Huit milliards d’habitants sur la planète et une fois de plus, tout le monde crie à la catastrophe, alors qu’il n’en sera rien<!-- --> | Atlantico.fr
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Des mères promènent leurs enfants dans un parc.
Des mères promènent leurs enfants dans un parc.
©SAEED KHAN / AFP

Atlantico Business

L’ONU a officialisé le chiffre de 8 milliards d’êtres humains sur la planète, ajoutant qu’en dix ans, on avait augmenté de 1 milliard de plus. Du coup, tous les déprimés honnêtes et les marchands de la peur malhonnêtes sont sortis du bois pour crier à la catastrophe.

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre a été en charge de l'information économique sur TF1 et LCI jusqu'en 2010 puis sur i>TÉLÉ.

Aujourd'hui éditorialiste sur Atlantico.fr, il présente également une émission sur la chaîne BFM Business.

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« Malthus revient! Ils nont rien compris à ce que tu as voulu expliquer… »

Ce monde est devenu fou, comme le chante Mary Poppins. Ce monde est débile parce quune majorité de ses locataires croit que nous allons mourir écrasés par le nombre d’êtres humains et le manque de produits nécessaires à la vie.

Ce monde est devenu sourd, comme le dit Francis Cabrel parce que la prédiction noire est dautant plus crédible quelle réunit ceux qui sincèrement considèrent que nous allons perdre notre mode de vie, fondé sur la croissance et tous ceux qui militent au nom de l’écologie, cest-à-dire au nom de la protection de la planète pour une réduction de notre croissance et par conséquent, par un appauvrissement de notre mode de vie.

Ce monde est débile, comme le disait Bob Dylan, parce que le niveau d’éducation a beau s’élever, le nombre d’être vivants qui ne croient, ni aux chiffres, ni aux faits, ne cesse de saccroitre à lombre du mur des réalités. Ils croient se mettre à labri de cette réalité mortifère par des moyens dasphyxie. Le chanteur des Trente glorieuses a même eu le prix Nobel de littérature mais ça na rien changé

Comme sur Netflix, lactualité enchaine les saisons qui se ressemblent mais qui alimentent laddiction à la peur. Et il faut reconnaitre que depuis le passage à lan 2000, les responsables politiques et les médias ne manquent pas dimagination.

En lan 2000, on devait être condamné à un bugg mondial qui allait paralyser et détruire tous les systèmes.

Les attentats de septembre 20– nous ont montrés que la menace de lislam radical était autrement plus dangereuse et violente et qu’il a fallu que le monde se défende sérieusement à ce moment. Le monde civilisé ne sest pas encore débarrasse du mal.

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La crise financière de 2009 devait mettre le monde entier en faillite et nous conduire à une crise mondiale aux conséquences aussi puissantes que la crise de 1929.

La crise du covid nen parle pas, elle allait détruire lhumanité et les systèmes économiques. Passons. 

La guerre en Ukraine fait peur, à juste titre, mais en dehors de Vladimir Poutine et de ses acolytes, le monde entier souhaite aujourd’hui que cette guerre sarrête. On nest plus dans les années 1930 qui avaient permis l’émergence du nazisme. On est en 2022 et le monde entier a besoin dun commerce mondial équilibré, parce que le monde entier est au courant de toutes les exactions. Aucun dictateur dans le monde et dans lhistoire a survécu à une vague inflationniste et aux réseaux qui finissent toujours par véhiculer les flux dinformations de la réalité. On ne peut pas mentir impunément.  De Jules César à Adolf Hitler en passant par Napoléon premier ou dautres. Donc, la guerre en Ukraine finira par trouver le chemin de la paix. En attendant quels dégâts, quelles douleurs, que de vies perdues.  Mais ça sarrêtera évidemment. 

Alors aujourdhui, le monde entier a découvert que nous étions 8 milliards d’êtres humains, donc que si la population continue de croitre à ce rythme, la vie ne sera plus possible à la fin du siècle puisque nous pourrions être 12 ou 15 milliards dhumains. 

Les marchands de la peur et de la catastrophe naturelle ont donc, cette semaine, changé leurs vitrines et sont partis dans des développement abracadabrantesques. Ces huit, neuf ou douze milliards d’êtres humains ne trouveront plus à manger et auront épuisé toutes les ressources naturelles que la Terre recèle dans ses entrailles. Plus de pétrole, plus de gaz, plus de nickel, plus de métaux rares, plus de. Plus rien. Les plus désespérés prédisent même une rupture doxygène provoqué par lexcès de CO2.

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Alors catastrophique oui, mais ce qu’il lest surtout, ce sont des groupes dinfluence et des courants politiques qui utilisent ces prévisions pour régner sur les esprits et plus. Si on ne les arrête pas.

La réalité sera évidemment différente. Si on lit les conclusions de la division démographie de lONU, les commentaires sont très nuancés, très prudents et ils rejoignent beaucoup d’études réalisées par des fonds de recherche et dinvestissement qui ont intérêt à voir des prévisions sérieuses et sereines. Linstitut Montaigne en a même fait une analyse très pédagogique pour essayer de désamorcer le climat anxiogène. 

1er point. Il semble que le chiffre de 8 milliards (qui est fort) ne sinscrive pas dans une tendance haussière mais soit déjà dans une tendance baissière. Les projections réalisées dans les établissements financiers notamment, qui ont besoin dune visibilité à très long terme, expliquent que le pic de la population pourrait apparait dès le milieu de ce siècle. Donc, avec 8 ou 9 milliards dindividus, on approche de loptimum et dans ce cas, le modèle que nous vivons ne changera pas de façon spectaculaire.

2e point, nous savons bien qu’il existe naturellement des forces de rappel. La pandémie, par exemple, a fait à ce jour près de 28 millions de morts dans le monde. Mais essentiellement dans des régions et des États qui navaient ni moyens de santé et a fortiori, pas de vaccin. Ces dégâts humains vont dans les pays touchés abimer toute une génération. La guerre en Ukraine va aussi décimer des générations de jeunes donc des capacités de reproduction.  En Russie notamment dont le taux de fécondité est déjà inférieur à 1. La démographie ne cesse de baisser.  

Et dans beaucoup dautres pays, des populations entiers retardent l’âge davoir des enfants (ce qui diminue la fécondité) et pour beaucoup, refusent davoir des enfants. Doù la baisse probable de la natalité.

Si la natalité baisse globalement, les populations vont vieillir. Mais ce qui est intéressant à analyser, cest que l’espérance de vie qui a fait des bonds de géant depuis un siècle, a tendance à se réduire (deux ans de moins à vivre depuis 2020). 

3e point, et cest évidemment le facteur le plus important, cest que l’Histoire nous a montré que, face une crise, la population réagit et corrige le phénomène ou sy adapte. Il ny a pas dans lhistoire humaine, des cas de suicides collectifs pour toute une population. Il existe une résilience qui ne soupçonne pas et surtout une intelligence collective très fertile. Lhomme et la femme sont des êtres capables dinvention et dinnovation. La nature humaine a beaucoup de moteur mais le plus performant, cest encore linnovation. Cest linnovation qui a rendu la vie sur terre vivable et agréable. Cest le manque dinnovation et limpossible accès à ces innovations qui rend la vie invivable dans certains pays ou régions. Parce que les phénomènes dont on parle sont inégalement impactants.   Le drame de la démographie (si drame il y a), cest que les effets ne touchent pas tous les hommes de la même façon et de la même gravité. Mais là, on entre sur le terrain de la politique, les forces politiques ne sont pas dotées dintelligence collective, elles sont activées par loptimisation des intérêts individuels. La politique a pour rôle, depuis la Grèce antique, de faire en sorte que cette politique débouche sur des résultats acceptables par le plus grand nombre. SI on lisait encore Machiavel au lycée on y apprendrait que cest le premier des conseils. 

4e point, certains politiques ont compris qu’ils avaient intérêt pour exister comme politique à alimenter la peur. Les extrémistes de droite comme de gauche, ont intérêt à semer langoisse parce qu’un peuple angoissé est plus facilement gouvernable, surtout si on lui fait la promesse de le protéger. La promesse nengage que ceux qui les entendent.

Les courants écologistes ont compris qu’à très court terme, la peur pouvait leur servir de carburant donc ils en rajoutent jusqu’à nier les réalités et tordre les faits et les chiffres. Puisque la planète est en danger, et que la cause en est principalement lactivité humaine, il faut cesser de faire des enfants et réduire lactivité humaine. Faire moins de croissance. Les courants les plus radicaux trouveront là une niche électorale, mais heureusement la majorité des humains qui militent pour une écologie responsable le font en général avec les outils de la modernité.

Quand on entend Greta Thunberg reconnaitre que la seule solution dans lavenir pour préserver notre potentiel de progrès était de passer au nucléaire, on a le droit de se dire que la crise ou la catastrophe annoncée peut rendre intelligent. Tout est possible. Y compris de relire Malthus avec un peu de bon sens.

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