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Immigration : pourquoi la France n’est pas historiquement le pays d’accueil que l’on prétend
©Reuters

Bonnes feuilles

Un essai en forme de décryptage, à rebours des idées reçues, à la fois état des lieux du phénomène dans son actualité et mise en perspective historique des ressorts, enjeux et problématiques d’une réalité complexe. Extrait de "L’immigration - Faut-il avoir peur de l’avenir ?", de Gérard A. Jaeger, publié aux éditions Eyrolles (1/2).

Gérard A. Jaeger

Gérard A. Jaeger

Historien et philosophe, spécialiste des grands bouleversements des sociétés, Gérard A. Jaeger est l’auteur d’une soixantaine d’ouvrages -pour la plupart de référence- portant sur les rapports entre réalité des faits et rumeur. Parmi ses récentes publications, Il était une fois le Titanic (Archipel / 2012).
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La première question qu’il faut se poser est la suivante : la France est-elle historiquement le pays d’accueil que l’on prétend ? Les partisans d’une immigration inconditionnelle l’affirment, or ce n’est pas vraiment le cas et cette volonté d’asseoir cette certitude ne sert pas les arguments qui pourraient toucher son opinion publique, lasse des discours récurrents et moralisateurs. Il n’y a pas besoin de se référer au passé le plus ancestral pour être convaincu de la nécessité d’adopter une attitude repensée. Hélas la réalité de l’histoire en matière de migrations est toute pragmatique, elle fait fi des grandes idées philosophiques et juridiques sur la mobilité des hommes. Ce sont les logiques économiques et politiques qui en rythment malheureusement la cadence et les modes de fonctionnement. C’est ainsi qu’on est passé de « l’étranger » à « l’immigré », raccourci de l’expression « travailleur immigré ». La terminologie moderne, qui prend naissance au cours de la seconde moitié du xixe siècle, désigne un mouvement abstrait de populations qui néglige l’existence des hommes dans le processus.

À partir du moment où le flux migratoire du nord vers le sud s’est inversé, un glissement sémantique s’est opéré qui a dégradé l’image du migrant. Celui qui part a donc des légitimités de déplacement qu’on ne lui reconnaît plus lorsqu’il arrive sur le territoire de l’Autre. En outre, l’immigré n’est plus un migrant dès lors qu’il se sédentarise et fait aussitôt figure d’indésirable. C’est le phénomène dit de « l’escalier migratoire » : les premiers défrichent, les suivants s’installent et subitement l’opinion prend conscience d’une situation sans appel qu’elle doit gérer sur le long terme.

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Quand tout se passe bien, c’est-à-dire si le migrant se plie aux exigences de l’accueillant, la machine tourne au rythme régulier d’une économie qui absorbe les flux. Pour autant, elle fait fi de la sociabilisation et de l’intégration des nouveaux venus, ce qui conduit à des dérégulations récurrentes de la part de toutes les parties.

Extrait de "L’immigration - Faut-il avoir peur de l’avenir ?", de Gérard A. Jaeger, publié aux éditions Eyrolles, 2015. Pour acheter ce livre, cliquez ici.

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