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Le développement de la démocratie et la croissance économique sont étroitement liés.
Le développement de la démocratie et la croissance économique sont étroitement liés.
©LUDOVIC MARIN / AFP

Atlantico Business

Après un an, la guerre en Ukraine nous montre que l’enjeu est bien la protection de la liberté individuelle et de la démocratie libérale. Mais au-delà, c’est aussi la capacité des pays à se développer économiquement. Dans l’histoire, démocratie et croissance sont allées de pair.

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre a été en charge de l'information économique sur TF1 et LCI jusqu'en 2010 puis sur i>TÉLÉ.

Aujourd'hui éditorialiste sur Atlantico.fr, il présente également une émission sur la chaîne BFM Business.

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La guerre en Ukraine est devenue une guerre pour la démocratie en réveillant un antagonisme qu’on avait connu pendant la guerre froide. Cette guerre concerne le monde entier et va bien au-delà de la seule protection des libertés individuelles et politique au niveau des organisations, dans la mesure où les pays démocrates et libéraux se sont toujours mieux développés économiquement que les États autoritaires.

La situation actuelle révèle deux phénomènes importants.

1er phénomène : la démocratie est un type dorganisation extrêmement fragile. La démocratie libérale qui sest installée à partir du 19e siècle a réussi à séduire une grande partie de la population mondiale. Lorganisation « Our world Data » montre que le nombre de pays dans le monde organisés sous des régimes de démocratie libérale ou électorale était une dizaine environ en 1920 (en gros les grands pays de lEurope occidentale et une partie de lAmérique du nord) et plus de 90 pays aujourdhui.

Parallèlement, les pays qui vivent sous un régime autoritaire (cest-à-dire sous autocratie électorale ou fermée) ont diminué depuis le début du 20e siècle et surtout après la deuxième guerre mondiale. Ces régimes, qui étaient plus de 120 dans le monde, sont tombés aux environs de 90.

On peut dire aujourdhui quil y a autant de régimes autoritaires que de régimes démocrates dans le monde.

Cela dit, lanalyse détaillée nous montre que la démocratie est extrêmement fragile. La part de la population vivant en démocratie a progressé assez fortement entre 1945 et 2018, on est passé de 10 % de la population mondiale à plus de 50 % en 2018. Mais avec des accidents de parcours assez spectaculaires…

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Dans les années 1978/1980, la part de la population sous démocratie est tombée de 35% à20% seulement. Nouvelle cassure en 2019 puisqu’on est retombé de plus de 50% à 32 %. Et aujourdhui, le nombre des démocraties ne sest pas redressé. Beaucoup de pays ont choisi des organisations autoritaires en découvrant qu’ils pouvaient être sponsorisés par la Russie ou la Chine.

Cela dit, la cassure très spectaculaire de 2019 est essentiellement liée à deux phénomènes : le durcissement du régime de Poutine et son exportation vers les pays émergents et surtout lInde, avec son milliard dhabitants qui était considérée comme une démocratie partiellement libre et qui a été déclasse après la victoire du Modi aux élections et le changement assez brutal de politique en matière de libertés individuelles.

La fragilité de la démocratie sexplique par la difficulté dinstallation des règles démocratiques dans les pays neufs (émergents) mais aussi par la progression des mouvements populistes dans les vieilles démocraties où les classes moyennes ont beaucoup souffert des excès de la mondialisation (d’où la montée des courants dextrême droite, du Brexit ou du succès de Donald Trump). Ces courants ne progressent plus depuis la crise Covid qui a montré que les systèmes libéraux étaient plus résilients et capables de palier lesdéfaillances de l’État.

Le 2e phénomène, cest évidemment la corrélation forte entre le poids des démocraties et la force de la croissance économique. La période des Trente glorieuses, époque pendant laquelle les grandes démocraties ont su bénéficier dune croissance extrêmement forte à bénéficier dune très grande ouverture libérale dans tous les domaines : liberté individuelle, culturelle, personnelle, et politique. Il y a un rapport de cause à effet entre le régime politique et la capacité des agents à innover, à sorganiser et à investir.

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Les pays et notamment le bloc de lest ne sont pas parvenus à générer de la croissance et à la redistribuer au plus grand nombre, doù leur effondrement après la chute du mur de Berlin. Larrivée de Poutine a permis à la Russie daccéder aux grands marchés internationaux mais na pas permis à son marché intérieur de profiter de la croissance mondiale. La Russie sest installée dans une économie de rente (gaz et pétrole) et Poutine na rien fait pour libérer la structure intérieure.

A partir de 1990, la conversion des grandes économies centralisée à l’économie de marché (la Chine et la Russie) ont permis une mondialisation effrénée. Doù une conversion à la démocratie pour beaucoup de pays (en Afrique, en Asie, au moyen Orient, en Amérique du Sud) mais comme la Russie et surtout la Chine nont pas ouvert et libéré leur marché intérieur parce quils ont refusé un passage vers plus de liberté individuelle, la démocratie et la liberté individuelles nont pas été accordés à ces peuples. La promesse dun progrès économique pour tous na pas été tenue.Xi Jinping a adhéré à la mondialisation parce quil y avait intérêt, mais en a refusé les avantages à sa population, ce qui lui a valu quelques difficultés pour gérer la pandémie par exemple.Le paradoxe dans cette mutation interdite est que les élites (russes et chinoises) ont su profiter des avantages de l’économie de marché et de lart de vivre en démocratie.

Si beaucoup de pays émergents se tournent vers la Russie et on le voit aux Nations unies quand il faut se positionner par rapport à la guerre en Ukraine, cest moins par goût des organisations autoritaires et dictatoriales que par nécessité vitale. Ces pays, pour la plupart, ont besoin du blé russe.

Les deux graphiques qui montrent la fragilité de la démocratie dans le monde

Source :Statistica

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