Israël : "brûlé vif" ou "tué dans l’incendie de sa maison" ?<!-- --> | Atlantico.fr
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Manifestation en Palestine suite à la mort de l'enfant.
Manifestation en Palestine suite à la mort de l'enfant.
©Reuters

La guerre des mots

Les journaux ont la liberté de choisir tel ou tel mot pour qualifier un événement. Le choix fait par les médias français est lourd de sens.

Benoît Rayski

Benoît Rayski

Benoît Rayski est historien, écrivain et journaliste. Il vient de publier Le gauchisme, maladie sénile du communisme avec Atlantico Editions et Eyrolles E-books.

Il est également l'auteur de Là où vont les cigognes (Ramsay), L'affiche rouge (Denoël), ou encore de L'homme que vous aimez haïr (Grasset) qui dénonce l' "anti-sarkozysme primaire" ambiant.

Il a travaillé comme journaliste pour France Soir, L'Événement du jeudi, Le Matin de Paris ou Globe.

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Jeanne d'Arc fut brûlée vive à Rouen. Michel Servet fut brûlé vif à Genève. La Voisin, dite l’empoisonneuse, fut brûlée vive à Paris. Des milliers de sorcières connurent le même sort pendant des siècles en Europe. Tous et toutes périrent sur le bûcher.

En Cisjordanie un bébé palestinien de 18 mois, Ali Dawabsha, est mort dans l’incendie de sa maison. Une maison incendiée par des extrémistes juifs. Ce décès a révolté, à juste titre, des milliers de Palestiniens qui ont crié leur colère et leur dégoût. La mort du petit Ali a aussi déclenché une réaction immédiate du gouvernement israélien : “les terroristes juifs seront châtiés”. Voilà les faits.

Et maintenant regardons les mots. Les médias français (journaux, radios, télévisions) reprennent en boucle la même expression pour nommer la fin tragique du petit Palestinien : “brûlé vif” ! C’est rajouter de l’horreur à l’horreur... C’est utiliser une expression incandescente, si l’on peut dire, pour rendre encore plus abominable l’acte des incendiaires. S’agissant d’Israël, aucun mot n’est jamais trop fort !

En anglais “brûlé vif” se dit “burned alive”. Pas de trace de cette formule dans la presse britannique ou américaine. “Ali Dawabsha killed in house fire” (“Ali Dawabsha tué dans l’incendie de sa maison”) écrit le Guardian. “Burned to death” (“brûlé à mort”) écrit le New York Times. Aucun de ces journaux n’a eu recourt au “burned alive” (“brûlé vif”).

La presse française a ses préférences. Plus de compassion pour les Palestiniens que les médias d’expression anglaise ? Même pas. Simplement, car c’est dans l’air du temps, plus, beaucoup plus, d’animosité à l‘égard des Israéliens. La compassion relève d’un sentiment humain parfaitement honorable. L'hystérie anti-israélienne, elle, n’est qu’une caricature grimaçante.

Dans un autre domaine, très proche géographiquement, on peut observer beaucoup plus de pudeur et de retenue. Daesh diffuse régulièrement des vidéos avec des prisonniers à qui l’on tranche la gorge. “Décapités” lisons-nous. Non, pas décapités : “égorgés” ! Un mot très connoté,  qui pourrait peut-être choquer certains chez nous. Avec les Israéliens pas besoin de se gêner : ils sont si loin...

PS : Et avec les Israéliens, on ne s'embarrasse pas non plus à la Mairie de Paris. Celle-ci a eu l'affreuse idée (sans doute sous l'influence de quelques horribles sionistes infiltrés) d'organiser le 13 août à Paris-Plages une journée "Tel-Aviv -sur- Seine". Elle s'en mord les doigts aujourd'hui, inondée qu'elle est par des tweets antisémites. Danielle Simonnet du Front de Gauche, élue de la majorité municipale, crie au scandale : "cynique, indécent".

Bruno Julliard, adjoint d'Anne Hidalgo, se défend comme il peut : "Nous faisons la différence entre les Israéliens pacifiques et la politique colonisatrice de leur gouvernement". A y regarder de plus près, y a-t-il vraiment une différence entre Melle Simonet et M. Julliard ? Mais le chroniqueur Claude Askolovitch a trouvé un argument imparable pour défendre le projet : "Tel-Aviv est une ville gay !" Un bon Israélien est donc un Israélien gay. Quant aux autres…

Et n'oubliez pas : le A-book de Benoît Rayski, Le gauchisme, cette maladie sénile du communisme, est toujours disponible à la vente sur Atlantico éditions : 

Le gauchisme, cette maladie sénile du communisme

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