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Comment l'hypermédiatisation 
a tué la communication politique
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Point trop n'en faut

Dans son ouvrage "Politiques, pourquoi la com les tue ", Bastien Millot explique qu'une trop grande exposition médiatique est contre-productive pour les hommes politiques.

Eric  Delbecque

Eric Delbecque

Eric Delbecque est expert en sécurité intérieure, auteur des Ingouvernables (Grasset). Eric Delbecque est expert en sécurité intérieure et en intelligence économique et stratégique, Directeur du pôle intelligence économique de COMFLUENCE et Directeur Général Adjoint de l’IFET (Institut pour la Formation des Élus Territoriaux, créé à l'initiative de l’Assemblée des Départements de France, et agréé par le ministère de l’Intérieur pour dispenser de la formation aux élus). Il fut directeur du département intelligence stratégique de la société SIFARIS, responsable de la sûreté de Charlie Hebdo et chef du département intelligence & sécurité économiques de l’Institut National des Hautes Études de la Sécurité et de la Justice (INHESJ), établissement public administratif placé sous la tutelle du Premier ministre), directeur de l’Institut d’Études et de Recherche pour la Sécurité des Entreprises (IERSE, institut de la Gendarmerie nationale), expert au sein de l’ADIT (société nationale d’intelligence stratégique) et responsable des opérations d’intelligence économique et de communication de crise au sein d’une filiale de La Compagnie Financière Rothschild.

Par ailleurs, il fut conférencier à l’IHEDN (Institut des Hautes Études de Défense Nationale), au CHEMI (Centre des Hautes Études du Ministère de l’Intérieur), et à l’École de Guerre Économique. Il a enseigné à Sciences Po (IEP de Paris), à l’ENA (École Nationale d’Administration), à l’IHEDN (Institut National des Hautes Études de la Défense Nationale), à l’ENM (École Nationale de la Magistrature), à l’EOGN (École des Officiers de la Gendarmerie Nationale), à Paris-Dauphine et au Pôle Universitaire Léonard de Vinci. Il est colonel de réserve (RC) de la Gendarmerie Nationale.

Il est l’auteur de nombreux livres portant sur les sujets suivants : l’intelligence économique, la sûreté des entreprises, les stratégies d’influence, l’histoire des idéologies, la sécurité nationale et le management de crise. Il a récemment publié Les Ingouvernables (Grasset) et, avec Christian Chocquet, Quelle stratégie contre le djihadisme ? Repenser la lutte contre la violence radicale (VA éditions). 

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Le livre de Bastien Millot Politiques, pourquoi la com les tue marque la fin d’un monde : celui des spin-doctors à l’ancienne… La communication sans contenu touche à son terme : on en a constaté les ravages depuis quinze ans. L’auteur de ce livre sincère, humain et revigorant, connaît son sujet puisqu’il fut Directeur de cabinet de Jean-François Copé, Directeur délégué de France Télévision et qu’il dirige aujourd’hui une société de conseil en communication. Il appréhende donc parfaitement les pièges, les logiques et les mécanismes de la communication politique.

Il expose clairement ce que chacun pense mais que la classe politique a oublié : une trop grande exposition médiatique conduit immanquablement à la faute. Le diagnostic est simple mais difficilement contestable :

« à l’image d’une course aux armements, beaucoup de ceux qui gravitent dans ces sphères se sont, en effet, lancés dans la surenchère médiatique. Faire du média, voilà l’artillerie lourde ».

Les écueils d’un tel choix sont nombreux mais il convient simplement de souligner, comme le fait l’auteur de l’ouvrage, les principaux :

- Le premier, c’est qu’il ne faut jamais supposer que l’on va maîtriser le résultat de cette hyper-communication. D’abord parce que l’opinion publique « reste un concept flou » qui mêle jugements individuels et « doxa collective ». En fait, cette opinion publique évolue en permanence et s’affirme le « produit de l’interaction perpétuelle et réciproque entre la population et le système médiatique ».

- Le deuxième, c’est qu’en multipliant les interventions dans les médias, on finit par accroître mécaniquement les occasions de déraper.

- Le troisième, c’est la répétition : la prise de distance et la réflexion sereine, patiente, peut seule autoriser l’approfondissement et l’innovation, dans la pensée comme dans l’action et la communication. Ne pas respecter cette loi d’airain, c’est se condamner, tôt ou tard (le plus souvent assez vite) à radoter et à lasser.

- Le quatrième et dernier consiste à faire mourir le « désir ». Plus une parole semble rare, plus elle porte de valeur. Parler rarement, c’est donner du poids à son discours, à ses idées. François Mitterrand, virtuose de cet exercice, peut toujours nous servir d’exemple. Lequel ne fit que continuer la mise en œuvre d’un élémentaire principe de philosophie gaullienne.

Mésestimer tout cela, conduit, comme le souligne avec raison Bastien Millot, au lipdub désarmant des Jeunes populaires… 

Au bout du compte, l’auteur de ce livre vise à passer un message simple mais fort, totalement oublié par beaucoup de leaders, publics ou privés, à la surface de la planète : la forme ne comble pas l’absence de fond ; il faut un message politique dense, construit, pour bâtir une communication efficace.

On trouvera donc dans ces pages un appel important à la responsabilité qui tranche très agréablement avec beaucoup de textes insipides sur la « com’ » et ses recettes miracles. Du même coup, il donne un élément de réflexion supplémentaire à nos élites pour les inciter à ne pas élargir, via l’hypercommunication, un fossé déjà préoccupant entre le peuple et ses élites.

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