Immigration : et Jean-Christophe Cambadélis eut une révélation en faisant du porte-à-porte<!-- --> | Atlantico.fr
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Jean-Christophe Cambadélis vient de découvrir l'une des raisons du vote FN.
Jean-Christophe Cambadélis vient de découvrir l'une des raisons du vote FN.
©Reuters

Le terrible aveu

Le premier secrétaire du Parti socialiste vient de découvrir que le Front national prospère sur la question identitaire et l'immigration. "Quand vous faites du porte-à-porte, c'est : 'il y en a trop [d'immigrés], ils sont trop nombreux'", a-t-il observé.

Benoît Rayski

Benoît Rayski

Benoît Rayski est historien, écrivain et journaliste. Il vient de publier Le gauchisme, maladie sénile du communisme avec Atlantico Editions et Eyrolles E-books.

Il est également l'auteur de Là où vont les cigognes (Ramsay), L'affiche rouge (Denoël), ou encore de L'homme que vous aimez haïr (Grasset) qui dénonce l' "anti-sarkozysme primaire" ambiant.

Il a travaillé comme journaliste pour France Soir, L'Événement du jeudi, Le Matin de Paris ou Globe.

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"Quand on fait du porte à porte, vous savez ce qu'on entend sur les immigrés ? Il y en a trop, il y en a trop, ce n'est plus possible !" Supposons que Marine Le Pen fasse du porte à porte et ait rapporté les mêmes propos. Que n’aurait-on pas entendu ! Raciste, xénophobe, islamophobe.

Mais voilà, la phrase est de Jean-Christophe Cambadélis, inattaquable par définition – il est socialiste n'est ce pas ? - sur ces points-là. Le premier secrétaire du PS a certes des circonstances atténuantes pour avoir énoncé cette évidence, une énormité selon le catéchisme en vigueur à gauche. Le journaliste qui l’interrogeait sur France Inter lui avait rappelé en effet que les députés frondeurs de son parti imputaient la montée du Front National au chômage, à la crise, à la politique libérale de Valls et de Macron.

Et là, Cambadélis a explosé en mangeant, comme on dit, le morceau. Non, a t-il dit. Le Front National se nourrit d'un rejet de l'immigration, de l’Islam, de ceux qu'il y a "en trop !" Le patron du PS n'a pas voulu, ou pas pu, développer sa pensée. Essayons de le faire à sa place.

Le Front National se nourrit de Mohammed Merah, de Mehdi Nemouche, d'Amedy Coulibaly et des frères Kouachi . Il prend du poids grâce aux centaines de "jeunes" djihadistes qui partent pour l'Irak et la Syrie, là où ils sont libres de tuer et d'égorger. Il gagne des points à chaque vidéo d'otages et de prisonniers décapités par les mêmes.

Le parti de Marine Le Pen se nourrit de l'image d'un petit garçon de 11 ou 12 ans, originaire de Toulouse, exécutant un prisonnier sur l'ordre d'un demi frère de Mohammed Merah. Au "il y en a trop !" vient s’ajouter " même les enfants !" Mais ça les frondeurs du PS ne veulent pas le voir puisque pour eux la descente aux enfers des banlieues est juste le résultat d'une désespérance sociale. Et, bien sûr, Cambadélis ne peut pas en dire plus, tenu qu'il est par ses obligations en tant que premier secrétaire du PS.

Le Front National prend de l'embonpoint en raison de ce déni et de ce silence. "Il y en a trop !", "même les enfants !" et en plus "on nous ment !" Qui en France n'a pas entendu parler des milliards déversés sur les banlieues, de "plan Marshall" en "politique de la ville" en passant par "SOS banlieues" ? Et tout ça pour quoi ? Pour rien !

Dans ces coins de France choyés par la manne publique le chômage augmente bien plus qu'ailleurs (s'est-on demandé pourquoi il y avait tellement plus de sans-emploi au Mirail que dans tout autre quartier de Toulouse?). La délinquance, le trafic de drogue, les règlements de compte y ont pris des proportions effrayantes qui ne sont nullement corrélées à telle ou telle politique gouvernementale. Des années, des dizaines d'années que ça dure...

Tout le monde sait que "trop c'est trop". Que les dizaines de milliards engloutis dans les territoires perdus de la République sont en quelque sorte un salaire de la peur versé par les gouvernements successifs pour tenter d'amadouer des bénéficiaires prompts à l’émeute. Continuer à le faire, persévérer dans le déni du réel, nourrit une colère et un ressentiment qui ont fait du Front National le premier parti de France.

Mais alors que faire ? Eh bien tout d'abord ne pas faire ! Ne pas faire ça ! Ne pas faire des voyous et des délinquants des victimes. Tous ceux qui ne sont ni voyous ni délinquants vivent ça comme une insulte à leur égard. Il faut cesser de considérer comme intouchable une religion dans un pays qui s'est justement forgé dans la lutte contre une religion dominante (le catholicisme) qui a cessé d’être dominante pour le plus grand bien de tous. Punir le plus sévèrement possible les djihadistes, les islamistes, les assassins, les délinquants, sans que leur origine ou leur confession soient considérées comme une circonstance atténuante.

Oh, mais il y a un risque d'amalgame là ! Et ça – on l’entend tous les jours – c'est pas bien. Me revient en mémoire une histoire, lue je crois chez Saint Simon. Un officier du roi fut envoyé avec ses hommes pour disperser une émeute. La foule fut mise en joue par les gardes royaux. L'officier s'adressa aux émeutiers. "J'ai reçu l’ordre de tirer sur la canaille et sur la canaille seulement. Je prie donc les honnêtes gens qui sont là de quitter les lieux". Ce qui fut fait. Alors oui, tirons sur la canaille ! Les honnêtes gens sauront ce qu'ils doivent faire...

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