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Islam, immigration, identité nationale : Comment en parler sereinement à la France
d’Hénin-Beaumont ?
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Controverse

Dans le cadre des élections législatives, Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon s'affrontent à Hénin-Beaumont, l'une accusant l'autre de "surfer sur le vote ethnique et religieux". Les extrêmes s'emparent finalement des questions d'immigration et d'identité nationale au détriment des partis institutionnels, pour qui ces questions restent taboues.

Jeannette  Bougrab

Jeannette Bougrab

Jeannette Bougrab, docteur en droit de la Sorbonne, ex-présidente de la Halde et ancienne ministre, est aujourd'hui membre du Conseil d'État. Elle est l'auteur de Ma République se meurt, Maudites et Lettre d'exil qui ont rencontré un grand succès en librairie.

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Atlantico : Dans le cadre des élections législatives, Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon s'affrontent à Hénin-Beaumont sur des questions d’« identité » et de religion. L’UMP et surtout le PS sont plus frileux sur ces thèmes. Faut-il en laisser le monopole aux extrêmes ?

Jeannette Bougrab : Aussi bien le FN que le Front de Gauche incarne une mauvaise caricature de ce que peut être la politique. Cette bataille médiatique qu’ils nous infligent depuis des semaines est regrettable.

Mais, il est vrai qu’on a abdiqué devant certains principes qui faisaient la force du modèle républicain, comme la laïcité.
Marine Le Pen et Jean Luc Mélenchon n’ont  pas le monopole de ces sujets. Nous ne devons pas avoir peur d’enfreindre les règles du politiquement correct. Certes, il reste des problèmes en France, et nous devons les résoudre.  

Durant l'élection présidentielle, les classes populaires, préoccupées par l’insécurité et la réalité de l’immigration, se sont parfois tournées vers l'extrême droite. Comment les partis républicains peuvent-ils s’adresser à eux, et répondre à leurs préoccupations ?

Nous vivons en démocratie, et tous les sujets doivent pouvoir être abordés sans tomber dans l’hystérie collective. Ensuite, il faut donner à chacun la possibilité de réussir grâce à l’école.

Hélas, aujourd’hui, quand vous êtes enfant d’ouvrier ou d’employé, vous avez moins de chance de réussir que les autres. C’est la raison pour laquelle il y a un vent de révolte qui souffle en France, et qui se manifeste par la tentation des extrémismes. Mais l’extrémisme n’apportera aucune solution.

La droite comme la gauche semblent parfois mal à l'aise avec la question de l'islam. Est-ce un sujet tabou ?

Ce n’est pas la question de l’Islam qui doit se poser, c’est la question des intégrismes, de certaines écoles coraniques, de certains jeunes qui sont endoctrinés dans les prisons.

Je le redis, il n’y a pas d’islamisme modéré, pas de "charia light".
Des femmes qui se font agresser parce qu’elles sont autonomes, cela existe en France, et nous ne devons plus l’accepter ! Manuel Valls, qui s’est retrouvé avec moi sur certains combats comme l’interdiction de la Burqa, n’est pas très éloigné  de mes positions.

Certaines associations ne se sont-elles pas discréditées en mettant l’antiracisme au service de la censure ? Tous propos critiques de l’intégrisme musulman étant  parfois qualifié d’islamophobie.

Les mouvements antiracistes se sont parfois discrédités. A la fin des années 1980, lorsqu’il y a eu les premières affaires de voile à l’école, ces associations avaient pris fait et cause pour les jeunes filles voilée.

Elisabeth Badinter, l’une des rares à s’être opposée à cette abdication, avait même  été accusée de faire le jeu du FN. Dès qu’on défend le principe de laïcité, on est taxé d’anti-religieux.

Abdiquer sur la question du voile à l’école ou sur les horaires de piscine est inacceptable.

Au-delà de la question de l’intégrisme religieux, la percée de certains mouvements communautaires, comme les Indigènes de la République, témoigne de la montée de revendications identitaires en France. Quel est votre position par rapport au débat sur le multiculturalisme?

Je suis contre toute forme de communautarisme et pour une intégration à la française. Le modèle anglo-saxon de communautés qui se juxtaposent a montré ses limites notamment en Angleterre. Je suis contre la discrimination positive. La force du modèle républicain est de considérer tous les individus comme égaux, quelle que soit leur origine ou leur religion.

Les débat sur l’identité national ou sur la laïcité ont été très critiqués à gauche mais aussi à droite. Quel était votre point de vue sur ces débats ?

Être fier du drapeau français n’est pas une infamie. Mon père s’est battu pour ce drapeau, mon frère est militaire et est prêt à mourir pour la France. On doit pouvoir parler du passé comme de l’avenir. La France est un merveilleux pays que j’aime, et il est très triste de voir que les débats ne sont pas à la hauteur de la grandeur française.

Propos recueillis par Alexandre Devecchio

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