Il faut en finir avec l'islamophobie ! Et lui substituer une autre phobie <!-- --> | Atlantico.fr
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L'islamophobie, assez répandue en France, doit être mise à l'index
L'islamophobie, assez répandue en France, doit être mise à l'index
©Reuters

Pogonophobie

Cette dernière sera bien mieux acceptée (espérons-le). Et elle ne devrait pas soulever de protestations.

Benoît Rayski

Benoît Rayski

Benoît Rayski est historien, écrivain et journaliste. Il vient de publier Le gauchisme, maladie sénile du communisme avec Atlantico Editions et Eyrolles E-books.

Il est également l'auteur de Là où vont les cigognes (Ramsay), L'affiche rouge (Denoël), ou encore de L'homme que vous aimez haïr (Grasset) qui dénonce l' "anti-sarkozysme primaire" ambiant.

Il a travaillé comme journaliste pour France Soir, L'Événement du jeudi, Le Matin de Paris ou Globe.

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La phobie est, selon la définition du dictionnaire, la manifestation d'une "peur irrationnelle". S'agissant de l'islamophobie, cette définition est pour le moins inexacte. Dans ce cas, la peur, s'il y en a une, a de sérieux fondements rationnels… En outre, même le mot peur parait inadéquat : rejet, aversion ou dégoût peuvent convenir tout aussi bien.

Mais qu'importe. L'islamophobie, assez répandue, doit être mise à l'index. En effet, selon la formule consacrée, elle stigmatise une part importante de la population française et, encore plus importante, de la population mondiale. En revanche, il est loisible, voire souhaitable, de sacrifier à une autre phobie qui, elle, n'est pas inscrite au registre de l'infamie. La pogonophobie (du grec "pôgôn", barbe) ! Pour les nombreux ignares qui liront ce texte, cela veut dire "aversion pour les barbes".

Et là, il y a de quoi faire : les porteurs de "pôgôn" sont légion. Il y en a des masses au Pakistan et en Afghanistan. Ils sont nombreux également en Syrie et en Irak, où ils poursuivent avec persévérance leur tâche purificatrice. Il y en a même en France : on a pu les voir rue de la Roquette (hier à Barbès, c'était plutôt de la racaille), devant une synagogue où ils n'avaient peut-être pas l'intention de prier.

Les porteurs de "pôgôn" ont quelques spécificités. L'une d'elle mérite d'être soulignée. Ils sont gymnophobes (du grec également, "qui a horreur de la nudité"). C'est pourquoi ils affublent leurs épouses et leurs filles de très larges et longues robes et recouvrent leurs visages d'un "perigaion" (voile, en grec). Ce qui a suscité une vague de perigaionophobie aussi critiquable que l'islamophobie. Certains goujats allant même jusqu'à insinuer que ces créatures de rêves portaient elles aussi la barbe. D'où la nécessité élémentaire et esthétique du "perigaion"…

Il existe toutefois d'autres barbus que ceux-ci. Il y en a un peu en France, beaucoup à Brooklyn, et énormément à Jérusalem. Ils ont une conception pour le moins étroite de la pratique de leur culte. Et même, comme les autres barbus cités plus hauts, ils manifestent parfois avec beaucoup de colère. Ces derniers temps, c'était pour protester avec véhémence contre le projet de l'Etat dont ils sont citoyens d'abolir la loi qui les dispensait de faire leur service militaire. Eux ne tuent pas.

Pour en revenir à l'essentiel, convenons donc qu'il faut en finir avec l'islamophobie. Plusieurs raisons à cela, la principale étant qu'il existe en France un Observatoire de l'islamophobie. Un organisme extrêmement sourcilleux (restons dans le domaine de la pilosité). Dès qu'on lui cherche des poux dans la barbe, il proteste et traîne en justice. Mais il n'existe pas – ouf ! – d'Observatoire de la pogonophobie. 

PS : Merci de ne pas publier ce texte un vendredi. En effet, ce jour-là, nombreux sont ceux qui sortent des "templo barbatus" (désolé de faire appel au latin). Et il faut bien peu de choses pour les mettre en colère. 

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