dans la bande de Gaza à l'embrasement des banlieues occidentales, en passant par l'intervention forcée de la France, le journaliste et écrivain Laurent Artur du Plessis imagine le scénario du pire que pourrait entraîner une frappe d'Israël sur les installations nucléaires iraniennes.

Laurent Artur du Plessis

Laurent Artur du Plessis

Journaliste et essayiste, Laurent Artur du Plessis est un spécialiste des questions géopolitiques.

Il est l'auteur de De la crise à la guerre (Editions Jean-Cyrille Godefroy / 2011).

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Israël ne peut pas accepter de vivre sous l’épée de Damoclès d’un Iran théocratique doté de l’arme atomique et engagé par ses dirigeants dans une surenchère belliqueuse visant à les légitimer. Les résultats du premier tour des élections législatives iraniennes du 2 mars dernier (les réformateurs ont conquis seulement 19 des 290 sièges du Parlement) n’ont pu que renforcer l’inquiétude de l’État hébreu. Aussi est-il fort possible qu’il attaque bientôt les installations nucléaires iraniennes, ne serait-ce que pour gagner du temps. Avec l’accord tacite des États-Unis, voire un discret appui logistique de leur part. 

Les alliés terroristes de l’Iran au Moyen Orient

Quoique l’Iran ait une armée bien plus faible que celle d’Israël, il réagirait violemment. Il tirerait des missiles sur le territoire israélien, vulnérable parce que minuscule (20 770 km2, hors les zones occupées de Cisjordanie, de Jérusalem-Est et du plateau du Golan). Ses alliés au Moyen Orient en feraient autant, au premier rang desquels le Hezbollah libanais à la frontière nord d’Israël : créé en 1982, le « parti de Dieu », pourvu d’une branche armée terroriste, est chiite comme l’Iran, qui le finance et l’arme via la Syrie.

L’Iran compte un allié dans la bande de Gaza, au sud d’Israël, quoique d’obédience sunnite : le Hamas (« Mouvement de résistance islamique ») fondé en 1987, qui combat au nom de l’islam. Cette organisation terroriste, portée au pouvoir à Gaza par les législatives de 2006, a, pour le moment, abandonné les attentats kamikazes, mais elle tire des roquettes sur Israël. Ces derniers temps, le Hamas s’est quelque peu démarqué de l’Iran mais certains de ses éléments entreraient en action en cas d’attaque israélienne, ainsi que des groupes salafistes en plein développement à Gaza, qui sont encore plus radicaux.

Des tirs contre Israël pourraient aussi partir de Syrie - dont le régime chiite alaouite est allié de l’Iran – bien qu’il soit très occupé à réprimer la révolution qui le menace. 

200 000 missiles pointés sur Israël 

Iran, Syrie, Hezbollah, Hamas…: au total, 200 000 missiles sont pointés sur Israël, selon son chef des renseignements militaires, le général Avivi Kochavi. La plupart (Qassam, roquettes Katioucha) portent à 40 km environ, mais des milliers d’autres à une centaine de kilomètres : aucun endroit d’Israël ne serait hors d’atteinte. Les missiles sont plus précis qu’avant et leurs ogives peuvent contenir des centaines de kilos d’explosifs, et non plus des dizaines. 

Le terrifiant service de renseignement iranien

Le terrifiant Vevak (service de renseignement iranien), et les Pasdarans (Gardiens de la Révolution), qui sont le fer de lance militaire du régime, attiseraient les conflits religieux entre chiites et sunnites au Moyen Orient. Ainsi, ils pousseraient à la rébellion la minorité chiite de la zone sud-est (à forte concentration pétrolière) de l’Arabie Saoudite, dont la monarchie sunnite craint de voir l’Iran intégrer le club des puissances nucléaires.

Ils aviveraient l’antagonisme chiites-sunnites en Irak, notamment par le biais de l’Armée du Mahdi, la milice chiite de Moqtada al-Sadr. Les minorités chrétiennes du Moyen Orient, déjà opprimées, verraient leur situation empirer.

Le détroit d’Ormuz bloqué

L’embrasement de la région serait, à lui seul, de nature à décourager les armateurs d’envoyer leurs navires dans le Golfe persique. En outre, il serait facile aux Iraniens de bloquer le détroit d’Ormuz, qui relie le Golfe persique à la mer d’Oman. « C’est comme boire un verre d’eau » a déclaré le commandant de la marine iranienne, l’amiral Habibollah Sayyari, en décembre dernier.

Le détroit d’Ormuz ne fait 50 kilomètres de large et 60 mètres de profondeur. Les supertankers y circulent sur deux étroits couloirs de sens contraire : y couler des gros navires obstruerait ce goulet d’étranglement par où transite plus d’un tiers du trafic pétrolier maritime de la planète. Le blocage du détroit déclencherait un nouveau choc pétrolier qui aggraverait la crise économique mondiale.

L’Occident entraîné dans la guerre

L’attaque israélienne surchaufferait un Moyen Orient déjà bien fiévreux. La forte densité des flottes de guerre occidentales croisant dans le Golfe Arabo-persique et la mer d’Oman crée un risque de collision avec les forces iraniennes, si proches.

Il est probable que l’assaut lancé par Israël finirait par entraîner dans le conflit ses alliés occidentaux, au premier rang desquels les  États-Unis. Ceux-ci mobiliseraient alors leur formidable force militaire pour détruire en profondeur l’industrie nucléaire iranienne. La France serait impliquée, elle qui a envoyé dans la région des navires de guerre - dont le porte-avions Charles de Gaulle -, qui a installé une base navale à Abu Dhabi, près du détroit d’Ormuz et qui a été particulièrement active pour promouvoir l’embargo économique de l’Iran.

L’Iran riposterait par des attentats terroristes contre les établissements et ressortissants des pays occidentaux concernés, non seulement à l’étranger mais aussi sur leurs territoires nationaux, par le biais du Vevak. 

Surchauffe de la haine antioccidentale

En terre d’islam et ailleurs, la haine antioccidentale se nourrirait de l’attaque israélienne contre l’Iran. Des troubles agiteraient les banlieues en Occident. L’antagonisme latent entre Occident et islam se renforcerait. Le fondamentalisme islamiste surferait sur cette vague. 

La guerre avec l’Iran serait une étape vers le conflit islam-Occident et la Troisième Guerre mondiale, dont la crise économique mondiale fait le lit. 

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