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Iran et Al Qaida s’allient ? Quelle farce !
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Lettres persanes

Le quotidien The New York Post évoque une fuite selon laquelle Ayman al-Zawahiri appellerait l'Iran à s'allier à Al Qaida pour commettre des attentats, notamment, lors des Jeux olympiques de Londres cet été. Info ou intox ?

François Géré

François Géré

François Géré est historien.

Spécialiste en géostratégie, il est président fondateur de l’Institut français d’analyse stratégique (IFAS) et chargé de mission auprès de l’Institut des Hautes études de défense nationale (IHEDN) et directeur de recherches à l’Université de Paris 3. Il a publié en 2011, le Dictionnaire de la désinformation.

 

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Atlantico : Le quotidien The New York Post évoque une fuite selon laquelle le leader d'Al Qaida - Ayman al-Zawahiri - pourrait s'unir à l'Iran pour commettre des attentats, notamment, lors des Jeux olympiques de Londres cet été. Comment jugez-vous cette prétendue association entre l'Iran et Al Qaeda en pleine crise entre Israël, l'Iran et la visite de Benyamin Netanyahou à Washington ?

François Géré : D’un point de vue général, dire que tous les musulmans doivent s’unir contre le sioniste, les États-Unis, revient à dire une grosse banalité. C’est de la rhétorique. Ce genre de rumeur nous rappelle un autre gros poisson qui avait été celui de Al Qaïda et Saddam Hussein en 2002, 2003. C’est typiquement le genre de choses que l’on met en avant pour créer une rumeur et influencer les opinions publiques. On prend l’ennemi emblématique, Al Qaïda, et on le jouxte avec un autre ennemi. Sur le fond, Al Qaïda et les Iraniens ont toujours eu des relations très difficiles, voire hostiles, qui n’ont pu être tempéré que par le fait, tactiquement,qu'en considérant que l’ennemi de mon ennemi n’est sans doute pas pas mon ami mais... que cette situation permettait toutefois à l'Iran et Al Qaida se se rapprocher pour faire un coup ou pour une petite manœuvre.  Mais au-delà de ça ce sont fondamentalement des gens qui se détestent.

Simplement en raison de l'opposition entre l'Iran chiite et Al Qaida sunnite ?

Oui, globalement c’est la lutte sunnites contre chiites, plus précisément c’est la lutte entre des intérêts régionaux qui ne sont pas du tout les mêmes. Pour l’Iran, Al Qaïda est un perturbateur en Afghanistan, éventuellement aussi en Irak. Ça pourrait aussi être un perturbateur au Waziristân où il y a eu des attaques de groupes islamistes organisés, sunnites, contre des forces armées iraniennes. Il y a seulement absence d’atomes crochus mais aussi un fond d’hostilité extrême.

Cette association est assez improbable ?

Extrêmement improbable.

Ce type d’article est-il selon vous susceptible de connaître une certaine inflation ?

On est depuis quelques temps dans une période où on observe énormément de rumeurs, d’intoxications, de désinformation. Cela s’inscrit dans une certaine forme de logique. Si on veut désigner l’Iran comme l’adversaire qu’il faut abattre, il n’y a pas mieux que d’évoquer une collusion avec Al Qaïda. Ca marche très fort ; c’est vraiment très très fortement ciblé sur une opinion publique américaine qui n’y connaît pas grand-chose.

D’où viennent ces informations ?

Je ne sais pas.  Il faut voir si ça se répète parce que c’est un filon qui va probablement se développer, et à mesure qu’il se développera, on pourra peut-être avoir une idée. Si c’est une opération directement montée par les services de renseignements, vous vous imaginez bien que je n’ai pas été informé.

Propos recueillis par Antoine de Tournemire

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