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Abdelhakim Dekhar, le tireur qui a semé la terreur à Paris.
Abdelhakim Dekhar, le tireur qui a semé la terreur à Paris.
©Capture d'écran/Youtube

Bizarre, vous avez dit bizarre ?

Au vu de sa lettre, celui qui a tiré à Libération et à la Société générale est présenté comme fou et déséquilibré. Mais ils sont nombreux à parler comme lui !

Benoît Rayski

Benoît Rayski

Benoît Rayski est historien, écrivain et journaliste. Il vient de publier Le gauchisme, maladie sénile du communisme avec Atlantico Editions et Eyrolles E-books.

Il est également l'auteur de Là où vont les cigognes (Ramsay), L'affiche rouge (Denoël), ou encore de L'homme que vous aimez haïr (Grasset) qui dénonce l' "anti-sarkozysme primaire" ambiant.

Il a travaillé comme journaliste pour France Soir, L'Événement du jeudi, Le Matin de Paris ou Globe.

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Il évoque un "complot fasciste" : donc il est fou. Il dénonce les banques : donc il est déséquilibré. Il en veut aux "journauxputes" : donc il est malade. Il dénonce les abominations qu’on fait subir aux banlieues : donc il n’est pas bien dans sa pauvre tête. Vraiment ? En est-on si sûr ?

A lire sur le même sujet l'article d'André Bercoff :Abdelhakim Dekhar serait un militant d'extrême gauche… Mais où sont passés les bien-pensants qui criaient au péril fasciste ?

Mais ils sont des milliers à penser et à parler comme lui. Et pas des pauvres Arabes sans domicile fixe. Non, des hommes politiques, des militants et des intellectuels ayant pignon sur rue. Le "complot fasciste" ? Mais ça a été crié en chœur par l’extrême gauche et les écologistes pour dénoncer Nicolas Sarkozy, "fils de Pétain", dont le règne ressemblait aux heures les plus sombres de notre histoire…

Abdelhakim Dekhar dénonce les banques ? Allez donc écouter Mélenchon qui vomit sa haine des "banksters", ou la CGT qui pourfend les "requins du grand capital". Il s’en prend aux "journauxputes" ? Mais une frange vociférante du gauchisme français clame que les médias mentent, qu’ils sont à la solde de la bourgeoisie, de Goldman Sachs et des riches. La vérité est bien sûr ailleurs : sur leurs sites, où apparaissent des textes bien plus tordus que celui d’Abdelhakim Dekhar. L’homme au fusil soutient que l’on opprime et écrase les banlieues ? Mais ça, on l’entend tous les jours que le Bon Dieu fait chez Daniel Mermet sur France Inter. Et, plus rarement il est vrai, dans les chroniques de Pierre Marcelle à Libération (elles ne sont pas quotidiennes, et c’est bien dommage pour les amateurs de burlesque). Tenir ainsi le crachoir et être applaudi a des vertus apaisantes. Ils écrivent, font des discours, s’affichent. Ça fait du bien et ça évite de consulter un psychanalyste.

Leur pensée est paranoïaque. Aussi paranoïaque que l’est Abdelhakim Dekhar. Alors bien sûr ils se récrieront qu’ils n’ont rien, strictement rien à voir avec un déséquilibré, un fou, un tordu. À côté de lui ils font effectivement bon chic bon genre. Et ce serait leur faire beaucoup de peine que de les obliger à se regarder dans le miroir qui leur renvoie leur propre image, certes un peu déformée, sous les traits d’Abdelhakim Dekhar…

Abdelhakim Dekhar est assurément un pauvre type. Un paumé qui balbutie, pas trop mal d’ailleurs, ce que les nantis du gauchisme écrivent en gants blancs. Lui, personne ne l’écoutait. Personne ne l’entendait. Personne ne savait qui il était. C’est ainsi qu’après une petite gloire éphémère avec des anarchistes autonomes (et après quatre ans de prison), il a cuit et recuit dans son triste ressentiment. Puis, un jour, n’en pouvant plus d’une solitude exaspérante, il a pris un fusil. Le parallèle s’arrête là. Essayez en effet d’imaginer un seul instant Mélenchon, Duflot, Mermet, Marcelle and co avec un fusil. À mourir de rire. C’est Karl Marx qui disait que l’Histoire se répète toujours deux fois : la première sous forme de tragédie, la seconde sous forme de farce.

A lire du même auteur : Le gauchisme, maladie sénile du communisme, Benoît Rayski, (Atlantico éditions), 2013. Vous pouvez acheter ce livre sur Atlantico Editions.

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