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Invectives et menaces de mort sur les réseaux sociaux : la barbarie à visage juvénile
©Reuters

Harcèlement 2.0

Christian Combaz décèle des signes inquiétants de progrès d'une nouvelle forme de barbarie, qu'il appelle de proximité, dans les suites de l'affaire Nabilla sur les réseaux sociaux.

Christian Combaz

Christian Combaz

Christian Combaz, romancier, longtemps éditorialiste au Figaro, présente un billet vidéo quotidien sur TVLibertés sous le titre "La France de Campagnol" en écho à la publication en 2012 de Gens de campagnol (Flammarion)Il est aussi l'auteur de nombreux ouvrages dont Eloge de l'âge (4 éditions). En avril 2017 au moment de signer le service de presse de son dernier livre "Portrait de Marianne avec un poignard dans le dos", son éditeur lui rend les droits, lui laisse l'à-valoir, et le livre se retrouve meilleure vente pendant trois semaines sur Amazon en édition numérique. Il reparaît en version papier, augmentée de plusieurs chapitres, en juin aux Editions Le Retour aux Sources.

Retrouvez les écrits de Christian Combaz sur son site: http://christiancombaz.com

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Les commentateurs recommandables ne veulent pas aborder certains sujets dont ils craignent, sans doute, qu'ils ne déteignent sur leur image, et la télé-réalité, sa chronique, ses potins, ses rivalités font partie des thèmes sur lesquels les auteurs sérieux n'aiment pas s'étendre. Pourtant l'affaire Nabilla permet de jeter une lumière précise et impitoyable sur la façon dont se répand une nouvelle barbarie de proximité, celle qui est maquillée jusqu'aux oreilles, celle qui porte des jeans de marque et des bracelets brésiliens, celle qui termine ses phrases par "lol j'veux dire grave le mec quoi". Elle se répand dans les réseaux sociaux à la moindre occasion.

Cette barbarie à visage juvénile envahit les plateaux par les chaînes du câble. Elle est payée par les "grands groupes" qui croient être à la pointe de la civilisation alors qu' il financent exactement le contraire. Cette nouvelle attitude sociale finit par rentre légitimes des mots et des actes comme le fait de pointer quelqu'un, c'est à dire lui planter un couteau dans le ventre, qui est devenu une sorte de lieu commun, une ponctuation de la conversation dans certains milieux. L'affaire Nabilla témoigne que le passage à l'acte n'est jamais très loin . On apprend que l'une de ses anciennes concurrentes dans une télé-réalité tournée sous les palmiers, une prénommée Catherine, pour avoir osé critiquer la coqueluche de la presse people, se retrouve en ce moment menacée d'être "pointée" à son tour et s'en plaint dans sa page Facebook. "Mes enfants ont aussi reçu des menaces de mort ! On leur dit que Nabilla en sortant viendra les "pointer" eux-aussi comme si c'était normal de régler ses conflits avec un couteau ! "

On a l'impression d'avoir changé d'époque pour entrer dans un âge plus noir et plus imprévisible que celui de la guerre froide. Il y a quelques jours Michel Boujenah était l'invité du journal de 20 heures. Il se flattait d'avoir toujours rêvé sa vie, même quand il était écolier, il était (je cite), du genre à dire "la maîtresse est folle de moi et j'ai planté un couteau au directeur".

Si c'est cela qu'on appelle rêver sa vie, il est urgent de changer de rêves.

Quand, toujours au journal télévisé, un autre humoriste, Jamel, visiblement victime des mêmes influences, menace la fille de la météo en lui demandant d'annoncer du beau temps pour lui dire finalement "on sait où tu habites, on te retrouvera", quand il se penche vers la caméra le poing fermé pour annoncer devant dix millions de personnes "j'voudrais passer une dédicace (sic) à Momo, qui est à la prison de la Santé, tiens bon Momo, on est avec toi", on est pas entièrement sûr d'être avec Momo, ni d'approuver la façon dont les esprits, en France, sont en train d'évoluer.

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